médaille d’orGénial et providentiel, Antoine Dupont est-il le nouveau Zidane ?

JO 2024 – Rugby à 7 : Génial et providentiel, Antoine Dupont est-il déjà tout là-haut avec Zidane ?

médaille d’orMédaille d’or olympique avec l’équipe de France de rugby à 7 à domicile, le demi de mêlée du Stade toulousain ajoute une énorme ligne à son palmarès. Sa virtuosité mais aussi sa notoriété et sa sympathie lui valent d’être comparé… à Zinédine Zidane
JO 2024 : « On est champions olympiques ! »... Les rugbymen racontent leur victoire
William Pereira

William Pereira

L'essentiel

  • Antoine Dupont et l’équipe de rugby à 7 ont été sacrés champions olympiques de rugby à 7, dimanche, après leur victoire contre les Fidji. Enorme en finale, Dupont ajoute une ligne de plus à sa légende. Serait-il le nouveau Zizou ?
  • Comme Zidane, Antoine Dupont se montre décisif dans les moments cruciaux, est bourré de talent et jouit d’une cote de popularité grandissante
  • Et comme ZZ, il a marqué un doublé en finale contre la meilleure équipe du monde de sa discipline. Décidément…

De notre envoyé spécial,

Qu’il est agaçant, cet Antoine Dupont. Des jours, des semaines que les journalistes s’évertuent à ne pas braquer les projecteurs à outrance sur sa personne, à vanter les vertus collectives du rugby à 7, à raconter l’histoire des hommes qui composent cette équipe de France, bref, à ne pas manquer de respect à ses coéquipiers septistes. Et que fait le Toulousain en retour ? Il prend le ballon, enrhume la défense adverse sur 70 mètres et délivre un caviar à un coéquipier – Aaron Grandidier – pour que celui-ci marque l’essai. Le tout en finale des Jeux olympiques, à Paris dans un Stade de France en transe et contre la meilleure équipe du monde. Invaincus depuis le retour du rugby aux JO, les Fidji ont trouvé en Antoine Dupont leur kryptonite.

La France, elle, a peut-être trouvé son nouveau Zinédine Zidane. Oui, vous avez bien lu. Le successeur du double Z n’était pas là où on l’attendait. Ce n’était pas Camel Meriem, pas Yoann Gourcuff, pas Marvin Martin, bref, pas un joueur de football, mais bien cette petite boule de muscle d’1m74 pour 86kg que l’on appelle Antoine Dupont. Notre crainte de la vindicte populaire étant ce qu’elle est, on ne pouvait pas débarquer avec cette analogie blasphématoire sans l’étayer au minimum. Déjà, notons que le roi Zizou s’est empressé d’appeler Toto et sa bande samedi soir.

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Ensuite, on citera le même Zidane, qui déclarait, à l’occasion d’une rencontre avec Toto organisée par Brut au lendemain de la victoire contre les All Blacks lors de la Coupe du monde 2023 : « c’est la première que je le vois, et je me vois un petit peu en lui. Un peu timide, calme, tranquille… » Et si ça ne vous suffit pas, on a prévu un gros paquet de points commun dans notre sac à dos de docteurs ès théories capillotractées.

La victoire au Stade de France, à la maison

Evidemment, le meilleur pendant rugbystique de France 98 aurait été France 2023 en rugby à XV. Mais il y avait trop de circonstances défavorables aux hommes de Fabien Galthié pour qu’ils puissent imiter ceux d’Aimé Jacquet : la blessure de Romain Ntamack d’abord, puis la gueule cassée d’Antoine Dupont dans un match à deux balles qui a fini par rendre les choses trop compliquées. Et puis, soyons honnêtes. Le rugby n’est pas le foot. Si ce dernier est capable de s’asseoir à la table des Jeux olympiques, la grand-messe de l’ovalie peut tout au mieux s’identifier aux jeux du Commonwealth (oui bon, ok, elle est un peu sévère, celle-là). En ce sens, la médaille d’or olympique avec les septistes est presque plus forte et fédératrice à grande échelle.

Le doublé contre la meilleure équipe du monde en finale

En plus de sa passe décisive de mutant au début de la seconde période, Toto Dupont a eu la bonne idée de planter deux essais en finale des JO. Le clin d’œil à Zizou et ses deux coups de crâne contre le Brésil est évident. Aucune hérésie par ailleurs dans la comparaison entre la Seleção et les Fidji, apôtres du Joga bonito rugbystique à 7. Ce n’est pas Jérôme Daret, le sélectionneur français, qui nous contredira sur ce point. « Ce sont les meilleurs joueurs du monde. C’est leur jeu, c’est comme les Brésiliens au foot, c’est pareil. Les Fidjiens quand ils jouent au rugby à 7 ils le font pour s’amuser et se régaler. » Si ça, c’est pas la définition du foot brésilien d’avant…

Déterminant dans les moments clés

Zidane et Dupont partagent aussi un talent créatif fou et une maîtrise fascinante dont la particularité est de se révéler dans les moments cruciaux. C’est ce qui avait marqué le demi de mêlée chez Zizou, dans une interview à l'automne dernier. « Au-delà de 1998, et le statut qu’il a eu et qu’il a assumé, il a toujours été présent dans les gros matchs. Je parlais de 2006, et je me souviens bien sûr de ce quart de finale contre le Brésil où on a vu que lui. » D’Antoine Dupont, on commence aussi à se souvenir de beaucoup de choses. Un chiffre déjà : il n’a jamais perdu de finale en pro. Un autre chiffre : en 2024, il a joué et gagné quatre finales, lors desquelles il a été élu homme du match trois fois. Providentiel.

La popularité et la discrétion

On surveillera de très près le classement des personnalités préférées des Français à la fin de l’année 2024. On ne serait pas étonné de voir Toto égaler la première place que Zinédine Zidane était allé chercher à plusieurs reprises au début du siècle. Un quart de finale de Coupe du monde à la maison et une victoire au tournoi des VI nations avaient suffi à le propulser à la 38e place en 2023. Au vu du boucan qui accompagnait l’annonce de son nom tout au long du tournoi olympique, y compris quand il est passé remplaçant, et pour avoir assisté, la semaine dernière, à une séance de dédicaces post-entraînement où Dupont était sursollicité, on ne peut s’empêcher de penser que le bonhomme est parti pour prendre une toute autre dimension.

D’autant plus que le Toulousain a pour lui une forme de modestie qui lui permet d’attirer la sympathie sans avoir besoin de forcer. Sa façon de ramener le match des Fidji à l’échelle collective après la rencontre, alors qu’il le gagne pratiquement tout seul renvoie aux propos de Jérôme Daret, en zone mixte :

« « Antoine est arrivé dans l’équipe avec beaucoup d’humilité et pour se challenger. Le signal qu’il a envoyé à cette équipe est un signal puissant, c’est-à-dire ''je veux venir avec vous pour être champion olympique''. Quand le meilleur joueur du monde vous dit ça, ça vous transcende, ça vous amène beaucoup de puissance. » »

Bonus : La pub Volvic

« D’abord la chaussette gauche… » Oui, écoutez, on est très sensibles à culture pub, ça va avec notre époque. Et si la pub Volvic de Toto avec Éric Judor a un peu moins de charisme que celle de Zidane, elle a le mérite d’exister et de lier un peu plus les deux hommes.