TENNISUS Open: Le dernier combat de Mardy Fish, ou le joueur le plus angoissé de l'histoire

US Open: Le dernier combat de Mardy Fish, ou le joueur le plus angoissé de l'histoire

TENNISL’ancien numéro 7 mondial dispute le dernier tournoi de sa carrière à New York…
Nicolas Camus

Nicolas Camus

Une victoire contre Gilles Simon, et puis le trou noir. Il y a trois ans, Mardy Fish a presque dit adieu à sa carrière en plein US Open. Qualifié pour les 8es de finale aux dépens de « Gillou », l’Américain est obligé de déclarer forfait juste avant d’affronter Roger Federer à cause d’une sévère crise d’angoisse. Fish, numéro 7 mondial l’année précédente, ne s’en remettra jamais vraiment. Depuis, il n’a pu rejouer que quelques matchs sur le circuit et s’apprête, après cet US Open où il fait son grand retour cette année, à mettre un terme à sa carrière.


« Je veux jouer, encore. Mais je ne sais pas si j’en suis capable. C’est une souffrance et une bataille quotidienne », disait-il le mois dernier à USA Today. Alors il profite à fond de son dernier tour de circuit. Il a battu - à sa grande surprise - l’Italien Marco Cecchinato lors de son entrée en lice (6-7, 6-3, 6-1, 6-3), lundi, et retrouve Feliciano Lopez mercredi au 2e tour.



L’histoire de Mardy Fish est tout à fait singulière dans le sport de haut niveau. Des crises d’une telle violence, « ce n’est pas du tout fréquent », selon la psychologue du sport et préparatrice mentale, Nathalie Crépin. « Une étude publiée il y a quelques années montre que 29 % des sportifs souffrent d’un trouble anxieux. Ce qui est donc assez classique. Mais les crises, non », précise-t-elle. En d’autres termes, la pression, le stress ou le fait de devoir assumer un résultat seul (les sports individuels sont plus touchés par le phénomène) peuvent inquiéter au quotidien, mais de là à s’effondrer totalement, cela n’arrive presque jamais.

Fish a vécu cette sorte de « burn-out ». Suite à son départ précipité de Fleashing Meadows en septembre 2012, il subit parfois des crises de panique toutes les 15 à 30 minutes. Son cœur ne le laisse jamais tranquille. Il est victime d’arythmie cardiaque. « J’étais au fond du trou. Ce n’est pas comme si j’avais juste besoin de quelques médicaments ou d’une thérapie de couple pour m’en sortir », raconte-t-il à ESPN. Il doit alors s’éloigner du sport professionnel, pour longtemps.

>> Lire ici le récit de son calvaire sur le site d’ESPN

Aujourd’hui, à 33 ans, l’Américain n’est pas guéri mais se connaît suffisamment pour tirer sa révérence comme il se doit. Et pour partager son histoire, « pour qu’une personne, ou 10, ou 100, peu importe, puisse s’appuyer dessus pour se dire qu’elle n’est pas seule, que quelqu’un a connu ça et s’en est sorti ». Et apprenne à lire ses émotions. « Dans le sport de haut niveau, ce qui fait la différence, de plus en plus, c’est la gestion des émotions, ajoute Nathalie Crépin. Ce n’est pas sur le plan technique ni sur le plan tactique. Maîtriser ce que l’on ressent est un élément fondamental de la performance. » Ça peut aussi, accessoirement, faciliter la vie dans bien d’autres domaines.