TENNISOn ne verra plus Paul-Henri Mathieu à Roland

Roland-Garros: C’était «le moteur de sa vie» et c’est fini, on ne verra plus Paul-Henri Mathieu à Roland

TENNISLe Français a dit adieu à Roland-Garros après une défaite face à Goffin (6-2, 6-2, 6-2)…
Julien Laloye

Julien Laloye

De notre envoyé spécial,

Il y a des joueurs qui marquent plus que d’autres, quand on les découvre à l’adolescence et qu’on grandit avec eux. Pour nous, c’est Paul-Henri Mathieu. On se souvient encore de notre première fois avec lui à Roland, en 2002. On était encore au lycée, en première, un cours d’histoire si notre mémoire ne nous trahit pas. Une oreille vaguement à l’écoute, une autre occupée discrètement par un écouteur de walkman.

Deux sets d’avance pour un jeune français contre l’immense Dédé Agassi. Puis la dégringolade, qui deviendra un temps sa marque de fabrique et nous donnera encore plus envie de l’aimer.

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Quinze ans après, « Paulo » a dit adieu à son tournoi fétiche, digne et discret. Il aurait sans doute préféré offrir à son public une dernière empoignade mémorable en cinq sets avant de s’en aller, mais il se doutait comme nous que l’affaire serait compliquée contre Goffin (6-2, 6-2, 6-2).

Classieux jusqu’au bout, l’ancien 12e joueur mondial n’a pas souhaité polémiquer sur l’imbroglio de la wild card non accordée et le passage piégeux par les qualifs qui a lui a bouffé toute son énergie. Mais il ne s’agirait pas de pousser le bouchon trop loin : PHM a fait savoir à Guy Forget que ça ne servait à rien de prévoir une cérémonie d’hommage, comme celle à laquelle avait eu droit Arnaud Clément en son temps.

« « Je préférais qu’il n’y ait rien, les adieux, c’est pas trop mon truc. Le public m’a applaudi c’est amplement suffisant. J’ai disputé mon premier Roland en 2001. On est en 2017, tout ça est passé à une vitesse éclair. Ça a été le moteur de ma vie. Je ne m’imaginais pas finir de l’autre côté du stade en qualifs ». »

Ça aurait quand même pu être ailleurs que sur le court n°1, comme si l’organisation lui voulait du mal jusqu’au bout. A ce sujet, on pensait que la grande famille du tennis français tout entière se réunirait pour assister aux derniers échanges de celui qui fut longtemps sa seule raison d’espérer sur la terre battue parisienne.

On a juste aperçu Bob Sinclar, un grand pote, et sa femme Quiterie. Pour vous situer un peu, c’est aussi une des raisons qui font qu’on a une tendresse particulière pour ce garçon : Quiterie Mathieu a vaincu un très grave cancer il y a quatre ans, et son combat avait autant ému les suiveurs que les membres du circuit.

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Elle aussi préfère la discrétion, mais elle fait quand même l’effort de nous parler un peu. « Il aurait aimé aller plus loin, mais à 35 ans, jouer une semaine en plein cagnard en qualifs, que voulez-vous. Mais il voulait jouer devant son fils (Camille, 5 ans), et pour ça c’était un joli moment. Le petit a tout suivi comme un fou ».

On lui demande quelques souvenirs personnels. « Isner en 2014 sans hésiter [Victoire 16-14 au 5e set en plus de 5h de jeu]. Moi je savais où il en était. Trois jours avant le tournoi, il ne pouvait pas s’entraîner plus d’une heure et demie sans avoir mal ».

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PHM se remettait alors d’une ostéotomie tibiale (jambe trop arquée) qui a contraint les médecins à lui fracturer le tibia et le péroné, onze mois de rééducation à la clé. Il a fallu accepter « de revenir à un niveau deux fois inférieur de celui que j’ai pu avoir par le passé ». Pas de larmes, simplement une émotion contenue. Le Français accepte de revenir une dernière fois sur ses grandes heures à Roland avant de quitter la salle de presse.

Agassi en 2002, on en parlait. « Un rêve de gosse qui se concrétisait sur le central. Surtout en 8es, à 20 ans, avec l’insouciance que j’avais, je me sentais invincible, je pensais que je pouvais gagner le tournoi ».

Cette fameuse défaite contre Nadal en 2006, un match qu’oncle Toni a longtemps qualifié comme l’un des plus difficiles que son neveu ait dû jouer à Roland. « C’était très dur émotionnellement, tennistiquement. J’étais déçu de l’avoir joué aussi tôt parce que j’étais préparé pour aller plus loin ». Puis l’édition 2012, ces trois matchs en cinq sets, et la haie d’honneur de tout Roland pour l’accompagner du court 1 jusqu’aux vestiaires du Central. Il s’en va là-dessus, nous laissant à notre nostalgie. Le tennis sans PHM, c’est aussi notre jeunesse qui s’envole un peu plus.