Le Roland de Roger (jour 3): Sécu au taquet et photos volées, c'était Federer à l'entraînement
TENNIS•Pendant toute la quinzaine (enfin, s'il va au bout), «20 Minutes» vous fait vivre au jour le jour le tournoi de la légende Roger FedererNicolas Camus
L'essentiel
- Roger Federer est de retour à Roland-Garros après quatre ans d’absence.
- A 37 ans, il s’agit peut-être de sa dernière apparition Porte d’Auteuil.
- « 20 Minutes » a décidé de suivre le tournoi du Suisse au jour le jour.
A Roland-Garros,
Pendant toute la quinzaine (enfin, s’il va au bout), les envoyés spéciaux de 20 Minutes vous font vivre au jour le jour le tournoi de la légende Roger Federer. Entraînements, conférences de presse, entourage, nos envoyés spéciaux Porte d’Auteuil vous offrent les coulisses de ce qui pourrait bien être le dernier Roland de Roger. Aujourd’hui, le branle-bas de combat sur le site d’entraînement.
La dichotomie saute aux yeux. Il est marrant de constater, quand on suit Roger Federer, comme la décontraction du Suisse tranche avec la crispation de ceux qui gravitent autour. Mardi matin, une drôle d’ambiance règne au Tennis club de Jean-Bouin. C’est là, à deux pas du site de Roland-Garros, que joueuses et joueurs viennent profiter des 11 courts à disposition pour s’échauffer avant leur match ou se dégourdir les pattes pendant un jour off. Le Suisse avait réservé un créneau de 11 heures à 12h30 pour taper la balle avec Kei Nishikori. Et ça a bien agité la petite vie tranquille du « Practice Center ».
« Il n’y a jamais personne ici d’habitude. Y’a qu’avec lui que c’est spécial comme ça », nous souffle un membre du bureau médias du site en nous raccompagnant vers la sortie. Pour vous raconter un peu notre petite vie, il faut, pour accéder à Jean-Bouin, laisser notre accréditation à l’entrée en échange d’un brassard presse. Il n’y a qu’un nombre limité de ces brassards, et quand trop de journalistes viennent, un turn-over s’organise. Le truc qui n’arrive jamais… sauf là, évidemment.
Pendant très exactement 42 minutes, on a tout de même pu observer Roger balancer des parpaings du fond du court et faire des séries de service-retour, sous les yeux toujours très attentifs de Severin Lüthi et Ivan Ljubicic. L’atmosphère est studieuse sur le court, et un poil stressée en dehors. Le terrain numéro 29 vampirise l’attention de tout le monde. En plus des journalistes, des joueurs s’arrêtent jeter un œil en compagnie de leur coach, se mêlant à d’autres guests (adultes et enfants) non identifiés. On dénombre à un moment 62 personnes en train de zyeuter les échanges entre le Suisse et le Japonais. Ils sont six autour du court 27 pour contempler Tsonga – désolé pour la comparaison, Jo, mauvais endroit mauvais moment, tout ça tout ça.
Heureusement, par-dessus la grille...
Au milieu, une petite dizaine d’agents de sécurité déambulent, regard glaçant et talkie-walkie grésillant. Ils traquent la moindre tentative de prendre une photo ou une vidéo, chose formellement interdite sur le site sauf pour les fameux « médias détenteurs de droits ». On tente d’engager la conversation avec l’un d’entre eux, qui détourne le regard et part sans décrocher le moindre mot. On se tapote le torse pour vérifier qu’on n’est pas invisible, tout en se commençant à se demander si on ne gêne pas trop en respirant. Bref, Roger, lui, profite d’une petite pause pour tailler le bout de gras avec Michael Chang, ancien vainqueur au service à la cuillère qui coache désormais Nishikori.
Nous voilà poussé vers la sortie au moment où les deux joueurs entament un set d’entraînement. Mais on n’a pas dit notre dernier mot. Du bord du court, on avait remarqué des petits malins qui regardaient le Maître par-dessus les grilles, le long de l’avenue de la Porte Molitor. Une fois sorti, on se joint à eux. Notre voisin nous explique que c’est un pote à lui, membre du club de tennis, qui lui a envoyé un message pour l’avertir du bon plan. Pour le coup, ç’en est un vrai. Le court 29 est le seul que l'on puisse voir comme ça. « Rhoo ce revers… C’est fou de le voir jouer de si près. On le voit mieux que si on était sur le Central », souffle-t-il.
Derrière nous, un couple passe par hasard. Voyant l’attroupement, il s’arrête. L’homme passe la tête… et hallucine complètement. Il appelle aussitôt un ami. « Devine ce que j’ai sous les yeux ? ! Federer !… A l’entraînement… Si si j’te jure… Euh, on sera un peu en retard du coup hein ».
Les voilà en train de sortir leur appareil photo, comme tous leurs petits camarades qui n’ont pas peur de choper des crampes aux doigts de pied – si, c’est possible. Comme à l’intérieur, il n’y a pas le droit, normalement. Inutile de dire qu’ils n’en ont rien à faire. Un membre de l’organisation passe de temps en temps pour les rappeler à l’ordre. Ils rangent leur matos… et le ressortent dix secondes plus tard dès que ce dernier a le dos tourné.
Notre dossier sur Roger Federer
Tout le monde repartira avec son petit souvenir. A 12h15, Roger s’arrête. Trois minutes plus tard, il sort du « Practice Center ». Des fans l’attendent, évidemment. Quelques photos, quelques autographes, et le voilà grimpé dans sa voiture. Les agents de sécurité vont pouvoir souffler un peu.