SCIENCESStrasbourg: Une étude menée par des Strasbourgeois encourage l'usage d'un poussin en peluche pour approcher les manchots

Strasbourg: Une étude menée par des Strasbourgeois encourage l'usage d'un poussin en peluche pour approcher les manchots

SCIENCESDes Strasbourgeois et d'autres membres de l'Institut pluridisciplinaire Hubert Curien viennent de démontrer l'intérêt de petits véhicules télécommandés pour étudier les colonies de manchots...
Alexia Ighirri

A.I. avec AFP

Un poussin en peluche monté sur quatre roues au milieu d'une colonie de manchots: non, ce n'est pas un jouet téléguidé égaré sur la banquise, mais un outil scientifique télécommandé pour étudier ces animaux menacés sans les stresser inutilement. Son intérêt vient d'être démontré par des chercheurs de l'Institut pluridisciplinaire Hubert Curien (CNRS/Université de Strasbourg) et du Centre scientifique de Monaco.

L'étude a été menée par Yvon Le Maho. Il y a pile deux ans, ce spécialiste avait, avec son collègue André Ancel, découvert deux nouvelles colonies de manchots empereurs en Antarctique, une espèce menacée, soit 6.000 poussins.

Mieux connaître l'impact du changement climatique

Selon Yvon Le Maho, les manchots sont de bons indicateurs de l'état de santé des ressources marines de l'océan Austral. Etudier leur reproduction et leur survie permet de mieux connaître l'impact du changement climatique sur la biodiversité. Mais il faut pour cela les marquer individuellement.

Or, l'anatomie particulière des pattes des manchots ne permet pas leur baguage. Les scientifiques avaient alors opté pour une bague insérée dans un aileron, qui avait l'avantage de permettre la lecture à distance. Mais en 2011, une étude déjà conduite par Yvon le Maho a montré que ce système gênait les manchots dans leurs déplacements dans l'eau. Avec des conséquences importantes sur leur survie et leur succès reproducteur.

Le choix du véhicule téléguidé

Les scientifiques ont trouvé une alternative: un transpondeur introduit sous la peau, «une "étiquette" électronique de moins d'un gramme», explique Yvon Le Maho. Pas de gêne pour l'animal avec ce système, mais une limitation technique: la très petite portée du signal émis par radiofréquence, autour de 60 cm... d'où l'idée du véhicule téléguidé.

Les chercheurs l'ont «camouflé» en posant dessus un faux poussin manchot. L'engin peut alors s'approcher sans effrayer les oiseaux. Ils ont même essayé «de communiquer avec lui par des vocalisations».

Ces travaux, dont les résultats ont été publiés dimanche dans la revue Nature Methods, ont été menés avec le soutien de l'Institut polaire Paul-Emile Victor, de la Fondation d'entreprise Total et de l'Agence nationale de la recherche.