SANTEAlsace: La collation matinale n'a plus sa place dans les classes des écoles alsaciennes

Alsace: La collation matinale n'a plus sa place dans les classes des écoles alsaciennes

SANTETradition bien ancrée en Alsace, la collation matinale est dans le viseur de l'agence régionale de santé et l'académie de Strasbourg...
Floréal Hernandez

Floréal Hernandez

La collation matinale collée hors des écoles alsaciennes. Ce n'est pas encore fait car c'est une tradition bien ancrée dans la région mais l'agence régionale de santé (ARS) et l'académie de Strasbourg ont bien l'intention de la mettre au coin. «Elle est à remettre en cause car elle est néfaste pour la santé», indique Marie Fontanel, directrice générale adjointe de l'ARS Alsace.

Risque de favoriser le grignotage

Si la collation matinale, instaurée dans les années 1950, se justifiait alors dans la lutte contre les carences et la malnutrition des enfants, ce n'est plus le cas aujourd'hui. «Moins de 10% des enfants ne prennent pas de petit-déjeuner», souligne Marie Fontanel. De bénéfique, la collation est devenue dommageable. «Elle peut être à l'origine d'un excès calorique, elle risque de déstructurer les rythmes alimentaires et de favoriser le grignotage», détaille la directrice générale adjointe de l'ARS Alsace.

Le sujet est sensible en Alsace quand on sait que près de 14% des enfants âgés de 5 à 6 ans sont en situation de surpoids ou d'obésité. L'arrêt de la collation matinale l'est tout autant: «C'est un sujet qui touche à la culture, la famille, l'individu mais aussi à des enjeux économiques, souligne Sabine Karst, responsable du pôle Prévention, promotion de la santé et accès aux soins de l'ARS Alsace. Des viennoiseries, des gâteaux sont vendues dans les écoles pour financer des sorties, des voyages.» Les écoles sont aussi un marché pour les agriculteurs pour écouler la production de lait.

«On fait rarement évoluer les pratiques par décret»

A ceux qui rétorquent que les enfants ont un «coup de barre» en milieu de matinée, l'ARS Alsace répond que c'est un moment de fatigue, qu'une pause s'impose, qu'un tour dehors pour s'oxygéner met à mal ce coup de mou mais qu'en aucun cas, il est dû à une hypoglycémie.

Pour mettre la collation matinale hors de l'école, l'agence régionale de santé et l'académie de Strasbourg lancent dès maintenant un plan de communication à l'intention des professionnels de santé et des élus puis en septembre en milieu scolaire avec notamment un module de formation. Pourquoi ne pas arrêter une fois pour toutes cet en-cas? «Ça a été tenté dans le Haut-Rhin. Ça a été inefficace, ça a engendré une bronca, un refus. On fait rarement évoluer les pratiques par décret, sourit Marie Fontanel. C'est pourquoi on privilégie la pédagogie.»