TENNISMais en fait le tennis est revenu en 2009 et personne nous a rien dit?

Open d’Australie: Mais en fait le tennis est revenu en 2009 et personne nous a rien dit?

TENNISNadal et Federer dominent, Djokovic et Murray craquent, les Français bégayent...
Bertrand Volpilhac

B.V.

Puisque 20 Minutes est avant tout un journal d’utilité publique, dévoilons dès aujourd’hui notre conseil week-end : mollo sur la tise samedi soir, il va probablement falloir se lever dimanche matin. On vous la fait courte mais si tout se passe comme prévu, Roger Federer et Rafael Nadal pourraient se retrouver à l’heure de la messe en finale de l’Open d’Australie, sept ans (!) après leur dernière finale commune à Melbourne. A vrai dire, l’ensemble du tournoi ressemble beaucoup à une immense machine à remonter le temps tennistique réglée sur 2009. Et qui de mieux que l’historique Jean-Paul Loth, consultant pour le diffuseur Eurosport, pour nous expliquer ça ?

Nous sommes en 2009 et en 2017, Roger Federer et Rafael Nadal jouent « leur meilleur tennis »

C’est un peu le classico du tennis. Huit fois, Roger Federer et Rafael Nadal se sont retrouvés en finale d’un Grand Chelem. Sauf que ça date un peu. La dernière fois ? En 2011 à Roland-Garros. La dernière fois en Australie ? 2009. Autant dire que sept ans après leur dernière escarmouche à Melbourne, voir les deux monstres du début des années 2000 à une broutille (battre Wawrinka en demi pour le premier, enchaîner Raonic puis Dimitrov ou Goffin pour le second) s’y retrouver dimanche, ça ferait tout drôle. Comme un coup de jeune. Et pourtant, c’est tout sauf impensable tant les deux hommes déroulent depuis le début de la quinzaine.

Les rencontres entre Nadal et Federer
Les rencontres entre Nadal et Federer - Capture d'écran

L’avis de Jean-Paul Loth : « Qui pensait que c’était terminé ? On avait réglé le cas de Federer alors qu’il était en finale de l’US Open il y a 18 mois et qu’il joue encore un tennis remarquable. Il n’arrive pas au bout car il a été blessé et que quand on est blessé à 35 ans, on ne revient pas avec la même fougue qu’avant. Mais il semble en bonne santé et c’est un point d’interrogation qu’on peut effacer. Il joue actuellement son meilleur tennis : la tannée qu’il met à Berdych, c’était une merveille. La question, c’est jusqu’à quand et contre qui son meilleur tennis va-t-il buter ? Le premier qui lui a posé des problèmes, c’était Nadal. L’Espagnol n’a qu’un an de plus que Djokovic ou Murray et on savait qu’il pouvait revenir s’il n’était pas blessé, à condition de se faire un physique et une confiance tennistique. Il joue l’un des meilleurs tennis qu’il n’a jamais pratiqué. Mais lui aussi, comme Federer, sera-t-il capable de le jouer contre des mecs aussi forts que lui, pendant 4h ou 5h ? »

Nous sommes en 2009 et 2017, Novak Djokovic et Andy Murray craquent en Grand Chelem

Novak Djokovic et Andy Murray ont souvent dû se demander à quoi auraient ressemblé leurs carrières si les deux monstres n’avaient pas été là. Pas sûr qu’elles auraient été très différentes. Alors qu’ils sont désormais devenus les patrons imbattables du circuit, ils ont craqué inexplicablement contre des quasi-inconnus (Istomin et Zverev) lors de cet Open d’Australie. Comme ils avaient déjà tendance à le faire en 2009. A l’époque, le Serbe est tête de série n°3 et explose de fatigue en quarts contre Roddick. Murray, n°4, gicle contre Verdasco en huitièmes. Et dire qu’on les croyait intouchables…

Djokovic s'est fait sortir contre toute attente
Djokovic s'est fait sortir contre toute attente - Aaron Favila/AP/SIPA

L’avis de Jean-Paul Loth : « C’est presque étonnant. J’imagine que Murray ayant vu Djokovic perdre s’est dit que la voie était ouverte. Il est tombé face à un joueur (Zverev) capable de battre des types dans les 15 premiers mondiaux, se crispe un peu parce qu’il sent qu’il n’est pas dans un bon jour et se fait cueillir, mais ça ne veut pas dire qu’il est cuit pour l’année. Le cas Djokovic est un peu plus complexe. Est-ce qu’il en a marre ? Est-ce qu’il est fatigué ? Préoccupé ? Il a des baisses physiques réellement importantes sur le court. Quand il n’est pas capable de couvrir le terrain de manière insensée, d’arriver sur la balle plus tôt, il devient un joueur comme un autre. Plus le premier ou deuxième mondial, mais entre la 5e et 20e place. Les quatre géniaux sont tous logés à la même enseigne, ils jouent sur des physiques énormes. S’ils sont en peu en dessous : ils sont prenables. »

Nous sommes en 2009 et en 2017 (et tout le temps en fait), les Français bégayent

Murray et Djokovic out, Federer et Nadal un peu usés, des Français en bonne forme, on la voyait venir grosse comme une maison « la chance ou jamais » de gagner un Grand Chelem. Mais comme en 2009, comme à chaque tournoi majeur en fait, Gasquet, Monfils et Tsonga ont tous bégayé l’un après l’autre face au moment le plus important. Laissant comme l’impression que cette génération n’y arrivera décidément jamais.

L’avis de Jean-Paul Loth : « On n’est pas presque déçu, on est déçu. Monfils et Tsonga pratiquaient un super tennis, ils jouaient tellement bien que j’ai dit au micro qu’ils pouvaient remporter le tournoi. Mais ils n’arrivent pas à le faire juste au moment où il faut le faire contre les meilleurs mondiaux. Ils étaient rapides et volontaires sur le court jusque-là… Et merde, qu’est-ce qu’ils nous sortent des cagades ? Ils font ce qu’ils peuvent et on en a fait des joueurs meilleurs que ce qu’ils ne sont et que ce qu’ils ne peuvent être. On voudrait qu’il soit des joueurs capables de gagner des Grand Chelems. Ils ont une petite chance, mais une toute petite. Ils sont dans le troisième rideau de ceux qui peuvent gagner, Et déjà ceux du deuxième n’y arrivent pas… Ils ne battent pas les tout meilleurs 5 ou 6 fois dans l’année, alors pourquoi subitement le feraient-ils en Grand Chelem ? »