XV de France : L’affaire Jegou et Auradou en Argentine place les Bleus en plein « traumatisme »

Place au rugby malgré tout ? On imagine les difficultés pour Fabien Galthié de mobiliser ses joueurs en vue du test-match contre l’Uruguay, ce mercredi (19 heures, heure française) à Montevideo. « Il est difficile aujourd’hui d’adresser un message dans ces conditions, nous devons jouer, porter le maillot, continuer à traverser cette période difficile », résume le sélectionneur du XV de France, qui a évidemment mal vécu l’arrestation, lundi en Argentine, de deux jeunes joueurs, Oscar Jegou et Hugo Auradou, accusés d’agression sexuelle.

« Pour le groupe, pour la délégation, ça a été vécu comme un traumatisme, une forme de sidération quand on a appris les nouvelles et lorsque la police a débarqué à l’hôtel à Buenos Aires. Ça a été une journée très difficile, très, très dure. Un moment très difficile à vivre », a confié Fabien Galthié mardi soir, lors de la conférence de presse d’avant-match.

« Des preuves concrètes en faveur des joueurs »

Le deuxième ligne de Pau Hugo Auradou (20 ans) et le troisième ligne de La Rochelle Oscar Jegou (21 ans) sont en garde à vue à Buenos Aires et doivent être transférés ce mercredi pour être entendus à Mendoza (centre-ouest de l’Argentine), lieu de l’agression présumée où les Français ont disputé samedi leur premier match de leur tournée sud-américaine face à la sélection argentine.

A Mendoza, « nous y présenterons des preuves en faveur des joueurs, des preuves que nous avons, concrètes, et la justice de Mendoza décidera alors de libérer ou non les joueurs », indique l’avocat des deux joueurs, Rafael Cuneo Libarona. Selon le média argentin MDZ, l’agression présumée d’une jeune femme a eu lieu dans les heures suivant la rencontre, dans la nuit de samedi à dimanche, au Diplomatic Hotel de Mendoza, où logeaient joueurs et staff.

« Travailler sans concession sur le respect des règles »

Des sources policières anonymes ont indiqué que les joueurs avaient rencontré la victime présumée dans un bar à la suite du match. Après quelques verres, la jeune femme aurait été prise de vertiges et emmenée à l’hôtel, lieu de son agression présumée. Dans un communiqué publié mardi, la Fédération française de rugby a indiqué que le président de la FFR Florian Grill et son vice-président Jean-Marc Lhermet avaient rencontré les deux joueurs.

« Ces derniers ont confirmé avoir eu dans la nuit une relation sexuelle avec la jeune femme mais ont fermement nié toute forme de violence », a précisé l’instance. Fabien Galthié a lui tenu à rappeler que « la première des choses, c’est de nous adresser à la victime, nous avons une pensée pour la victime ». Avant de souligner : « Le cadre de vie, je le répète, c’est un travail qu’il faut consolider au quotidien, sans relâche. Répéter et travailler sans concession sur le respect des règles, du savoir-vivre en société et de la liberté ».

La suite de la tournée sud-américaine maintenue

La procureure générale de Mendoza avait plus tôt indiqué que « la déposition [de la victime présumée] était assez longue, complète, détaillée et correspondait, pour l’heure, aux conclusions médico-légales ». « Les lésions sont compatibles avec le récit de la victime, mais pas nécessairement exclusivement issues d’une agression sexuelle », a ajouté la magistrate qui a demandé le placement en détention provisoire des deux joueurs. Selon le porte-parole du parquet de Mendoza, Martin Ahumada, Hugo Auradou et Oscar Jegou pourraient encourir jusqu’à vingt ans de prison.

Tout juste arrivé mardi à Buenos Aires, Florian Grill, qui devait accompagner les Bleus de Fabien Galthié pour Montevideo, a affirmé qu’il restait dans la capitale argentine pour « gérer » l’affaire. « Il y a une enquête en cours. Le fait que nous soyons là avec Jean-Marc Lhermet est une bonne chose. On pourra accompagner et faciliter cette enquête », avait affirmé un peu plus tôt Florian Grill à quelques journalistes.

Celui-ci a précisé que « pour le moment, la poursuite de la tournée » n’était pas remise en cause, malgré cette affaire Jegou et Auradou, mais aussi celle des propos racistes « totalement inacceptables » prononcés dans une vidéo par Melvyn Jaminet, mis à l’écart du groupe et renvoyé en France. Le XV de France, avec un groupe très largement rajeuni et sans ses cadres, doit à nouveau défier les Pumas samedi à Buenos Aires. Il sera difficile d’avoir de réelles considérations sportives pour ces deux matchs à venir au vu du dramatique contexte extra-sportif.