Strasbourg: Prison avec sursis pour les deux pharmaciens dans l'affaire de la maladie de Lyme
JUSTICE•Deux partisans de méthodes alternatives de détection et de traitement de la maladie de Lyme condamnés ce jeudi à Strasbourg...G.V. avec AFP
Deux partisans de méthodes alternatives de détection et de traitement de la maladie de Lyme, qui se présentent comme des «lanceurs d'alerte» face à une épidémie sous-estimée selon eux, ont été condamnés ce jeudi à neuf mois de prison avec sursis pour escroquerie à l'assurance maladie et exercice illégal de la pharmacie.
Un protocole de dépistage de la maladie non homologué
Viviane Schaller, 66 ans, docteur en pharmacie et ancienne gérante d'un laboratoire d'analyses biologiques strasbourgeois, a été reconnue coupable d'avoir appliqué pendant des années un protocole de dépistage de la maladie non homologué par les autorités sanitaires. Elle a ainsi annoncé à des milliers de patients, dans toute la France, qu'ils étaient bel et bien porteurs de cette affection pouvant provoquer des troubles invalidants et douloureux, notamment neurologiques, articulaires et musculaires, et ce alors que les tests «officiels» affirmaient le contraire.
Des tests pratiqués hors cadre réglementaire
Elle a été condamnée par le tribunal correctionnel à rembourser 280.820 euros à la Caisse primaire d'assurance maladie, somme qui correspond aux remboursements octroyés par la caisse pour ces milliers de tests pratiqués hors cadre réglementaire.
L'autre prévenu, Bernard Christophe, 65 ans (également diplômé en pharmacie, mais non inscrit à l'ordre des pharmaciens), a été condamné pour avoir fabriqué et commercialisé hors du cadre réglementaire un remède à base d'huiles essentielles contre la maladie de Lyme, baptisé «Tic Tox». Il devra verser 10.000 euros de dommages et intérêts à l'ordre des pharmaciens.
Il a en revanche été relaxé de complicité d'escroquerie à l'assurance maladie. De même, Viviane Schaller a été relaxée de complicité d'exercice illégal de la pharmacie.
Les deux prévenus vont faire appel de ces condamnations. Lors de l'audience, le 23 septembre, de nombreux malades étaient venus soutenir les deux prévenus, ainsi que plusieurs médecins. «Il y a en France une sous-estimation dramatique de cette maladie», avait soutenu devant le tribunal le Pr Christian Perronne, spécialiste des maladies infectieuses à l'hôpital universitaire Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine) et membre du Haut conseil de la santé publique.