Roland-Garros : « Au lit à 6 ou 7h »… Les night sessions, cauchemar ultime des joueurs ?
INSOMNIE•Après la qualification de Novak Djokovic au bout de la nuit à Roland-Garros, nombreux sont les joueuses et joueurs qui ont été invités à réagir. Le verdict est clair : personne n’aime jouer la nuitWilliam Pereira
A Roland-Garros,
On aurait bien aimé être une petite souris pour savoir à quelle heure Amélie Mauresmo a commencé à paniquer, samedi soir. Probablement autour de 21h30, quand Grigor Dimitrov a manqué d’expédier son match contre Zizou Bergs en trois manches pour s’embarquer dans un quatrième set sur le court Philippe Chatrier, où le match avait été reprogrammé avant la night session à cause de la pluie. Le Bulgare, empêché de jouer sur les annexes par le déluge, avait déjà un jour de retard sur sa programmation, il fallait donc impérativement qu’il termine au plus vite. Il a bien terminé. Pour le « au plus vite » en revanche, on repassera.
Conséquence de ce bazar, Novak Djokovic et Lorenzo Musetti sont entrés sur le court à 22h25. Leur joute mémorable démarrera une dizaine de minutes plus tard, à moins d’une demi-heure de la limite fatidique des 23 heures au-delà de laquelle on ne peut plus lancer de match, tout Roland-Garros qu’on est. Ils n’en sortiront pas avant 3 heures du mat'.
« La session de soirée, un moment particulier pour le public »
Quelle autre option restait-il à l’orga ? Pas grand-chose. Décaler le match sur le court Simmone Mathieu dès lors que la pluie s’était arrêtée ? Doublement impossible : Holger Rune occupait les lieux. Et quand bien même il était libre, quid des spectateurs ? « C’est une question complexe, reconnaissait Coco Gauff, interrogée dimanche après sa victoire expéditive. Les gens viennent parce qu’ils paient leur ticket. » « Pour le public, c’est différent, c’est un moment particulier », abonde Carlos Alcaraz.
Si ça ne tenait qu’à eux, les joueurs se passeraient volontiers de night session. Iga Swiatek demande systématiquement à ne pas jouer le soir, un risque contre lequel elle se prémunit à mesure qu’elle désosse ses adversaires en moins d’une heure, comme ce fut le cas ce matin contre la pauvre Potapova. « J’aime bien dormir, et me lever tôt le matin », se contente de justifier la reine des lieux. Carlos Alcaraz n’en pense pas moins, et ajoute un supplément bouffe, le sourire aux lèvres.
« « Ce qu’il y a de mieux, c’est de terminer à 18 heures, ensuite, aller dans un bon restaurant, de la bonne nourriture, passer au dîner, et puis là, tout va bien ! Quand on termine assez tôt, c’est ce qui se passe. » »
Quand on termine tard, c’est une autre histoire. Alcaraz enchaîne : « Il y a ensuite la conférence de presse, le kiné, le bain de glace, etc. Beaucoup de choses à faire qui sont des choses importantes pour être ensuite en forme pour les matchs à venir. »
Djokovic s’est probablement couché à « 6 ou 7 heures »
Ce n’était pas une night session mais quoi de mieux pour illustrer la chose qu’un Corentin Moutet fraîchement débarqué en conférence de presse avec son sac de raquettes, 20 Minutes après sa victoire contre Alexander Shevchenko, pour écourter au maximum le processus. « Il faut que j’essaie de faire tout vite pour ne pas me coucher trop tard, expliquait le Français. Le sommeil est la chose la plus importante dans la récupération. »
Novak Djokovic n’a donc pas eu ce luxe. Sa session de soirée aurait commencé comme prévu à 20h30, qu’il ne se serait probablement pas couché avant l’heure à laquelle il a fini de se farcir Musetti, à savoir 3 heures du mat. En commençant un peu plus de deux heures après, on vous laisse faire le calcul… Ou plutôt, on laisse Coco Gauff le faire : « Généralement, on ne va pas au lit au plus tôt avant 5 heures du matin, parfois 6 ou 7 heures du matin. » Le pronostic est le même côté Alcaraz, qui table sur un bon 6 du mat. « Ça veut dire qu’il y a encore 3 heures entre la balle gagnante et le moment où on se couche. C’est difficile, ensuite, d’être prêt quand on va se coucher si tard. » « Et ce n’est pas bon pour la santé », ajoute Gauff.
Plus d'infos sur Roland GarrosPour ce qui est de trouver des solutions, personne n’en a réellement. Iga Swiatek ne fait pas à moitié semblant de n’en avoir rien à secouer, Gauff serait favorable à la solution du déplacement sur un autre court et Carlitos, lui, voit là chose comme une contrainte du métier. « C’est une règle qu’on ne peut pas changer, il faut s’adapter au mieux pour ce genre de match. Mais c’est difficile, ensuite, d’être prêt quand on va se coucher si tard. » Pas de panique pour Novak, son 8e de finale face à Cerundolo, lundi, est prévu en 3e rotation sur le court Philippe Chatrier. De quoi récupérer quelques heures de sommeil en chemin.