RUGBYComment les All Blacks conservent « une aura incroyable » en France

Coupe du monde de rugby : Comment les All Blacks conservent « une aura incroyable » en France

RUGBYSi elle semble sportivement loin de ses meilleures années, la Nouvelle-Zélande, qui affronte l’Italie ce vendredi (21 heures) au Parc OL, continue d’être « inspirante », au-delà du monde du rugby, en se rendant très disponible à Lyon
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • Battue par les Bleus lors du match d’ouverture de la Coupe du monde de rugby (13-27), la Nouvelle-Zélande n’a pas le droit à l’erreur, ce vendredi (21 heures) au Parc OL de Décines, au moment d’affronter l’Italie.
  • Si des doutes entourent sportivement les All Blacks pour ce Mondial, leur popularité reste immense en France, comme 20 Minutes a pu en attester jeudi en assistant à Lyon à une rencontre privilégiée entre six joueurs et une soixantaine d’élèves venus de l’Ain.
  • Outre ce moment très sympa partagé avec ces enfants au Matmut Stadium de Gerland, les partenaires d’Aaron Smith sont régulièrement aperçus à Lyon, où leur disponibilité et leur simplicité épatent le grand public.

Au Matmut Stadium de Gerland,

« Allez, tu gères, tu es au top ! » Il n’a pas fallu longtemps à Aaron Smith pour maîtriser ces quelques mots en français et les balancer à tout-va à une soixantaine d’enfants. Dans le cadre du programme associatif The Daily Mile, qui encourage la pratique quotidienne de la course à pied (ou de la marche) à l’école, deux classes d’établissements de l’Ain ont eu la chance de rencontrer six joueurs des All Blacks au Matmut Stadium de Gerland jeudi.

Oui oui, à la veille de l’alléchante affiche de la Coupe du monde de rugby Nouvelle-Zélande - Italie au Parc OL, Aaron Smith, Ardie Savea, Codie Taylor, Tupou Vaa’i, Caleb Clarke et Tamaiti Williams (« celui qui ressemble au héros dans Vaiana » selon le speaker de l’événement) ont passé quasiment deux heures avec les élèves de CM2.

Aaron Smith assiste au départ du Daily Mile des enfants de deux écoles de l'Ain, jeudi à Gerland.
Aaron Smith assiste au départ du Daily Mile des enfants de deux écoles de l'Ain, jeudi à Gerland. - Jérémy Laugier/20 Minutes

« Les All Blacks inspirent tellement de monde que c’est un jour dont ces enfants se souviendront toute leur vie », note Gordon Banks, directeur du Daily Mile. Net vainqueur au jeu des tours de pelouse de Gerland enchaînés sous les encouragements des All Blacks, Anaël (10 ans) jubile : « A la base, je suis plus intéressé par le football. Mais ça fait tellement bizarre de pouvoir s’amuser comme ça avec de telles stars. » Car après la course, les enfants venus des petites communes de Jayat et de Saint-Trivier-de-Courtes (Ain) ont pu participer à des ateliers de rugby aux côtés des joueurs néo-zélandais, et même les interviewer sur leur carrière, leur pays et leurs tatouages maoris.

« Ça nous met dans les meilleures conditions pour l’Italie »

« On se rend compte qu’on n’a pas juste affaire à des sportifs de haut niveau mais à des légendes, confie Gaëlle Vallier-Dubois, inspectrice de l’Education nationale dans la Bresse. C’est une chance incroyable, quand on voit comment les six joueurs prennent du temps avec les enfants, toujours avec le sourire. » C’est ce qui sautait aux yeux jeudi à Gerland : on était aux antipodes d’une opération de marketing vite bâclée comme on en voit tant dans le sport professionnel français. Les All Blacks ont plus que jamais justifié leur statut d’ambassadeurs hors pair de leur sport, en multipliant les attentions, câlins et photos/autographes, dans un timing de veille de (gros) match où le repli sur soi et les huis clos sont si souvent légion dans pareille compétition.

« On ressent un engouement et un amour incroyables de la part des enfants, ce qui nous met dans les meilleures conditions en vue du match contre l’Italie, explique Aaron Smith. Et puis ça fait du bien de prendre l’air, de nous balader. Ça fait partie de la vie d’un rugbyman professionnel d’être reconnu dans la rue et de prendre des photos avec les gens. C’est toujours appréciable de se connecter aux fans, et ils sont très respectueux en France, où on peut sentir la forte passion pour ce sport. On fait tous notre maximum afin de remercier le public pour cette passion, avec des photos et des autographes. » »

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L’expérimenté demi de mêlée, champion du monde en 2015, s’est même prêté au jeu jeudi d’un… débrief de haka de l’Ain ! Avant cette journée également marquée par la longue visite de Sam Cane, Dalton Papali’i et Sam Whitelock au sein de l’école Marie Bordas (Lyon 8e), ainsi que celle de quatre autres joueurs à l'Hôpital Femme Mère Enfant (HFME) de Bron, les Néo-Zélandais avaient déjà signé des sorties publiques remarquées, comme la visite d’un magasin Adidas à Paris, mais surtout un entraînement ouvert au public, le 18 septembre à Bordeaux, devant 10.000 spectateurs. Un franc succès populaire qui sera reconduit mercredi prochain à Gerland, à la veille du dernier match de poule des All Blacks contre l’Uruguay.

