S'évader de la prison en courant

S'évader de la prison en courant

Les détenus ont enchaîné les épreuves sportives toute la matinée d'hier, épaulés par 25 athlètes amateurs de l'association sport-loisirs de la Robertsau
©2006 20 minutes

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A petites foulées, trente-huit détenus s'échauffent sur le terrain de sport de la maison d'arrêt de l'Elsau. Sous les filins anti-évasion, l'herbe est famélique et la terre ocre de la piste glissante. Les détenus ont enchaîné les épreuves sportives toute la matinée d'hier, épaulés par 25 athlètes amateurs de l'association sport-loisirs de la Robertsau (ASL). C'est la quatrième manifestation de ce type qu'elle organise en milieu carcéral.

Les courses, d'une distance de 100 à 3 000 mètres, sont suivies attentivement, depuis les fenêtres grillagées qui surplombent le terrain. Alors que des détenus chambrent, l'un des coureurs d'un jour lance « Je suis une gazelle ». Aux quolibets succèdent les cris d'encouragement. Visages en sueur, muscles qui se dérouillent, on ne distingue plus les détenus des athlètes. « Momo », l'un des trois profs de sport de l'établissement, encourage un grand gaillard à s'inscrire. Il termine premier. « Il fallait que je prouve que je suis un vrai ! », clame-t-il en reprenant son souffle. Sur le podium improvisé sur des marches de béton, les trois plus rapides coureurs du 100 mètres – « ils sont de la même cellule » s'exclame un détenu – brandissent leur coupe et l'embrassent en riant. Ils récupéreront le trophée à leur sortie de prison. Il est déjà midi. L'euphorie retombe. « Ca fait plaisir de voir des gens du dehors. Mais une fois en cellule, on se sent oubliés par tout le monde », regrette un jeune homme.

Jeanne Mahé

«On peut se droguer et s'évader autrement. » Tel était le slogan de la course organisée hier à l'initiative de Fernand Kolbeck, membre de l'ASL et sélectionné à deux reprises pour courir le marathon olympique.