Open d’Australie: La deuxième jeunesse de Roger Federer, c’est grâce à ses randonnées en montagne
TENNIS•Le Suisse s’est qualifié pour la finale du Grand Chelem australien avec un genou tout neuf, à 35 ans…B.V. avec R.B.
L’enveloppe des augmentations salariales a été bien trop maigre cette année à 20 Minutes pour que ne puissions en attester par nous-mêmes, mais Météo-France est affirmatif : en septembre, il fait nettement moins chaud dans les Alpes Suisses qu’à New-York. Du coup, on comprend que Roger Federer ait préféré le calme des alpages au tumulte de Flushing Meadows pour s’occuper pendant l’US Open. Forfait longue durée en raison d’une blessure au genou, la légende Suisse a alors profité du bon air en altitude pour se refaire la cerise. Résultat : six mois plus tard, il remporte le Grand Chelem australien, à 35 ans. C’était pas du mytho en fait, la montagne, ça vous gagne.
Bon on rigole, mais pas tant que ça en fait. Pendant que son compatriote Stan Wawrinka remportait son troisième majeur à NYC, Federer remettait son genou d’aplomb près du Lichtenstein avec une recette miracle, la randonnée. Absolument.
« C’était une idée de mon père. Il m’a dit : "Prenons la télécabine, puis baladons-nous en altitude." Il pensait bien sûr que nous ferions sans difficulté le trajet de retour à pied. Du coup, nous sommes redescendus jusque dans la vallée. Une expédition de six heures et demie, le test extrême pour mon genou. Depuis ce jour, j’ai le sentiment que ça va mieux. J’ai eu la certitude que si mon genou survivait à cela, le reste irait aussi. Au bout du compte, nous étions tous crevés. Le lendemain, j’étais en forme mais mes parents, Mirka et les deux filles ont eu des courbatures au réveil. »
C’est donc en famille, raconte-t-il au journal suisse Illustre, que Roger Federer a soigné son genou douloureux. Après une arthroscopie du ménisque en février 2016, RF était revenu un mois après la compétition avant de mettre un terme à saison en juillet, après Wimbledon, pour reposer son vieux genou.
Entre le 29 août et le 3 septembre, l’ex n°1 mondial floode ses réseaux sociaux de photos de montagne. Roger près d’un lac, Roger ramasse un edelweiss, Roger caresse un daim, Roger mange dans un resto à flanc de montagne.
« On n’avait pas été prévenus de leur visite. On a été surpris mais on a travaillé comme d’habitude. Il y a eu pas mal de selfies dans le restaurant, on a pas un client comme ça tous les jours »,raconte chez nos amis de 20 minutes Suisse (aucun lien) le boss du Berggasthaus Seealpsee (4 étoiles sur Trip Advisor), Daniel Parpan. On a essayé d’en savoir plus sur le genou de Roger Federer, ses jumelles et son trekking, mais Mme Parpan était trop occupée avec le deuxième service (true story).
Du coup, on se contente de ce que veut bien nous raconter sa majesté Roger. « Les filles avaient encore l’école le matin. Nous étions sur l’Ebenalp vers 14 heures 30 et marchions à contre-courant des randonneurs. Vers 16 heures nous étions à la buvette d’alpage. J’espérais qu’il y aurait une table pour que nous puissions nous restaurer. C’était presque plein mais nous avons trouvé de la place. Un convive jouait de l’accordéon. C’était super. Nous sommes redescendus vers le lac de montagne, mon père a rencontré des amis, c’était tout simple. Et même lorsque quelqu’un souhaite une photo, j’accepte de temps à autre. Parfois j’explique que j’ai besoin de paix, les gens le comprennent très bien. »
Bref vu qu’on finit par se demander si c’est bien la rando, les selfies, les Edelweiss, le resto ou l’accordéon qui a miraculeusement guéri le genou de Federer, on a quand même demandé l’avis médical d’une pointure. Il s’appelle Dr Patrick Bacquaert, est consultant en médecine du sport et aussi vice-président de l’Institut de Recherche du Bien-être de la Médecine et du Sport Santé (IRBMS).
Roger Federer a été victime d’une arthroscopie du ménisque en février avant de revenir puis de s’arrêter à de nouveau longtemps. Il dit que la randonnée l’a beaucoup aidé, c’est possible ?
Dans les problèmes méniscaux, il y a deux champs cliniques différents. Le premier, c’est la fracture méniscale du « jeune sportif » qui se tord ou se fracture le genou. On l’opère et il n’y a pas besoin de faire de la réathlétisation avec la randonnée, juste de la rééducation. Le deuxième, c’est quand on a pas un genou sain. Ça peut être un début d’arthrose, de l’usure naturelle (surtout chez un tennisman) et un faux mouvement peut alors être la goutte d’eau qui fait déborder le vase et créer une lésion méniscale. On la répare alors avec son chirurgien, on fait un lavage articulaire. Le ménisque est réparé, mais pas le genou : il faut alors le réathlétiser.
C’est là qu’intervient la randonnée…
Il a certainement une petite faiblesse au niveau du genou, il faut retonifier les muscles et la meilleure chose pour redonner confiance à son genou c’est de marcher, de faire du vélo ou du palmage. Il a fait une rééducation en douceur : d’abord sur terrain plat, petit à petit en montée plus qu’en descente. On peut s’aider d’un bâton de marche, ça fait moins de contrainte sur les ischio-jambiers, qui sont très importants en tennis (il faut qu’il y ait un rééquilibrage entre les muscles de l’avant de la cuisse et ceux de l’arrière). La randonnée est une réathlétisation naturelle, une remise dans le sens du sport.
Vous disiez que pour le genou, c’est mieux de faire de la randonnée en montée qu’en descente (NDLR : Roger Federer a fait tout l’inverse, ce gros nigaud)…
L’ennemi du genou, c’est la descente. Quand on monte on a une puissance, quand on descend la rotule s’écrase sur le genou, c’est une contrainte. Je le dis à tout le monde : vous montez à pied puis vous redescendez en téléphérique.