« On a vraiment envie de découvrir le plus de choses possibles ici »

Conquis par « le climat actuel, l’histoire de la France mais aussi le pain, les croissants et le chocolat », Aaron Smith ne s’en cache pas : « D’habitude, quand on vient en France, c’est seulement pour une semaine. Là, c’est spécial pour nous de passer du temps à Toulouse, à Bordeaux, à Paris, et surtout à Lyon où se trouve notre camp de base. On a donc vraiment envie de découvrir le plus de choses possibles ici ». Et les commerçants lyonnais ne risquent pas de s’en plaindre. Certains ont ainsi été bluffés d’accueillir des joueurs actuels de l’équipe néo-zélandaise. C’est le cas d’Hugo Boissin (34 ans), propriétaire du restaurant mexicain le Piquin (Lyon 3e).

Ancien pilier amateur, le restaurateur lyonnais Hugo Boissin a eu la drôle de surprise de voir débarquer un soir trois beaux bébés, Ethan de Groot, Luke Jacobson et Dalton Papali’i.
Ancien pilier amateur, le restaurateur lyonnais Hugo Boissin a eu la drôle de surprise de voir débarquer un soir trois beaux bébés, Ethan de Groot, Luke Jacobson et Dalton Papali’i. - Piquin

Le vendredi 1er septembre, soit pile une semaine avant le choc inaugural contre les Bleus, il voit débarquer « à l’improviste » Ethan de Groot, Luke Jacobson et Dalton Papali’i. « J’étais vraiment impressionné de voir des gars d’une équipe aussi mythique, raconte Hugo Boissin. J’ai eu de la chance car deux gendarmes leur ont conseillé mon restaurant à leur arrivée à Lyon. Depuis, ils viennent en toute simplicité quand ils ont une soirée off. L’autre fois, j’ai reçu un message sur Instagram d’Ethan, qui voulait réserver pour dix joueurs en terrasse. Comme je suis un grand fan de rugby, on a arrangé ça… Je leur ai offert un petit digestif, mais ils sont bien plus vigilants que d’autres rugbymen que j’ai pu voir à l’œuvre en troisième mi-temps. »

« Très loin d’une image de stars qui se la pètent »

Responsable du salon Chrissbarber Shop (Lyon 6e), Laurie Delpozo a vécu la même expérience ce mois-ci : « Ils sont venus en trottinette, à six, et je n’ai pas mis longtemps à les reconnaître. Comme j’étais seule au salon ce jour-là, j’ai été prise de court. Mais on s’est organisé pour aller le soir même coiffer une trentaine de joueurs et le staff directement dans leur hôtel à Gerland. Ils nous ont remerciés en nous offrant un maillot dédicacé par toute l’équipe ».

La grande excitation que provoque pour le grand public chaque sortie des All Blacks montre à quel point cette équipe reste culte, malgré un statut remis en cause ces dernières années et l’incontestable défaite inaugurale contre les Bleus (13-27). « Ils savent qu’ils ont une aura incroyable et ils jouent le jeu, résume Hugo Boissin. Ils sont très loin d’une image de stars qui se la pètent. A chaque venue dans mon restaurant, je les trouve super discrets et respectueux. C’est amusant de voir de tels gabarits aussi doux. Ils prennent volontiers des photos avec les clients. »

« Ils ne créent pas une distance et un fanatisme »

Manager France du Daily Mile, Thomas Manfredini poursuit en revenant sur le temps fort de jeudi à Gerland : « Ils sont systématiquement là pour des échanges réels. Au-delà de leur sport, ils ont permis à ces enfants d’un territoire rural de découvrir un pays et une culture. En Nouvelle-Zélande, ils se rendent très souvent dans des écoles, ils ne créent pas une distance et un fanatisme comme on pourrait l’imaginer. »

Titularisé contre la Namibie, Caleb Clarke n'a pas été retenu pour l'alléchant affrontement contre l'Italie ce vendredi. Mais il s'est offert un sacré bain de foule auprès des enfants, jeudi à Gerland.
Titularisé contre la Namibie, Caleb Clarke n'a pas été retenu pour l'alléchant affrontement contre l'Italie ce vendredi. Mais il s'est offert un sacré bain de foule auprès des enfants, jeudi à Gerland. - Jérémy Laugier/20 Minutes

Reste à ne pas oublier d’être aussi convaincants sur le terrain ce vendredi, sous peine de vivre une désillusion historique contre l’Italie, qui serait synonyme d’élimination dès la phase de poules. « Après deux semaines sans match, on a hâte d’enfin rejouer, lance Aaron Smith. On se sent frais, excités, et prêts à fournir du spectacle pour notre premier match à Lyon. » On connaît des parents bressans en pleine négociation avec leurs enfants, déterminés comme jamais à veiller pour déguster ce possible show des All Blacks.