TENNISLe sursaut du tennis français passe-t-il par les académies privées ?

All In Academy : Le sursaut du tennis français passe-t-il par les structures privées ?

TENNISLa FFT a annoncé vouloir avancer main dans la main avec les structures privées pour redonner de l'éclat au tennis français
Aymeric Le Gall

Aymeric Le Gall

De notre envoyé spécial à Bercy,

Le secteur privé gambadant main dans la main avec le secteur public sur les chemins de la réussite commune, vous avouerez que ça sonne plus comme une fable d’économiste sur BFM Business que comme une photographie sincère du paysage économique français à l’instant T. Pourtant, c’est peut-être la solution qui va sortir le tennis tricolore du marasme ambiant dans lequel il patauge depuis de trop nombreuses années.

C’est en tout cas ce que semble penser la Fédération française de tennis (FFT​). Lors du Masters 1000 de Paris-Bercy mardi, dans une salle de presse « pimpée » pour l’occasion, son patron, Bernard Giudicelli, accompagnait Jo-Wilfried Tsonga et Thierry Ascione à l’occasion de la présentation de la future All In Academy.

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Bienvenue à OL Land (version balles jaunes) !

Rien à voir avec une salle tamisée où des mecs transpirant fument des barreaux de chaises et mise la moitié de leur salaire sur une pauvre paire de 8. Non, c’est bien de tennis dont on parle. A l’image de ce que fait le coach de Serena Williams avec la Mouratoglou Tennis Academy, Ascione et Tsonga ont en effet décidé de s’associer pour bâtir une sorte de centre de formation haut de gamme censé permettre l’émergence des étoiles du tennis français de demain. En réalité, la structure existe déjà. Fondée en 2015 par Thierry Ascione, elle aspire simplement aujourd’hui à devenir un lieu incontournable du paysage tennistique français. Et le soutien d’un gars comme Jo-Wil, devenu actionnaire du projet, devrait l’y aider.

Plus surprenant, la présence à cette conf de Jean-Michel Aulas, le président de l’Olympique Lyonnais, « le pionnier de l’investissement sportif et l’un des acteurs majeurs du sport français » comme l’a modestement présenté Tsonga. Le boss de l’Institution a en effet vendu une parcelle de terrain de son OL Land à la future All In Academy de Thierry Ascione. Pour le reste, on a cru comprendre que le nouveau Stéphane Plaza du 6-9 ne prendrait pas financièrement part au projet, comme il a pu le faire récemment avec le club de basket de l’ASVEL.

La Fédé change de stratégie

Mais revenons à nos moutons. Ce qui est intéressant dans cette affaire, c’est de voir pour la première fois le privé et le public marcher côte à côte. Eh oui, après des années de méfiance à l’égard de ces structures privées, la FFT « a décidé de repenser profondément son modèle de formation », dixit Giudicelli. « Notre fédération a changé son modèle sportif et aujourd’hui il n’y a plus d’opposition public-privé », poursuit le patron du tennis français.

En clair, l’idée est d’avancer ensemble afin que l’avenir du tennis tricolore ne s’arrête pas dès la première semaine de Roland-Garros. On a beau s’être longtemps moqué de nos Gasquet, Tonsga, Monfils et Cie, qui figuraient pourtant très haut au classement ATP mais rentraient toujours « brocouilles » des tournois du grand chelem, il faut bien se rendre compte que ce qui nous attend après n’est pas forcément plus réjouissant. Au contraire.

« Chez les juniors, c’est une catastrophe », nous prévenait déjà Henri Leconte à Roland-Garros en 2018, au sortir d’une édition marquée pour un grand chelem de la lose à la française. « On a une génération vieillissante et surtout il y a moins de jeunes qui arrivent », embrayait alors Sébastien Grosjean. S’il lui a fallu un peu plus de temps pour l’admettre, Bernard Giudicelli semble aujourd’hui en arriver à la même conclusion.

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« On a conscience que le tennis a incroyablement changé ces 20 dernières années, que le professionnalisme commence très tôt. Si on veut rivaliser au niveau mondial il faut s’en donner les moyens, admet-il sur l’estrade de Bercy. Rublev (qui a perdu contre Jo lundi au premier tour à Bercy), à 14 ans, il avait joué une trentaine de finales internationales. Parce qu’il était déjà dans une forme de professionnalisme. C’est sans doute ce qui nous a manqué dans ces années-là et c’est ce à quoi on veut remédier. »

Tsonga veut « aider le tennis français »

Comment ? En offrant aux jeunes talents le choix de la structure la plus adaptée à leur développement, sans la contrainte pour les familles de se voir sucrer le soutien financier de la FFT s’ils choisissent une académie privée. Un choix que Thierry Ascione aurait bien aimé pouvoir faire à l’époque : « On est parti à 12 ans de chez nous avec Jo, lui à Poitiers, moi à Reims, dans les pôles fédéraux. Peut-être que si l’on avait eu la possibilité de rester dans notre région pour s’entraîner et ne pas connaître ces carences familiales affectives… », songe-t-il, rêveur, sans terminer sa phrase.

« On va essayer de former les champions de demain, embraye Tsonga. Je veux aider le tennis français. Après, que je le fasse à travers la Fédération, All In ou par moi-même, ça ne change pas grand-chose. Mon but est de redonner aux jeunes tout ce que j’ai appris, je veux les aider à gagner du temps. » Un discours qui hérisse les poils d’Ascione : « En trois minutes avec les jeunes, Jo est capable de compenser ce que je fais, moi, en deux mois. Juste avec deux mots. Il faut qu’il prenne en charge l’avenir du tennis français. La finalité d’un champion est d’être utile après sa carrière. »

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A l’heure de conclure, Bernard Giudicelli cite en exemple les derniers Masters Juniors pour valider le changement de cap de la fédé : « A Chengdu, il y avait deux joueurs entraînés par la fédération et deux autres par l’académie de Thierry. C’est l’illustration de ce qu’on veut faire. On est tous Français, on travaille tous pour amener nos jeunes au sommet et donner envie aux autres de s’y associer. »

A la tête de sa propre académie, Patrick Mouratoglou ne voit pas d’un mauvais œil cette petite révolution bleu-blanc-rouge. « La Fédération donne les moyens au joueur et lui laisse le choix de la structure idéale pour lui. Dans ce cas-là, tout le monde est à égalité, chaque structure a le devoir de bien faire et on instaure une concurrence, expliquait-il lundi dans les colonnes de L’Equipe. Les gens disent « quelle horreur, la concurrence ! » Mais pas du tout. On n’est pas là pour se taper dessus entre institutions, on est là pour se tirer vers le haut. Le seul système qui tire les gens vers le haut, c’est un système où il y a de la concurrence. Quand il n’y en a pas, tout le monde s’endort. » RIP Olivier Besancenot.