Commotions dans le rugby : D’anciens joueurs attaquent en justice la LNR et la FFR
DANGERS•Une quinzaine d’anciens joueurs et joueuses accusent les instances françaises du rugby de manquements à leurs obligations de sécurité et d’information au sujet des commotions20 Minutes avec agences
Ils accusent les instances françaises du rugby de ne pas les avoir suffisamment protégés contre les commotions. D’anciens joueurs ayant évolué dans l’Hexagone s’apprêtent à déposer des recours en justice, a appris ce mercredi l’AFP auprès de leurs avocats.
Cette procédure à l’encontre de la Fédération française (FFR) et de la Ligue (LNR), qui fait écho à celle intentée en décembre 2020 par une centaine d’anciens rugbymen contre World Rugby et les Fédérations anglaise et galloise, est « une première en France », selon Nino Arnaud, avocat au barreau de Marseille, confirmant une information du quotidien sportif L’Equipe.
Démence précoce, épilepsie, maladie de Parkinson
Parmi cette quinzaine d’anciens joueurs et joueuses ayant évolué dans les championnats français entre 2003 et 2022, figurent les internationaux canadien Jamie Cudmore et néo-zélandais Carl Hayman, déjà à l’origine de la procédure collective engagée au Royaume-Uni. Le talonneur amateur Quentin Garcia ou la deuxième ligne de Rennes Sarah Chlagou font aussi partie des plaignants.
Dans un courrier adressé le 18 novembre à la FFR et à la LNR, dont l’AFP a pris connaissance, Maître Arnaud et son associé au barreau de Paris, Foucauld Prache, annoncent qu’ils comptent déposer à l’encontre de ces deux instances « une action en responsabilité » devant le tribunal administratif de Paris. Selon eux, « la survenance des différents troubles affectant » leurs clients, tels que lésion cérébrale permanente, démence précoce, épilepsie post-traumatique, maladie de Parkinson ou dépression, « aurait pu être évitée », ou du moins diminuée, si la FFR et la LNR, organisatrices des compétitions en France, « avaient rempli leurs obligations respectives de sécurité, de prudence, de diligence et d’information ».
« Ce qu’ils veulent tous, c’est que le rugby reste le rugby et qu’il n’aille pas à sa propre perte : car si on continue comme ça à nier la gravité du phénomène, un jour ou l’autre, on ne pourra plus faire du rugby comme on le pratique actuellement », a expliqué l’avocat à l’AFP.
La FFR et la LNR « prennent acte de cette démarche »
« La santé des joueurs, amateurs et professionnels est la priorité des instances du rugby français. De nombreuses actions, souvent citées comme exemplaires, sont engagées depuis des années au niveau international et national pour détecter, réduire et prendre en charge les commotions », ont réagi la FFR et la LNR dans une déclaration commune adressée à l’AFP.
« La FFR, la LNR et World Rugby travaillent sur ces questions depuis des années avec le plus grand sérieux. La démarche des joueurs, depuis longtemps entreprise devant d’autres instances, est d’ordre juridique. La FFR et la LNR prennent acte de cette démarche et y donneront les suites qu’elles jugeront légitimes », ajoutent-elles.
D’après une récente étude menée par une équipe de l’université de Glasgow, les anciens joueurs internationaux de rugby ont deux fois et demie plus de risques que la population générale de développer des maladies neurodégénératives.