UBB: «Le rugby s’est bien aseptisé» regrette le futur retraité Jean-Baptiste Poux, l’homme aux trois coupes du monde
RUGBY•Après 20 ans au plus haut niveau, le pilier international va mettre à terme à sa carrière ce week-end...Propos recueillis par Clément Carpentier
L'essentiel
- Jean-Baptiste Poux va prendre sa retraite à l'âge de 38 ans.
- Le pilier international a l'un des plus grands palmarès du rugby français.
- Il parle de l'évolution de son sport avec un peu de regrets.
C’est un Monsieur du rugby français qui va tirer sa révérence (20 ans) avec l'Union Bordeaux-Bègles, ce dimanche (12h30), face au Racing 92. Un certain Jean-Baptiste Poux. L'un des plus grands palmarès de ce sport en France : trois coupes du monde dont une finale en 2011 (42 sélections), trois tournois des VI Nations dont deux Grands chelems (2002 et 2010), trois boucliers de Brennus et trois coupes d’Europe. Cette figure historique du Stade Toulousain, passé par Narbonne et l’UBB en fin de carrière, se confie avant mettre fin pour de bon à sa carrière.
Comment abordez-vous le dernier match de votre immense carrière ?
Je me suis préparé car je savais que la fin était proche. Ça fait deux ans que je continue à jouer surtout pour dépanner. Je ne compte pas les jours et je ne me mets pas plus de pression que ça pour ce match. C’est avant tout symbolique. Je vais tout donner et serrer les dents. Je n’ai aucun regret ! C’est parfait.
Quel regard portez-vous sur votre carrière ?
J’ai eu beaucoup de chances parce que j’ai fait partie d’une génération dorée. Quand on regarde ce que l’on a fait et ce que l’on a gagné, c’est une forme de fierté. A Toulouse par exemple, j’ai fait 10 finales en onze ans pour 6 titres. Donc, je me rends compte que c’est assez énorme aujourd’hui.
Le rugby a beaucoup changé en vint ans…
L’évolution, elle est flagrante dans tous les domaines. Quand je vois les jeunes s’entraîner dans les conditions actuelles, j’aimerais être à leur place. C’est un vrai confort. Et puis la mentalité n’est plus du tout la même que lorsque j’ai commencé.
En quoi ?
Moi, je fais partie d’une génération où le rugby était moins intense mais où il y avait plus de mauvais coups car la vidéo n’existait pas. On pouvait faire de l’intimidation notamment quand on était moins fort sur le papier que l’adversaire. Certains pouvaient s’échapper à ce moment-là et il était possible de gagner ce match finalement.
Avez-vous une anecdote en particulier ?
Non, pas forcément. Bon quand j’étais à Toulouse avec le Stade Français ou Biarritz, ça se finissait souvent avec des accrochages sévères. Mais, c’est vrai que maintenant, le rugby s’est bien aseptisé. Il y a moins de mauvais coups, c’est un peu dommage parfois. C’était bien, ça resserrait le groupe. Bon après je ne veux pas parler comme un vieux con (rires).
Quel changement vous marque le plus ?
Peut-être dans la préparation d’avant-match. Les jeunes sont assez détendus aujourd’hui car c’est plus axé sur le jeu. Nous, c’était un peu à l’ancienne. On s’attrapait dans le vestiaire car on savait que sur le terrain, il allait y avoir des mauvais coups. Il fallait se tenir prêt. Et puis, les joueurs ne faisaient pas de comédie.
Vous ne vous retrouvez plus dans le rugby d’aujourd’hui ?
Si, si, mais c’est vraiment différent. Ça évolue. C’est plus plaisant à voir. Il y a beaucoup plus d’essais. C’est plus spectaculaire et c’est peut-être pas plus mal comme ça. Je suis juste là pour témoigner d’une autre époque (rires) !