L'essentiel
- Souvent euphoriques durant les deux premières semaines de ce Tour de France 2022, Romain Bardet et David Gaudu ont connu une 12e étape délicate jeudi.
- Victime d’un « coup de chaud » dans l’ascension de L’Alpe d’Huez, le leader français du Team DSM dégringole au passage de la 2e à la 4e place au classement du maillot jaune.
- David Gaudu (7e au général) regrette de son côté son « manque de confiance », lié à la dernière étape du dernier Dauphiné, durant laquelle il avait totalement explosé.
De notre envoyé spécial à L’Alpe d’Huez (Isère),
Quand on a vu Romain Bardet franchir la ligne avec le visage extrêmement marqué, jeudi soir à L’Alpe d’Huez, avant de vite s’appuyer contre un véhicule de la course, le regard dans le vide, on l’a un temps imaginé être éjecté du Top 10 du Tour de France 2022. Mais pas du tout, malgré « un coup de chaud » subi au milieu de la terrible ascension iséroise aux 21 virages, le meilleur Français de cette première moitié de Tour n’a concédé que 19 secondes sur les trois favoris, Tadej Pogacar, Jonas Vingegaard et Geraint Thomas, se plaçant à une honnête 11e place.
Un moindre mal tant l’Auvergnat de 31 ans a subitement souffert, comme foudroyé par le bruit assourdissant de l’incontournable virage des Néerlandais. « J’ai senti la chaleur qui m’envahissait et j’ai dû ralentir, explique-t-il après avoir retrouvé ses esprits. J’ai commencé à avoir des frissons et mon pouls tapait dans les tempes. Donc j’ai préféré prendre mon rythme pour ne pas exploser complètement. Ça ne s’est pas joué à grand-chose parce qu’ils ne montaient pas très vite devant. J’aurais peut-être dû me positionner un peu mieux. »
« Il faut savoir faire le dos rond »
Il faut dire qu’à l’image de Tadej Pogacar, Romain Bardet ne peut pas compter sur grand monde, au sein de son Team DSM, pour préserver ses chances au général. Son coéquipier le plus performant jeudi, l’Australien Christopher Hamilton, s’est classé 40e à 15 minutes du vainqueur d’étape Thomas Pidcock. « C’est aussi ça le Tour de France : les journées où on est moins bien, il faut savoir faire le dos rond », note Romain Bardet. Brillant la veille lors de l’épique étape Albertville-col du Granon, celui-ci a délivré un véritable tableau noir à ce niveau.
Mais au vu des faibles écarts en tête du classement général, l’ancien coureur AG2R a lâché dans l’opération sa deuxième place pour se retrouver au pied du podium, au profit de Tadej Pogacar et Geraint Thomas. Comme il semblait écrit que ce 14 juillet ne sourirait pas aux Français, à l’image d’un Thibaut Pinot dans le dur (20e à 7'29''), et surtout d’un Warren Barguil (103e à 28'58'') blessé à la hanche et à l’épaule après une lourde chute dans la descente du col de la Croix de Fer, David Gaudu avait lui aussi la tête des mauvais jours.
Les « bonnes sensations » de David Gaudu en troisième semaine
« C’était dur avec cette chaleur, raconte le coureur Groupama-FDJ, 13e à 54 secondes de Jonas Vingegaard à l’arrivée de cette 12e étape. Mais putain, ça fait chier, je n’ai pas confiance en moi et j’ai peur d’exploser. Donc je monte à mon rythme alors que je peux peut-être les accrocher devant. Je suis déçu car j’ai ce manque de confiance en moi depuis la dernière étape du Dauphiné où j’avais explosé. » Le 12 juin, David Gaudu avait en effet subi un éclat terrible dès le début de la montée du plateau de Solaison (Haute-Savoie), alors qu’il visait une place sur le podium de l’épreuve. Ce jour-là, il avait fini à 7'27'' d'un certain Jonas Vingegaard. Un an plus tôt, dans le Mont Ventoux, il avait déjà vécu pareille mésaventure sur le Tour de France.
Notre dossier sur le Tour de France 2022
Ce vendredi, au départ du Bourg-d’Oisans, le Breton sera toujours 7e au général, certes désormais un peu largué par les membres du podium, mais avec une sérieuse marge sur le 8e (Thomas Pidcock est à 3'32'' de lui). A lui de prouver qu’à 25 ans, ce costume de leader d’équipe n’est pas trop grand. « On a raté le coche ce jeudi mais on n’est qu’à la 12e étape, positive David Gaudu. Et puis généralement, j’ai des bonnes sensations en troisième semaine donc on ne va pas céder à la panique. La confiance va revenir toute seule. » Mea culpa, amis tricolores, notre sujet 14-Juillet à 20 Minutes a eu raison de votre belle dynamique.