Roland-Garros: Terrain trop étroit et pelote basque... Quand Gasquet battait Nadal au Challenger de Saint-Jean-de-Luz
TENNIS•La dernière fois que Richard Gasquet a battu Rafael Nadal, c'était au deuxième tour d'un Challenger WTF à Saint-Jean-de-Luz...William Pereira
De notre envoyé à Roland-Garros,
Ce samedi après-midi sur le court Philippe Chatrier, Richard Gasquet et Rafael Nadal s’affronteront pour la 16e fois sur le circuit ATP. Historique. 16, c’est par exemple un de plus que le nombre de saisons d’Urgences (mais dix de moins que le nombre de pubs Mercurochrome avant chaque épisode). 16, c’est aussi et très probablement le nombre de victoires enregistrées par l’Espagnol face au Biterrois à la fin de la journée. Ce qui signifie, vous l’aurez compris, que Rafa mène pour le moment 15-0 contre Richard. Service à suivre.
On dirait pas trop comme ça, mais la comparaison entre les deux joueurs a existé. « Elle n’a pas été si longue que ça », en rit aujourd’hui la victime préférée de l’Ibère. « A 18 ans, on a un peu arrêté la comparaison. Je l’ai eue à 14, à 13 [ans]. Plus les années sont passées, moins la comparaison était là. Mais au moins je peux dire que j’ai eu une comparaison avec Rafael Nadal. » Il l’a même battu, début janvier, à Kooyong (6-4, 7-5), mais en exhibition. Pour une victoire officielle de Richard sur Rafa, il faut remonter… 15 ans en arrière, en 2003. L’exploit – qui n’en est alors pas encore un – se déroule dans le Sud-Ouest, à Saint-Jean-de-Luz. Sur du dur et en indoor. Un moment sacré qu’il convient de reconstituer en bonne et due forme.
Synopsis : L’ancien président des Girondins de Bordeaux, Jean-Pierre Derose (Jean-Pierre Bacri), est un homme ambitieux. En 2003, il décide d’organiser un tournoi de tennis Challenger sur dur. Il mise tout sur un terrain pas aux normes et ses deux jeunes stars : Rafael Nadal (José Garcia) et Richard Gasquet (Christian Clavier). Mais tout ne se passe pas comme prévu…
Le tableau (uniquement disponible sur la page italienne de Wiki, allez savoir pour quoi) :
Il y a du beau monde. Santoro, Mahut, Llodra, Benneteau, Gasquet et donc la tête de série n°1 et 45e mondial à l’époque, Rafael Nadal. A force d’efforts et de coups de fil dans le vent, on a réussi à recueillir les souvenirs d’un Julien Benneteau aux yeux encore humides après son dernier match à Roland-Garros, de Jean-René Lisnard - sorti au 1er tour à Saint-Jean-de-Luz - et de Jonathan Hilaire, seul témoin de la victoire de Gasquet parmi les trois cités. Mais tous se rappellent du contexte… folklorique.
Julien Benneteau : « Je ne me souviens pas de ce match parce que je ne l’ai pas vu, de ce tournoi, oui, le court était posé sur le trinquet, c’était un tournoi indoor et donc il n’était pas réglementaire en largeur, à tel point qu’on a gagné le tournoi en double avec Nico Mahut mais on l’a joué dans un autre club parce que le terrain n’était pas aux normes. Je me souviens de ce tournoi mais pas du match. »
Jean-René Lisnard : « Le terrain n’était pas réglementaire en largeur donc pour quelqu’un qui sliçait bien c’était dur. D’ailleurs il n’a duré qu’un an, ce tournoi. Je n’ai pas vu ce match-là mais ils étaient déjà très bons tous les deux. La comparaison se tenait, on ne savait pas qui deviendrait le meilleur. Bon aujourd’hui, la comparaison ne se fait plus trop parce que quand on regarde les deux palmarès, ça n’a rien à voir. Mais à l’époque c’était vraiment équilibré. »
Jonathan Hilaire : « Le terrain avait été installé sur un terrain de pelote basque de Cesta Punta, un terrain de pelote c’est un côté ouvert et de l’autre un mur. Et un ami à moi, Rodolphe Cadart, sur un service extérieur, il se casse le poignet en s’appuyant sur le mur si je dis pas de bêtises. C’était la seule édition en 2003. Le terrain était pas réglementaire en largeur, les slices diagonale, fallait un peu oublier. Mais c’était un super tournoi côté à 125.000 avec beaucoup de points, c’était un gros challenger avec une belle ambiance. On était content d’y être. »
Deux mômes de 17 ans en night session
Voilà donc dans quel cadre les deux jeunes rivaux s’affrontent au deuxième tour après avoir expédié leur premier match en deux manches avec une étonnante symétrie : Gasquet s’est farci un Espagnol et Nadal un Français. Ambiance Coupe Davis. Donc grosse ambiance en tribune. Hilaire, toujours.
« La salle était pleine c’était un match vachement attendu programmé en dernier en night session. Les deux sont les stars du tournoi, considérés comme des futurs champions. Il y avait une énorme attente autour de ce match. Moi je venais de perdre mon 2e tour en trois manches contre la tête de série numéro 8, j’étais un peu dégoûté mais je suis quand même allé les voir. » »
Hélas pour l’assistance, le combat attendu n’aura jamais vraiment lieu. Richard Gasquet se balade dans le premier set, qu’il remporte 6-2. La seule manche, pour tout vous dire. Le Majorquais jettera l’éponge sur blessure. « On sentait rapidement que Gasquet était au-dessus et Nadal moins bien. Je pense que Rafa était diminué, mais est-ce qu’il l’était déjà au début et qu’il a quand même voulu essayer où est-ce que la douleur est survenue en plein match, on ne sait pas trop. »
Officiellement, ce succès de l’ancien numéro 1 tricolore ne compte pas aux yeux de l’ATP dans les face-à-face entre les deux hommes, en raison du caractère secondaire du tournoi. Mais si l’Espagnol continue de dominer outrageusement leurs affrontements jusqu’à la fin, ce succès finira bien par occuper une place de choix dans l’histoire de Richard. Et ça s’est donc passé sur un terrain de pelote basque.