RUGBYPourquoi l'UBB prend l'accent argentin cette saison avec le Covid-19

Top 14 : Pourquoi l'UBB prend l'accent argentin cette saison avec le Covid-19

RUGBYComme d’autres clubs, l’Union Bordeaux-Bègles profite de l’exil des Pumas en raison de l’épidémie pour se renforcer
Clément Carpentier

Clément Carpentier

L'essentiel

  • Depuis plusieurs mois, les joueurs argentins sont invités à trouver un club loin de leur pays par leur fédération au bord du gouffre en raison de la crise sanitaire.
  • Les clubs français comme l’UBB n’ont pas hésité à saisir l’opportunité avec des internationaux comme Guido Petti et Bautista Delguy.
  • Les deux Argentins ont rejoint leur compatriote Santiago Cordero et font les beaux jours du club bordelais.

S’adapter. C’est peut-être la première qualité du bon joueur argentin de rugby. En effet depuis quinze ans, ce n’est pas toujours évident pour les Pumas de s’y retrouver. Dans les années de 2000, ils déboulent en Europe en même temps que leur sélection explose au plus haut niveau (3e de la Coupe du Monde 2007 puis quart de finaliste en 2011 et 4e en 2015). Puis, comme d’autres fédérations avec elle, l’URA (Union Argentina de Rugby) décide alors d’interdire la sélection aux joueurs qui ne jouerait pas au pays, notamment dans la franchise des Jaguares qui vient d’intégrer le Super Rugby.

Problème, les résultats ne suivent plus. En 2018, cette même fédération entrouvre de nouveau la porte avec un quota de joueurs jouant à l’étranger dans son équipe puis finalement l’ouvre complètement il y a quelques mois en raison de l’épidémie de Covid-19. Au point de carrément pousser ses propres joueurs à quitter le pays pour continuer à jouer pour cause de Super Rugby suspendu, de tournées d’été annulées et surtout de fédération aux abois financièrement. Depuis, c’est un véritable exil ! Et les clubs de Top 14 et de Pro D2 en profitent allègrement pour se renforcer : Petti et Delguy (UBB), Paulos (Brive), Kremer (Stade Français), Boffelli (Racing), Gonzalez et Montagner (Mont-de-Marsan), De la Fuente (Perpignan), Dimcheff (Soyaux-Angoulême), Mensa (Valence-Romans) ou Bruni (Vannes).

Les Agentins Delguy, Cordero, Kremer et Petti (de gauche à droite)
Les Agentins Delguy, Cordero, Kremer et Petti (de gauche à droite) - David Gray / AFP

Petti, l’opportunité

Parmi ces clubs, il y en a qui n’a vraiment pas loupé le coche, c’est l’Union Bordeaux-Bègles. Alors que l’UBB comptait déjà l’un des meilleurs joueurs argentins du Top 14 dans ses rangs avec l’ailier Santiago Cordero (sept essais en huit matchs cette saison), le club de Laurent Marti a enrôlé Guido Petti juste avant le début de la saison et Bautista Delgy ces dernières semaines. Le deuxième ligne de 26 ans revient sur son arrivée surprise l’été dernier :

« Cela a été un moment difficile, tout s’est fait très rapidement. On m’a fait comprendre que partir à l’étranger, si j’en avais l’opportunité, serait une bonne solution. » »

Pas évident de quitter le cocon pour ceux qui font partie de la première génération de joueurs argentins à avoir pu faire carrière au pays. Et surtout pour des raisons économiques liées à la pandémie.

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Mais ce n’est pas Christophe Urios qui s’en plaindra. Même s’il a fallu gérer la polémique autour de ses tweets à caractère raciste, publiés en 2012, lors de son retour en sélection à l’occasion du Rugby Championship en novembre dernier, Guido Petti avait réalisé avant ça un excellent début de saison. « C’est un joueur de classe mondiale (53 sélections dont deux Coupe du monde). Il est très fort en touche, très intelligent, rapide dans le jeu, gros plaqueur, énorme travailleur, un mec fort. Il a les qualités d’un Argentin et parfois aussi celles d’un Néo-Zélandais », énumère son manager. Celui qui a participé à l’automne à l’historique victoire des Pumas face à la Nouvelle-Zélande a aussi le gros avantage de pouvoir jouer en deuxième ou troisième ligne.

Delguy, la vraie trouvaille

Et que dire que son compatriote Bautista Delguy. Un vrai feu follet au style inimitable avec ses chaussettes en bas des chevilles à l’ancienne. « Vrai finisseur » comme l’explique Christophe Urios, l’ailier-arrière argentin de 23 ans passé par le rugby à VII est un serial marqueur (31 essais en 50 matchs en club). « C’est un Argentin, il a la hargne et ça se voit, avoue son coéquipier Romain Buros, il est pétri de qualités, il faut presque le contrôler de temps en temps mais c’est sûr que c’est un mec qui va nous faire du bien ». Et pour le manager bordelais, « il vaut mieux avoir des joueurs à canaliser que des joueurs à pousser ! » Dès son deuxième match avec l’UBB, Bautista Delguy a inscrit un doublé face à Lyon et manqué le triplé pour seulement quelques centimètres.

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A l’image de Santiago Cordero avec qui « il se passe toujours quelque chose à chaque fois qu’il a le ballon dans les mains » rappelle Urios, la nouvelle recrue bordelaise fait partie de ces joueurs considérés comme des facteurs X. A l’UBB, il y avait un manque à ce niveau-là depuis le départ de Semi Radradra et malgré le recrutement de Ben Lam et la présence de Cordero. Il faut bien s’y mettre à trois pour faire oublier le centre fidjien. Christophe Urios, lui, est déjà impatient de pouvoir aligner de ses deux ailiers Pumas : « Il me tarde de les voir tous les deux ». Le Top 14 aussi.