«La Coupe Davis actuelle ne peut plus être soutenue», Bernard Guidicelli à fond pour la réforme
TENNIS•Le président de la Fédération française de tennis sait aussi qu'il peut s'attendre à la convocation d'une assemblée générale exceptionnelle à ce sujet...N.C. avec AFP
Bernard Giudicelli assume sa position. Le président de la Fédération française de tennis (FFT), malgré le fort rejet qu'elle suscite - notamment en France -, soutient bien la nouvelle formule de la Coupe Davis. «L'enjeu est que la Coupe Davis dans sa formule actuelle ne peut plus être soutenue par la Fédération internationale (ITF) parce qu'elle ne sera plus soutenue à terme par les sponsors», a-t-il déclaré mercredi à l'AFP.
La nouvelle Coupe Davis ne serait plus disputée en quatre week-ends étalés au long de la saison, selon l'alternance des matchs à domicile et à l'extérieur, mais en une seule semaine en un lieu unique à partir de 2019. Cette formule, proposée par le comité directeur de l'ITF il y a quinze jours, doit être présentée pour adoption en Assemblée générale, en août à Orlando.
Cette rupture révolutionnaire avec l'esprit de l'épreuve plus que centenaire a provoqué une levée de boucliers en France, de Yannick Noah à Lucas Pouille. Des personnalités, dont l'actuel capitaine de l'équipe de France, ont couché leur nom sur une pétition en préparation, visant à obtenir la convocation d'une assemblée générale exceptionnelle de la FFT à ce sujet. Bernard Giudicelli, au courant de cette initiative, a reconnu qu'il serait contraint par le règlement d'organiser cette AG «si un certain nombre de délégués réunissaient les conditions requises».
Le président en profiterait probablement pour expliquer les motifs qui le poussent à soutenir cette métamorphose de la Coupe Davis, dont la France est la tenante du titre dans sa formule actuelle. «Est-ce que tout le monde a bien compris l'enjeu? Les indicateurs-clefs de performance ne sont pas atteints, notamment en matière de participation des meilleurs joueurs», a affirmé M. Giudicelli, qui est également le président du comité de la Coupe Davis au sein de l'ITF.
«Sans sponsor, la Coupe Davis ne peut pas vivre»
Ces dernières années, les joueurs du top 10 ont boudé l'épreuve. Les Français ont ainsi pu soulever le Saladier d'argent en novembre dernier sans battre aucun des joueurs du top 10, lesquels privilégient leurs parcours individuels une fois qu'ils ont l'épreuve à leur palmarès (comme Federer, Nadal, Djokovic, etc).
M. Giudicelli a souligné que le reste du monde n'était pas aussi attaché que les Français au format traditionnel et à ses ambiances incomparables. «La France a à elle seule 18% de l'audience mondiale télévisuelle et digitale de la Coupe Davis alors qu'il y a 205 pays membres de l'ITF», a-t-il dit.
Le dirigeant, qui avait d'abord promu l'option moins radicale d'une Coupe Davis sur deux ans avant de se rallier au projet sur une semaine, avance des arguments de raison plus que de coeur. «Sans sponsor, la Coupe Davis ne peut pas vivre. Les joueurs ne sont pas prêts à la jouer gratuitement comme ils jouent les Jeux olympiques», a-t-il ajouté, affirmant que ces derniers, qui doivent se réunir à ce sujet en marge du tournoi d'Indian Wells, sont majoritairement favorables au changement.
Il a souligné que la Coupe Davis générait 70% des recettes de l'ITF avec lesquelles elle doit assurer l'ensemble de son fonctionnement. «Ce sont les moyens données aux fédérations régionales ainsi que toutes les fonctions régaliennes de l'ITF, les règlements, l'antidopage, la lutte contre les matchs truqués, le tennis fauteuil et les autres compétitions comme la Fed Cup. Sans ça, l'ITF redevient un petit service et tout est aux mains de l'ATP et de la WTA», a-t-il dit.
Faisant allusion aux garanties financières proposées aux différentes fédérations nationales dans la nouvelle formule, qui serait financée par un groupe économique dirigé par le footballeur du FC Barcelone Gerard Piqué, Giudicelli a estimé que les Français devaient «comprendre que tous les pays n'ont pas les mêmes moyens que nous (grâce aux revenus de Roland-Garros)».