Roland-Garros: Bronzer et voir du bon tennis en même temps, comment on fait?
TENNIS•«20 minutes» vous explique comment concilier culte du corps et du beau jeu…Julien Laloye
De notre envoyé spécial à Roland-Garros,
Avis aux vampires et aux peaux de bébé. Si vous lisez ces lignes, préparez-vous au pire, parce que ce n’est pas un papier pour les faibles. Ici, on ne va pas débattre des méfaits du soleil sur la santé ou des ravages du cancer de la peau, avec le médecin du tournoi qui nous explique que « houlalala c’est pas bien de rester au soleil trop longtemps pensez bien à vous hydrater avec les fontaines à eau mises à votre disposition » sur l’air du stewart qui vous montre les sorties de secours dans un avion à 12 kilomètres d’attitude.
aOn ne vous donnera pas non plus des nouvelles des deux spectateurs du Chatrier qui sont tombés sur le champ de bataille lors de Pouille-Benneteau et Muguruza-Schiavone, vaincus par une insolation tels des petits faons pris dans les phares d’une voiture. Cela s’appelle la sélection naturelle.
PS : N’ont pas répondu à nos sollicitations pour témoigner
Flavio Briatore
Julio Iglesias
Melania Trump
L’an passé, seuls les esquimaux avaient survécu. Cette année, alors que Météo Francenous prévoit une quinzaine très ensoleillée à défaut d’être aussi suffocante que ces derniers jours, les lézards tiennent leur revanche. Parce que Pour ceux qui en doutent, revenir de Roland sans être bronzé, sur l’échelle de la ringardise, c’est comme se pointer au festival de Cannes pour regarder des films. Pascal Ory, historien et auteur de L’invention du bronzage, nous instruit sur la relation entre tennis et tanorexie.
1 Le tennis a participé à la mode du bronzage à partir des années 20
« « Le tennis a participé à la diffusion de l’activité sportive dans la haute société, notamment chez les femmes. Et c’est le par le corps des femmes que va s’imposer l’idée du bronzage. A l’époque, Suzanne Lenglen, qui va contribuer à populariser ce loisir chez les élites, est l’égérie de Jean Patou, qui est un peu l’équivalent de Coco Chanel chez les hommes. Et Jean Patou va dénuder le corps des femmes qui pratiquent l’activité sportive grâce à une ligne « sportswear » adaptée. C’est aussi lui qui a inventé la première huile bronzante pour la petite histoire ». »
2 Bronzer à Roland, c’est un signe de distinction sociale
« « Chez les gens qui aiment le soleil et qui viennent à Roland-Garros, il y a l’idée très répandue qu’être bronzé c’est gage de bonne santé, comme on disait au début du XXe siècle aux tuberculeux, alors qu’aujourd’hui tous les médecins préviennent des risques de cancer de la peau et de la facture que la peau devra régler un jour. Etre à Roland, c’est aussi un signe d’une certaine réussite sur le plan social il faut le montrer, comme quand on va en vacances au ski et à la plage. Il y a cent ans, on voulait se distinguer du paysan qui travaillait à l’extérieur. Après, on a voulu s’écarter de l’ouvrier qui ne voit jamais la lumière et qui est couleur cachet d’aspirine ». »
Une fois qu’on s’est dit tout ça, passons aux choses sérieuses : comment allier bronzage (de face, on précise, le soleil dans le dos ça ne sert à rien) et beau tennis Porte d’Auteuil, en fonction de l’heure de la journée et du programme sur les courts ?
LE MATIN >> > La place des mousquetaires
Retapée récemment pour (essayer) de faire un peu d’espace entre les bouchons,l’ancienne place des mousquetaires est désormais recouverte de transats qui permettent aux premiers venus le combo plein soleil + écran géant sur le Central. Là, vous allez nous dire, « mais que font les gens à Roland si c’est pour regarder les matchs à la télé comme moi ? » On a posé la question à deux Anglaises, Betty et Monica, habituées de Wimbledon et drôlement cuivrées pour l’idée qu’on se fait des Anglaises, justement.
« On passe une partie de l’année dans le Sud de la France, c’est pour ça (rires). Là profite du calme pour se commander à manger avant que ce soit la cohue dans les allées. On a des places pour les courts annexes alors on mange tranquillement et on attend que les gens sortent pour ne pas faire trop la queue. Le bronzage ? C’est optionnel, mais en arrivant vers 10h, il ne fait pas encore trop chaud, c’est agréable ».
MIDI >> Le court n°1
Le bon plan absolu, même s’il faut savoir encaisser les UV. A Roland, on n’a pas trouvé meilleure alliance entre intérêt des matchs, proximité avec le court,et machine à noircir les biceps mieux que Point Soleil. Mardi matin par exemple, c’est Alizé Cornet qui ouvre les hostilités. On peut aussi alterner avec le 2 et le 5, si le programme vous semble plus excitant.
PS : Moins généreux en belles affiches concernant des joueurs français, la tribune surélevée du 17 a aussi son petit charme, si on aime les joueurs ukrainiens inconnus ou les vieilles gloires. Lundi, David Ferrer et Donald Young se sont envoyés pendant plus de 4h dans une ambiance du tonnerre.
DEBUT D’APREM >> Le court Suzanne Lenglen
Peut-être le court le plus apprécié des puristes, parce que la qualité des matchs est sans commune mesure avec ceux du Central, au moins les premiers jours. Vers 14h, le soleil n’est plus à son zénith, mais on a l’impression d’être dans une étuve. En général, l’organisation opte pour le plat du jour en deuxième match… ou en troisième. Mardi, c’est Caro Garcia qui devrait être sur le court à cette heure-là.
aFIN D’APREM >> Le court n°14 et ses matchs au couteau
C’est un petit cadeau du nouveau Roland. Une bonne grosse tribune des familles installée sur l’ancien court n°12, plein soleil à partir de 15h, avec en bonus, une vue partielle sur le court d’à côté pour les rangées les plus hautes. Souvent une des queues les plus importantes de tous les courts secondaires avant de rentrer. Trois heures là-dedans et vous pouvez faire croire que vous revenez des Seychelles easy.
FIN DE JOURNEE >> Le Central et son soleil rasant
Les soirs de beau temps, c’est pas loin d’être notre sport préféré. Parce que la lumière est unique, avec ce soleil rasant sur les rangs du bas et cette terre qui passe progressivement de l’orange au rouge. La température est plus clémente, et le public, un peu accablé par une longue journée de chaleur, ne demande qu’à s’enflammer. Cela tombe bien, c’est souvent le dernier match qui est le plus accroché.
Stéphane se souvient encore d’une victoire de Razzano à la bougie sur Serena Williams il y a quelques années : « Il avait fait une mauvaise journée mais le soleil était sorti juste à ce moment-là et réchauffé l’atmosphère d’un coup. Quand l’exploit est devenu possible, les gens sont devenus fous. J’ai jamais revécu ça ». Le jeune homme refait un peu l’histoire : ce jour-là, il avait fait 25 degrés et grand soleil sur la région parisienne, selon les archives de Météo France. Une belle journée pour bronzer.