Coupe Davis: Après l’affreux parcours des Bleus à l’US Open, doit-on commencer à paniquer?
TENNIS•La France affronte la Serbie dans quinze jours et franchement, c’est pas rassurant…B.V.
C’était donc ce genre de dimanches-là. En une heure, hier soir, notre pays a connu trois drames : le match nul de l’équipe nationale en foot contre le Luxembourg, l’élimination de son dernier représentant à l’US Open, et la fin des vacances. Pour les quelques lignes qui suivent, c’est surtout celui du milieu qui nous intéresse : le contingent français a frôlé le ridicule à Flushing Meadows et repart de New-York la raquette entre les jambes. Problème : dans 10 jours, c’est la demi-finale de Coupe Davis. Alors on s’inquiète, forcément. Et on vous résume ça sous la forme d’une dissert' d’une philo, parce qu’après tout c’est la rentrée aujourd’hui.
La thèse : C’EST. LA. CRISE
Faisons le point après cet ignoble US Open sans le moindre français en deuxième semaine.
- Tsonga = pas bon + la tête ailleurs
- Gilles Simon = donné mort pour le tennis ou presque
- Richard Gasquet = guère mieux
- Gaël Monfils = tout cassé de partout
- Lucas Pouille = la tête à l’envers
Dans la bouche du responsable du haut-niveau masculin au sein de la Fédé, Eric Winogradsky, ça donne ça : « Le bilan des Français n’est pas bon, pas la peine d’essayer de trouver une bonne raison de se satisfaire, on n’en a pas. Il faut reconnaître que leur état de santé ne peut pas leur permettre d’envisager d’être performant au plus haut niveau ». Les raisons sont diverses, entre paternité (Tsonga), blessures, état de formes et manque de confiance, mais le constat est tragique : jamais le tennis masculin n’a semblé aussi faible depuis dix ans. Pile au moment où arrive l’occasion ou jamais de gagner la Coupe Davis, quel timing.
« Les finales de Coupe Davis, ça a parfois permis à ceux qui étaient en difficulté de se refaire la cerise, parce que c’est une belle ligne sur un palmarès qui n’est pas encore suffisamment fourni », relance Winogradsky. Vaut mieux. Vu l’état actuel des troupes, on imagine bien Yannick Noah sélectionner Jo-Wilfried Tsonga et Lucas Pouille pour les simples et la paire Herbert/Mahut pour le double. Remarque, si on prend le Français le plus constant sur la tournée américaine, Adrian Mannarino a toutes ses chances.
L’anti-thèse : On va passer en sifflotant
Si nos Français ne sont pas en formes, ils ont dix vrais jours pour se préparer à partir de la sélection de Yannick Noah, mardi, grâce à leur élimination précoce à l’US Open. C’est con mais vu qu’aucun n’ira aux Masters, la Coupe Davis est sans doute le dernier objectif de la saison avec Bercy, celui aussi d’une carrière. Alors ça vaut le coup d’oublier un peu tous les soucis et se concentrer sur cette l’occasion d’une vie.
Car en face, il n’y aura personne non plus. Enfin pire que ça même. Ce n’est pas la CFA de la Serbie qui va se pointer au stade Pierre-Mauroy, c’est carrément les trois derniers types sous licence du pays qui vont tenter de bricoler une équipe. Outre Djokovic qui a mis un terme à sa saison en juillet pour soigner un coude, les N.2 et N.3 serbes Viktor Troicki et Kanko Tipsarevic, respectivement 52 et 67e au classement ATP, ne seront pas présents. Ils seront remplacés par Dusan Lajovic (85e), Laslo Djere (98e), Filip Krajinovic (126e) et Nenad Zimonjic, coach-joueur de double.
« Il y a toujours une chance, même si les Français seront grandissimes favoris avec une super équipe », avoue même ce dernier. On ira pas jusque-là, mais à la maison et sur terre-battue, ça devrait le faire tranquillement.
La synthèse : On va gagner mais…
… peut-être perdre en finale. C’est bête : l’année où tous ses adversaires semblent s’en cogner de la Coupe Davis, la France est dans le dur. Ça va suffire pour battre une Serbie aussi faible, mais quid en finale ? Peut-on vraiment battre une Australie survoltée sur son herbe sans être à 100 % ? Peut-on vraiment dominer la Belgique de Goffin sans joueur du niveau Top20 ? On a du mal à y croire. Mais c’est dans trois mois, on a le temps de voir venir. Et une demi-finale à gagner avant, au passage.