RUGBYComment Lamerat s’est remis d’un début de carrière pourri par les blessures

VI Nations: Mais comment Rémi Lamerat a-t-il pu devenir si fort après s'être fait deux fois les croisés?

RUGBYLe trois-quarts centre de 27 ans a mis du temps à répondre aux attentes, la faute notamment à deux graves blessures en début de carrière...
Nicolas Camus

Nicolas Camus

Pour l’instant, ce n’est pas son Tournoi. Malgré deux matchs intéressants, Rémi Lamerat reste l’homme qui a oublié d’offrir un essai tout fait à Nakaitaci contre l’Angleterre et qui a laissé échapper le ballon au moment d’aplatir face à l’Ecosse. Pas de quoi remettre en cause non plus le statut du trois-quarts centre du XV de France, évidemment titulaire en Irlande samedi pour la 3e journée des VI Nations. Guy Novès compte beaucoup sur lui. Parce qu’enfin, il sait qu’il peut.

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Rémi Lamerat, 27 ans, aurait dû s’imposer il y a quelques années déjà. Grand espoir du rugby français, il représentait l’avenir du Stade Toulousain quand il a démarré en pro, en 2009, sous les ordres de l’actuel sélectionneur de Bleus. Mais les blessures ont longtemps gâché sa vie. Des pépins à répétition ont retardé son éclosion, déjà. Avant la grosse tuile. En mars 2011, Lamerat est victime d’une rupture des ligaments croisés du genou droit. Novès ne le retient pas l’été suivant lorsque son jeune centre, en fin de contrat, lui dit qu’il veut partir à Castres pour gagner du temps de jeu.

Ce dernier y termine sa rééducation, retrouve les terrains en novembre… et se rompt à nouveau les ligaments au bout de deux matchs. Huit nouveaux mois d’arrêt. Ce seront les derniers. Après une saison à se remettre en forme, il explose en 2013-2014, au terme de laquelle il fête sa première sélection (un test-match contre l’Australie). Depuis, sa progression est linéaire et son potentiel semble enfin s’exprimer à plein à Clermont, qu’il a rejoint cette saison. Parce qu’il a su tirer les leçons de ses malheurs.

Aaaaaaah ça s'est joué à rien.
Aaaaaaah ça s'est joué à rien.  - CHRISTOPHE SAIDI/SIPA

« Avec le recul, ces deux gros pépins m’ont fait grandir. J’ai beaucoup changé depuis », disait-il en 2014. Mourad Abed, préparateur physique de Castres, s’est occupé du gaillard (1,86m, 103 kg) la saison dernière. Il raconte ce qu’il a observé de particulier chez cet ancien grand blessé :

« Forcément, quand on travaille avec lui, on a cet historique en tête. Mais on n’a pas non plus adapté les séances par rapport à lui. Il y a juste un travail spécifique à faire autour, dans tout ce qui est échauffement avant une séance par exemple. Il a pris conscience qu’il en avait besoin. Ce qui m’a frappé quand je l’ai découvert, c’est qu’avant les matchs, il s’échauffe quasiment 40 minutes dans le vestiaire, seul. C’est beaucoup plus que la normale. Il en a besoin, et ça le rassure aussi. Le facteur psychologique est toujours important chez un sportif de haut niveau ».

Pas question de parler de traumatisme non plus. Mourad Abed l’assure, Lamerat « s’engage à fond sur les entraînements, sur la muscu, sur tout ». La crainte de la blessure ne l’empêche plus d’avancer car il a appris à mieux se préparer. « C’est là où il a fait de gros progrès, reprend-il. Maintenant il se connaît. Il sait jongler avec les charges d’entraînement pour être bien, il sait gérer sa nutrition, ce qui avait parfois compliqué pour lui. »

Novès et les « petits détails qui l’empêchent de devenir un grand joueur »

Toujours à l’écoute, Lamerat s’est aussi forgé un gros mental. Indispensable, évidemment, pour se remettre d’une telle poisse. Et se dire qu’on fera une belle carrière malgré tout. « Aujourd’hui c’est quelqu’un de très solide, à tous les niveaux, estime Abed. Son physique est au-delà de la normale. Il très fort, très puissant et rapide. »

C’est ainsi que Lamerat, 13 sélections, est en train de s’installer en Bleus. « La maturité aidant, il est en train d’atteindre un niveau proche de celui des meilleurs, dit Novès. Aujourd’hui, c’est un bon joueur. Ce sont seulement des petits détails qui l’empêchent pour l’instant de devenir un grand joueur. » Comme faire la bonne passe au bon moment qui permettra à la France de gagner en Irlande, par exemple ?