SociétéGenèse, déroulement et suites attendues de la profanation du cimetière juif de Sarre-Union

Genèse, déroulement et suites attendues de la profanation du cimetière juif de Sarre-Union

SociétéLes cinq mineurs ont reconnu des gestes nazis et ont tenu des propos antisémites lors de la profanation du cimetière juif de Sarre-Union...
Floréal Hernandez

Floréal Hernandez

La profanation de 250 tombes dans le cimetière juif de Sarre-Union en Alsace a créé un choc. Quelques semaines après l'attentat antisémite de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, les questions autour de la personnalité et le profil des auteurs du saccage étaient nombreuses. Jusqu'à l'arrestation de cinq adolescents de la région jusqu'alors sans histoires. Retour sur la genèse, le déroulement et les suites attendues de cet acte qu'on sait désormais antisémite.

Qu'ont admis les cinq mineurs?
Tous ont reconnu leur participation à la profanation des 250 tombes du cimetière juif de Sarre-Union. Certains admettent qu'ils savaient dès le début d'un cimetière juif, pour d'autres qu'ils l'ont constaté très rapidement en raison des symboles qui figuraient sur les stèles. Les cinq garçons reconnaissent également avoir fait des saluts nazis, des crachats sur des symboles comme l'étoile de David, des paroles comme «Heil Hitler», «Sieg Heil» ou encore «Sale juif», «Sale race». Certains d'entre eux ont uriné sur les tombes. Le procureur de la République indique: «Ils ne se sont pas sentis antisémites, n'ont pas voulu l'être. Cependant, ils admettent des comportements qui nous font penser qu'un fond d'antisémitisme a été à l'œuvre dans leur action.»

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Y a-t-il un meneur?
Oui. «Il y a un des garçons qui semble avoir eu de l'emprise sur les quatre autres. Ce garçon exerçait une autorité, il avait une aura vis-à-vis de ces camarades», explique le procureur Philippe Vannier. Les cinq garçons se connaissaient mais il n'existait pas de lien d'amitié entre tous

Les ados ont-ils des antécédents?
Non. Selon le procureur, «ce sont des ados qui n'ont pas d'antécédent en matière pénale, pas de fait de violence.» Chez aucun d'entre eux, la gendarmerie n'a trouvé d'objet à caractère néonazi. Leurs ordinateurs ont été saisis et sont en cours d'analyse.



Les cinq lycéens ont-ils des regrets?
Oui. «Ils sont très marqués par les heures de garde à vue, par le retentissement de l'affaire. Au moins chez certains, ils ont conscience des faits, de leur gravité et surtout de la violence pour les familles qui avaient là leurs tombes. Certains ont pleuré», souligne Philippe Vannier. Les parents de certains enfants ont manifesté en présence des gendarmes une réprobation très grande des agissements.

Comment se sont passées les gardes à vue?
«Elles se sont bien déroulées, dans le calme, avec des jeunes plutôt coopératifs», détaille le général Thierry Thomas, commandant de gendarmerie région Alsace.

Qu'a requis le procureur de la République de Saverne?
Philippe Vannier a demandé l'ouverture d'une information judiciaire à l'issue des gardes à vue. Cette instruction est confiée au juge d'instruction et porte sur les délits de profanation et violation de sépultures ou de monuments dédiés aux morts en raison de la religion des défunts et dégradation volontaire de biens destinés à l'utilité publique commise en réunion. Le procureur a sollicité la mise en examen des cinq adolescents et leur placement sous contrôle judiciaire avec notamment interdiction de se rendre à Sarre-Union, interdiction de se rencontrer et obligation de se soumettre à un placement dans un centre éducatif et pour deux d'entre eux dans un centre d'éducation fermé. Par ailleurs, il a proposé au juge dans le courant de son instruction de leur proposer d'effectuer une mesure de réparation en participant à la remise en état du cimetière.
MAJ: Mercredi soir, «quatre des mis en examen ont été astreints à une obligation de se soumettre à une mesure de placement en centre éducatif (dont un placement en centre éducatif fermé). Le cinquième mineur a été confié à un tiers digne de confiance», a indiqué le parquet de Saverne.

Que risquent-ils?
Sept ans de prison. Mais comme ce sont des mineurs, «la loi prévoit pour eux une excuse atténuante de minorité qui peut trouver à s'appliquer ou non par le tribunal», rappelle le procureur. Ce qui peut réduire les peines encourues de moitié.