XV de France: Ok on perd, mais il se fait un peu sentir l'effet Jacques Brunel (ou pas)?
RUGBY•Les Français ont perdu les deux premiers matchs du Tournoi des VI Nations…A.H.
L'essentiel
- Jacques Brunel a pris la tête des Bleus fin décembre.
- L'équipe de France n'arrive toujours à gagner et peine à convaincre.
«On ne pouvait pas continuer ainsi. Il n’y avait quelque chose qui passait plus. » Le 27 décembre, Bernard Laporte nommait Jacques Brunel à la tête des Bleus, en lieu et place de Guy Novès. Naïfs que nous sommes, on se disait que le choc psychologique provoqué par l’arrivée de l’ancien coach de l’UBB pouvait régler quelques problèmes au sein du XV de France.
Mais non, que nenni. Un mois et demi après la nomination de Brunel, la spirale infernale continue. Après la célèbre « défaite encourageante » contre l’Irlande, la France a vécu un deux de chute dans le Tournoi des VI Nations contre l’Ecosse (32-26), dimanche. Et le fantôme de Guy Novès continue de planer au-dessus de cette équipe qui n’en finit plus de décevoir. « Je veux retenir le positif de ces deux rencontres, a expliqué le sélectionneur à la fin du match à Murrayfield. On a été en mesure de les faire basculer, on avait montré qu’on pouvait rivaliser. Pour le moment, il manque un petit quelque chose, mais je pense qu’on n’est pas très loin. »
« On n’est pas loin, mais par rapport au potentiel, à notre championnat, à l’argent investi, ce n’est pas normal, réagit Vincent Etcheto, l’entraîneur de l’Aviron Bayonnais. L’Ecosse, ce n’est pas les All Blacks, ils ont la population du Pays basque. Oui, on aurait pu gagner, mais il y a quelques années, on gagnait face à ces deux équipes. » Alors, la nomination de Brunel a t-elle vraiment changé quelque chose ? « On n’a aucun fil conducteur, analyse Etcheto. Contre l’Irlande, on a vu une équipe solidaire, plutôt disciplinée, avec des bases défensives, même si le jeu était restreint. Tout l’inverse en Ecosse, où on n’a pas confirmé, alors que l’opposition était plus faible. »
« Pas de joueurs de classe mondiale »
Techniquement, l’Ecosse est devant la France au classement IRB (les Bleus sont neuvièmes, quatre place derrière le XV du Chardon) et reste sur des prestations convaincantes, si l’on omet la déculotté inaugurale face au pays de Galles dans le Tournoi des VI Nations. Suffisant pour se satisfaire des deux dernières sorties bleues ? « L’équipe de France est toujours à un niveau inférieur par rapport aux attentes du public français, explique, de son côté, l’ancien troisième ligne Richard Pool-Jones. Mais, avec Jacques Brunel, elle a le mérite de jouer. Le niveau technique est stable. Avec la cascade de défaites, il a quand même continué à donner envie de jouer. »
Si l’envie est là, dans la réalisation, c’est quand même beaucoup plus compliqué pour ce XV de France, qui ne se dépêtre pas de ses maux : indiscipline (13 fautes à Murrayfield), incapacité à tenir le ballon, manque de leadership… Le problème n’est pas nouveau, mais plus les mois passent, plus ces manques ressortent à la surface. Et tout Jacques Brunel qu’il est, ce n’est pas prêt de changer d’un claquement de doigts. « On retrouve les mêmes erreurs. Dans le contenu, il n’y a pas de révolution, analyse le coach de Bayonne. La seule façon de changer ça, c’est d’avoir une équipe avec de la continuité, avec des joueurs qui se respectent. Et ce qui donne le tempo, c’est la charnière, qui a besoin de stabilité. Il faut en dessiner une sur le long terme. Ce n’est pas grave si elle fait un ou deux mauvais matchs, il faut persévérer. »
Malheureusement, depuis 2012, 26 charnières ont été utilisées par les différents sélectionneurs du XV de France. Celle qui a eu le plus de stabilité ? Baptiste Serin et Camille Lopez, qui a été titularisée lors des cinq matchs du Tournoi des VI Nations 2017. Aujourd’hui, le numéro 9 bordelais est relégué à la quatrième place dans la hiérarchie mise en place par Brunel, derrière Parra, Dupont et Machenaud. L’ouvreur clermontois, lui, se remet d’une fracture du tibia. « On a un talonneur [Guirado] légitime qui enchaîne les bons matchs, il faut également trouver cette charnière décisive », reprend le Basque. « Il manque des grands joueurs dans cette équipe, des joueurs de classe mondiale », ajoute Pool-Jones. Et si c’était pas ça, le vrai problème ?