Masters 1000 de Paris-Bercy: Guess who’s back ? On vous raconte l’insoutenable suspense autour de la venue de Federer à Paris
TENNIS•On a passé la journée à son ronger les ongles en attendant la décision de Federer...Aymeric Le Gall
L'essentiel
- La dernière apparition de Roger Federer au Masters 1000 de Paris-Bercy remonte à 2015.
- Après sa victoire à Bâle dimanche, le Suisse avait laissé planer le doute quant à sa décision de venir ou non à Paris.
- Finalement, après un suspense digne d'un thriller hollywoodien, le numéro 3 mondial a affirmé qu'il jouera bien à Paris cette année.
A Bercy,
Comment dit-on « La Decisión » en suisse-allemand, déjà ? Peu importe en fait. Ce qui est sûr, c’est qu’Antoine Griezmann peut aller se rhabiller. A côté de ce qu’on vient de vivre ces dernières heures au tournoi de Paris-Bercy, avec le suspense autour de la participation de Roger Federer, le teaser de Grizou sur son choix de rester ou non à l’Atlético passerait presque pour un mauvais polar de Série B. Il faut dire que depuis la victoire de Federer dimanche en finale du tournoi de Bâle, la machine à fantasmes tourne à plein régime dans nos cerveaux de groupies.
Et l’épilogue est finalement tombé, mardi après-midi sur les coups de 15h50 : oui, le roi du tennis a finalement décidé d’honorer de sa présence le dernier Masters 1000 de la saison, 1.090 jours après sa dernière venue à Bercy, en 2015. C’est un évènement en soi. D’autant plus qu’il est accompagné cette année par la crème de la crème : Rafa Nadal et Novak Djokovic. On ne peut alors s’empêcher de se remémorer, un peu, la (triste) cuvée 2017 de Bercy, et de sourire, beaucoup. Que Jacques Chaussette et Krajinovic nous excusent, mais à Bercy on préfère voir tout ce qui brille.
Les signaux positifs sont apparus avant même le début du Matsers 1000, dès la fin du tournoi de Bâle, que le Suisse a remporté contre le Roumain, Marius Copil. En conférence de presse, Federer affirme que « l’idée c’est de jouer. J’ai un jour de repos, on va voir comment le corps réagit. Mentalement, je me sens frais et c’est déjà 50 % du chemin. » A ce moment-là, la seule chose dont on est sûr, c’est qu’il a bien réservé un billet pour Paris. Mais l'animal est taquin: « Vous verrez bien si j’y arrive ! ». Dans la foulée, les organisateurs du tournoi annoncent que le joueur est bel et bien attendu mardi à Bercy. Encore faut-il le voir pour le croire.
Commence alors une journée marathon placée sous le signe de l’investigation. Ou de la paparazzade, c’est selon.
11 heures, l’espoir : En arrivant dans la salle de presse surchauffée de l’Accor Hôtel Arena (non mais sérieux, y’a personne pour baisser le thermostat ?), le premier réflexe est de jeter un œil au planning des réservations des courts d’entraînement. Il se murmurait la veille que Federer avait réservé un terrain pour mardi entre 14h30 et 16 heures. Encore faut-il que l’info soit confirmée. Le suspense est insoutenable en ouvrant notre boîte mail, quand soudain…
14h15, l’attente : Il n’y a jamais eu autant de journalistes massés devant le dôme d’entraînement qui jouxte la salle de spectacle de Bercy. Tous sont là à attendre l’apparition de la Vierge Roger. « Oh, regardez-les qui attendent comme des moutons », se marre un membre du tournoi qui passait par là. On feinte l’indifférence, mais la vérité c’est qu’on est à deux doigts de bêler. Finalement, après 15 minutes à se peler les meules (non mais sérieux, y’a personne pour augmenter la température de cette planète ?), Alléluia, le voila !
14h30-15h15, l’attente bis : Les places sont chères pour assister aux premiers échanges de balles du Roi. « Ça va être quatre par quatre et on tourne toutes les dix minutes, prévient l’attachée de presse du tournoi qui n'est pas là pour déconner. Tout le monde n’aura pas sa place. » Aïe… Entre deux hésitations et un coup d’œil à la télé pour voir qu’Herbert est toujours en course contre Kukushkin, on se décide finalement à 1. Jouer des coudes pour avoir une place (tout en sachant que les chances sont maigres) et 2. Risquer de perdre deux heures de notre vie.
15h20, les bonnes sensations : Par miracle, on réussit à accrocher le dernier wagon et à rentrer dans le saint des saints. Après l’avoir vu arriver avec son sac sur le dos, le voilà en short. Ce coup-ci, à part catastrophe de dernière minute, la pression retombe, Roger va jouer. Sur le court, accompagné de son coach Ivan Ljubicic, le n°3 mondial semble en jambes, les revers claquent, l’ambiance est à la rigolade. Entre deux retours de service, Federer chambre l’un de ses adjoints qui galère à courir derrière les balles perdues. Si le moral va...
15h30, l’annonce : Après avoir laissé le Suisse se reposer sur sa chaise, direction la salle de presse où une voix dans le haut-parleur annonce une conférence de presse imprévue. « Monsieur Roger Federer sera en salle d’interview à 15h50 ». Miam.
15h57, LA CONFIRMATIOOOOOOON : le voilà qui débarque enfin. Fin du suspense ? A priori là, quand même... Et pourtant, tant que ce n'est pas tamponné, le doute subsiste. On le connaît, le coup de la mariée qui détalle de l’église au moment où le prêtre lui pose la question qui tue. Et puis c’est quoi cette manière de débarquer sur l’estrade vêtu d’un manteau d’hiver, comme si le taxi l’attendait dehors, prêt à quitter Paris ? Et puis finalement non, Bercy a finalement passé la bague au doigt du Suisse. « Je vais jouer, sinon je ne serai pas là devant vous !, lâche-t-il taquin. J’ai pris ma décision hier et je l’ai confirmée ce matin avant de venir m’entraîner. J’aime bien jouer ici à Paris. Cela faisait longtemps que je n’étais plus venu ici, à Roland ou à Bercy. Le corps est assez bien, le mental aussi, donc on y va. »
Un 100e titre en carrière à Bercy ?
Guy Forget n'a pas caché sa joie de revoir enfin son tournoi resplendir après des années difficiles. On était tout proche du double salto arrière en costard cravate sur le central. « On est ravi de voir Roger de retour à Paris, ça fait quelque temps qu’on l’attendait, que ses fans l’attendaient, a-t-il expliqué à nos confrères de L’Equipe. Il va jouer demain (mercredi). Il est allé s’entraîner aujourd’hui (mardi) dans la bulle. Fort de sa victoire à Bâle, son tennis est en train de se mettre en place. » Au point de remporter le 100e tournoi de sa carrière, ici, à Paris ? Ça aurait une certaine allure en tout cas.
« Honnêtement, c’est trop loin, balaye l'intéressé. Tout en sachant que je joue rarement maintenant deux ou trois tournois d’affilée… Commencer mercredi et gagner cinq matchs d’affilée de ce calibre-là, dans un tel tournoi, c’est difficile. C’est un chemin très long. Cette semaine, ça va être point après point et tour après tour. Si je me rapproche dans le dernier quart du tournoi, ce sera déjà super. Je ne pense pas tout de suite au titre. » Qu’importe l’issue finale pourvu qu’on ait l’ivresse. Roger est dans la place, le tournoi peut enfin commencer.