EDUCATIONStrasbourg: Les profs jouent la carte du bridge

Strasbourg: Les profs jouent la carte du bridge

EDUCATIONLe bridge, une nouvelle méthode pour sensibiliser les élèves aux mathématiques...
Gilles Varela

Gilles Varela

Ils tapent le carton. Une vingtaine de professeurs jouent au bridge et ça ne plaisante pas. Ils jouent aux cartes au lieu d'être en classe mais il ne faut pas s'y méprendre. Ils travaillent. En effet, depuis 2012, la fédération française de bridge a signé une convention avec l'éducation nationale et organise des formations pour les professeurs qui pourront ensuite l'utiliser ensuite comme support à l'enseignement des mathématiques.

Et si l'idée peut prêter à sourire, quelques explications sur les qualités que requiert ce jeu presque deux fois centenaire permettent aisément de comprendre l'intérêt qu'il peut y avoir à le pratiquer en classe.

Une école de la vie

«Non seulement les professeurs qui ont suivi cette formation ont noté des améliorations notables chez certains de leurs élèves, notamment en calcul mental, dans leur capacité à se concentrer, mais aussi pour permettre de développer des mécanismes de pensées, des statistiques et des probabilités, explique Gérard Silbertstein, président du comité d'Alsace de bridge...C'est le seul jeu de cartes où l'on doit avoir obligatoirement un partenaire. Ce qui implique des échanges, de définir une stratégie commune, mais aussi d'endosser les erreurs de l'autre. Il existe une certaine empathie avec son partenaire qui n'existe pas dans d'autres jeux, une école de la vie en soi».

Strasbourg le 5 février 2015. Enseignement du bridge aux professeurs de mathématiques par la FFB - G. Varela \ 20 Minutes

Les enseignements du bridge

Autre atout du bridge, la concentration. Elle est permanente car il faut récolter les informations de son partenaire mais aussi celles des adversaires. Autre enseignement du bridge, l'esprit de logique, qu'il permet de développer. Mémorisation, initiative, autonomie, autant d'éléments qui ont décidé plusieurs professeurs, principalement de mathématiques, mais aussi de physiques, et parfois même de français.

Une façon ludique d'enseigner les mathématiques

«Nous faisons deux sessions chaque année pour une vingtaine de professeurs. Et la majorité d'entre eux ne savent pas y jouer», explique Guy Berenger, vice président. C'est le cas de Galina Sarwari, professeur de Russe au lycée international des Pontonniers à Strasbourg. Novice, elle ne se sent pas prête après deux sessions à enseigner le bridge, «mais la rigueur, la discipline et la logique de réflexion nécessaire sont facilement transposables à l'apprentissage de la langue Russe», assure-t-elle. Une formation bénéfique également pour Fabien Guenego, professeur de mathématiques au lycée Jean Monnet. «Je sais déjà jouer au bridge. Mais l'intérêt pour moi c'est d'avoir un cadre, une formation pour savoir comment l'utiliser avec les élèves. C'est une façon ludique d'enseigner les mathématiques, même si je pense qu'avec une classe de trente élèves cela va être difficile, voire impossible. Je vais utiliser les applications autour du bridge, sans obligatoirement les faires jouer.»

Bientôt à la fac

Fort de son succès, la fédération régionale d'Alsace vient de signer une convention avec l'Université de Strasbourg. Les étudiants pourront dès la rentrée, choisir le bridge en matière optionnelle et ainsi collecter quelques points supplémentaires... Une bonne stratégie en somme.