Euro de volley : Avec Stephen Boyer, l’équipe de France est plutôt bien servie
VOLLEY•Les Bleus affrontent la Serbie, ce vendredi (21 heures), à Paris, en demi-finale de l’Euro. Le pointu Stephen Boyer, magistral en quart de finale, fera encore figure d’atout pour les hommes de Laurent TillieDavid Phelippeau
L'essentiel
- L'équipe de France de volley joue sa demi-finale de l'Euro à Bercy ce vendredi soir (21 heures).
- Dans les rangs des Bleus, le pointu Stephen Boyer, étincelant mardi soir contre l'Italie.
- Retour sur le parcours de ce Réunionnais (23 ans), qui évolue à Vérone en Italie.
«Il préfère ne pas trop se mettre en valeur, il est comme ça… » Jonas Aguenier connaît par cœur son ami Stephen Boyer. Le central de l’équipe de France, actuellement à la recherche d’un club, n’a pas été surpris lorsqu’on lui a raconté l’attitude face aux journalistes de celui qui a éclaboussé de son talent le quart de finale (3-0) entre la France et l’Italie à Nantes, mardi.
« Qu’est ce qu'il t’est arrivé ce soir ? », a lancé un confrère à Boyer après son récital. « Qu’est-ce qu'il nous est arrivé ? Ce n’est pas que moi. Nous avons été portés par la salle… » « Mais, vous aviez déjà inscrit cinq aces d’affilée ? », relance un journaliste. « Non, c’est la chance… C’est beaucoup de travail et un peu de réussite. Il en faut aussi. Je suis content de la victoire finale. » L’interview a duré quatre minutes et malgré l’insistance des médias, le pointu de 23 ans n’a voulu rien ramener à lui. Il venait pourtant de passer neuf aces aux Italiens et de faire un 15 sur 34 en attaque. Des statistiques ébouriffantes. Le discours de ses partenaires oscillait entre le « je n’ai jamais vu ça » et le « Stephen a été intouchable ».
« Ce qu’il a fait mardi, ça n’arrive pas tous les jours, estime le libéro parisien Julien Lavagne, qui l’a fréquenté pendant un an à Ajaccio (2014-2015). C’est un truc de fou. Il a réalisé une prestation exceptionnelle. Il est en train de devenir grand, mais il doit gagner en régularité… » Le manque de constance, c’est ce que pointent souvent certains observateurs chez l'attaquant de Vérone (Italie). Surtout au service. Des critiques l’avaient visé après l’Euro 2017 et le Mondial 2018. Certains lui reprochent aussi de « trop profiter de la vie ».
Des qualités physiques hors-normes
Mardi, à Nantes, Boyer a remis quelques pendules à l’heure. « Pour moi, il est passé de bon joueur à joueur qui fait gagner son équipe. » Jonas Aguenier, qui loge chez Boyer en ce moment à Vérone en Italie, sait de quoi il parle. « Je n’oublierai jamais son premier match de Ligue des champions en Pologne avec Chaumont, il avait mis un nombre de points incroyable ! » Ceux qui l’ont côtoyé ont toujours été étonnés par ses qualités physiques hors-normes (1,96 m). « Il tape fort et va très haut », résume Lavagne.
A 16 ans, c’était déjà le cas. Stephen Boyer vient de quitter sa Réunion natale pour rallier la Métropole. Il joue le week-end avec Mérignac en Gironde. « Il était surclassé, se rappelle Yann Gastellu, son entraîneur de l’époque. A 16 ans, il jouait avec des moins de 19 ans. Il était ultra-précoce. Très habile. Il avait un sens du jeu déjà installé et un excellent service. » Le technicien garde un souvenir mémorable des deux aces réalisés dans le dernier set en demi-finale des championnats de France contre Saint-Jean-d’Illac.
En souffrance à Ajaccio
La progression de Boyer n’a pourtant pas été linéaire. Après le centre national de volley-ball de Montpellier, son expérience à Ajaccio tourne au vinaigre. « Il ne comprenait pas pourquoi il ne jouait pas, il n’était pas patient, raconte Lavagne, qui faisait office de confident. Quand on perdait et que certains mecs n’avaient pas été performants, ça le gonflait. Il volait déjà à l’époque, mais ça ne suffisait pas. » Direction Chaumont (2015-2018). « Là, je l’ai vu progresser », confie Aguenier. Et la présence du technicien italien Silvano Prandi n’y est pas étrangère. « Il a su le titiller dans le bon sens… », déclare toujours Aguenier. Avec Stephen Boyer, le club de Haute-Marne devient champion de France en 2017.
Un titre qui lui a ouvert les portes de l’équipe de France puis celles en 2018 d’un des meilleurs championnats du monde, l’Italie. « Pour qu’il devienne un top player, il doit être plus régulier, répète Lavagne. Ce n’est pas encore une star comme Earvin [Ngapeth]. Stéphen sait très bien qu’il n’est pas encore arrivé… » Ce qui pourrait expliquer ses réponses teintées de modestie.