TENNISDjokovic, une domination gênante pour le reste du circuit ?

Masters 1.000 de Paris-Bercy : Djokovic, une domination gênante pour le reste du circuit ?

TENNISMême joueur à mi-temps sur le circuit, le Serbe a prouvé à Paris qu’il était encore largement au-dessus la concurrence après une finale à sens unique contre Dimitrov (6-4, 6-3)
Julien Laloye

Julien Laloye

L'essentiel

  • Novak Djokovic est bien le roi de Bercy. Il a remporté le tournoi parisien pour la septième fois, son record dans la catégorie Masters 1000.
  • Un exploit réalisé alors même que le Serbe n’avait pas joué depuis l’US Open et qu’il a débarqué à Paris après quelques jours d’entraînement.

A Bercy,

Petite devinette amusante discutée entre suiveurs dimanche à l’Accor Arena. A combien Novak Djokovic a-t-il eu besoin de placer le curseur de son savoir-faire tennistique pour remporter son septième titre parisien sur indoor ? Réponse la mieux partagée : un petit 60 %, et encore, c’est dire la marge écœurante du bonhomme sur le reste de la plèbe, Carlitos excepté. Passons vite fait sur la finale, l’une des plus barbantes dont on puisse se souvenir, même si on avoue que l’année de Sock-Krajinovic, on avait piscine.

Dimitrov, qui sortait pourtant d’une des plus belles semaines de sa carrière, s’est vite rappelé pourquoi il n’avait battu le Serbe qu’une fois, du temps des Wisigoths. Avec son revers à une main décédé au quatrième jeu, Grigor a parfois ressemblé à Gasquet allant à son exécution contre Nadal, pour comparer avec un autre esthète du genre. 6-4, 6-3 en 1h38, roulez vieillesse. « Disputer une finale contre Novak, c’est l’un des plus grands défis de notre sport, soupirait le Bulgare. Même quand il n’est pas dans la forme de sa vie physiquement, ll parvient toujours à vous rendre la vie inconfortable dans les moments décisifs ».

« Même quand il n’est pas dans la forme de sa vie… »

A 36 ans, dans un circuit réputé ultra-concurrentiel, on peut donc remporter un 40e Masters 1000 entre deux practices de golf pour bosser son backswing. Pas de second degré ici. Djoko, en vacances prolongées depuis sa victoire à l’US Open et un petit crochet en Coupe Davis, expliquait ainsi en quoi avait consisté son quotidien ces dernières semaines en arrivant à Paris : « C’est magnifique vraiment, pour être avec ma famille, surtout avec ma femme et mes enfants. On a utilisé le temps libre pour jouer un peu au golf, regarder d’autres sports. Mon niveau de golf n’est pas encore celui de mon tennis, mais c’était un temps qui a été bien utilisé, on peut dire ».

Qu’est-ce qu’il venu faire dans la ville lumière me direz-vous, alors que les golfeurs savent bien qu’on ne passe jamais assez de temps avec un driver en mains si on veut vraiment progresser ? Mater la finale de rugby au SDF déjà, puis enchaîner par une soirée costumée au Châtelet pour remettre un Ballon d’or. Ah et rejouer un peu au tennis, aussi, à une semaine du Masters de Turin, histoire de boucler une 398e semaine au rang de numéro 1 mondial avant la quille.

Bientôt 400 semaines sur le trône de n°1 mondial

Débarqué sans son coach, sans sa famille, et même sans son agent, puisqu’il vient de virer le binôme qui s’occupait de ses intérêts depuis toujours, Djokovic a tout de même traversé quelques turbulences, notamment une gastro foudroyante avant son 2e tour contre le dénommé Grikspoor, probablement équipier de la Jumbo Visma le reste de l’année. « J’ai eu trois jours très difficiles, pendant lesquels tout ce que je mangeais s’échappait très vite [sourire]. J’essayais de m’hydrater, mais je me sentais très faible évidemment, alors j’ai essayé de puiser l’énergie d’où elle venait ».

Le meilleur joueur du monde a par exemple pu compter sur ses amours chiennes avec le public parisien, fidèle à sa légende cette année encore. Il voulait voir perdre le Serbe ? Alors il fallait éviter de le huer quand il s’est fait débreaker par le dit Grikspoor à 4-4 dans le troisième set mercredi. Djoko, jamais plus fort que lorsqu’il est pris en grippe, a applaudi ironiquement à la Medvedev, avant de marquer les 8 points suivants. Puis il s’est fait une raison le lendemain, quand tout Bercy poussait derrière Rune et le sifflait copieusement au moment de sa pause toilettes traditionnelle.

Notre petit doigt nous dit que le bougre avait d’ailleurs préparé sa remarque perfide lors de la remise du trophée : « Paris est une ville qui a beaucoup de culture tennis, je suis toujours fier de briller ici. Après le soutien… La relation était spéciale mais merci quand même pour cette énergie que vous m’avez donnée cette semaine ». Si son swing s’améliore autant que son français, attention à la Ryder Cup 2025.

Un petit tacle au public parisien

Qu’est-ce qu’on peut vous raconter d’autre ? Qu’avec un ascendant pareil sur ses collègues de boulot – comment Rublev a pu paumer sa demie samedi, on se le demande encore – Djokovic ne voit pas pourquoi il devrait nous faire le plaisir de prendre sa retraite de sitôt. « Qu’est-ce que ça fait aux autres de me voir gagner alors que je ne joue pas souvent ? Je ne sais pas, il faudrait leur demander. J’essaie de faire de mon mieux, comme tout le monde. Les gens attendent que je sois toujours en finale et cette attente c’est quelque chose qui me plaît. Bien sûr, je n’ai pas joué mon meilleur tennis, enfin pas du niveau qui permet de remporter un tournoi aussi relevé normalement, mais c’est le genre de semaines où il faut se battre pour survivre jusqu’au lendemain ».

Trois fois aux portes de la défaite à Bercy, le Djoker se retrouve presque assuré de finir numéro un : il suffira d’une victoire à Turin (12-19 novembre), où la concurrence doit déjà avoir des suées nocturnes à l’idée de croiser l’homme aux 24 Grands Chelems, invaincu depuis la finale de Wimbledon. D’ici dimanche ? « Un peu de temps en famille pour recharger les batteries ». Et un petit 18 trous pour la route quand même ?