Le fiasco des JO de Rio vous a amusé ? L’élection à la présidence de la fédération française de tennis peut aussi vous plaire. Trois mois avant le vote, la campagne mérite franchement qu’on s’y intéresse . Car en termes de tacles et de manœuvres en coulisses, on y est quand même bien servi.

Si vous n’avez pas suivi – et c’est logique – l’histoire, en voilà un petit résumé. Après deux mandats, ne souhaite plus tenir les rênes de la FFT quatre années supplémentaires. On se retrouve alors avec trois candidats :

• Le secrétaire général de la FFT, et favori, Bernard Giudicelli
• Le vice-président de l’institution, Jean-Pierre-Dartevelle
• Le vice-président du tennis club de Paris et outsider, l’avocat Alexis Gramblat

Voilà pour les personnages. Et voici pour les tensions.

Lettres anonymes et plaintes

Une enveloppe au fond de la boîte aux lettres. A l’intérieur, des pages de texte simplement accompagnés d’un post-it où il était écrit « ça peut vous aider ». Et voilà comment Alexis Gramblat a eu entre les mains un e-mail de , l’un des responsables de la campagne de Bernard Giudicelli, où il détaille les angles d’attaque pour contrer l’argumentaire de l’avocat. En politique, on appelle ça .

« On a quatre feuilles de calomnie. J’ai décidé de porter plainte pour diffamation parce que je n’entends pas me laisser faire », explique l’outsider du scrutin. Il n’est pas le seul. Le favori Bernard Giudicelli a également décidé d’aller en justice après une lettre anonyme, arrivée en avril au siège de la FFT, dans laquelle le fonctionnement de la fédération est critiqué.

Ce serait simple si tout s’arrêtait là. Au rayon des attaques anonymes, Alexis Gramblat assure également être visé par des e-mails critiques. Ces courriels, que 20 Minutes a pu consulter, se veulent les porte-voix des bénévoles, sont adressés à de nombreux présidents de clubs et l’attaquent sur plusieurs points « curieusement identiques » à ceux mis en avant par Stephan Post, dénonce le candidat. Si nous avons écrit à l’adresse électronique à l’origine des attaques, nous n’avons pas reçu la moindre réponse.

Ça se titille entre candidats

« Les informations que vous me communiquez se placent dans le cadre habituel d’une campagne électorale où chacun est, selon les moments, à l’origine ou la cible d’attaques ou de mises en cause. » Le 21 octobre, adresse un courrier recommandé à Alexis Gramblat pour lui indiquer son refus de créer une haute autorité de la campagne malgré les tensions. Un climat dénoncé par Jean-Pierre Dartevelle sur sa page Facebook samedi.

« Il y a une forme de désinformation, de manipulation sur les chiffres, on manque de respect aux candidats en lice, regrette-t-il. Moi, je veux rester dans une campagne d’idées. J’ai un projet ambitieux qui ne se contente pas de donner des formules marketing. »

« Les robinets d’eau tiède, on a donné, répond Bernard Giudicelli, qui se plaît à présenter l’offre de Dartevelle comme une " tisane " en opposition à son " cocktail vitaminé ". On ne met pas en cause les gens, on met en cause ce qu’ils disent. On parle d’un poste où l’on représentera la France. »

Des vieilles affaires dans la campagne

On peut dire que les instances de la FFT ont vécu une année 2016 perturbée. En janvier, Le Canard Enchaîné affirme que à son profit. En mars, pour malversation et trafic d’influence au sein de la fédération. En juin, l’hebdomadaire satirique affirme que Jean-Pierre Dartevelle et Bernard Giudicelli sont soupçonnés dans cette affaire des billets.

« On a transmis les éléments à la justice, elle tranchera », répond le secrétaire général, tandis que Jean-Pierre Dartevelle préfère nous renvoyer au communiqué de la FFT. « L’image de la Fédération, attachée à ses dirigeants historiques, est mauvaise. Il faut du renouveau, lance Alexis Gramblat, qui ne manque pas de rappeler le licenciement douloureux et le fiasco des JO de Rio. Il faut mettre des hommes et des femmes nouveaux qui n’ont rien à voir avec ces affaires. »

Le 1er décembre, les trois hommes auront l’occasion de s’expliquer puisque beIN Sports diffusera ce soir-là un débat présidentiel. On ne devrait pas y manquer de sujets de conversation.