Roland-Garros: Future, 698e place et hôtels pourris... Barrere est revenu de loin pour avoir une wild-card
TENNIS•Grégoire Barrere a reçu une wild-card pour Roland à la faveur d'un gros début de saison sur le circuit parallèle...William Pereira
Si vous avez le bonheur de nous lire assidûment, vous savez que Lucas Pouille est un chic type apprécié sur le circuit. S’il n’a pas vraiment d’ennemis, le numéro un français ne peut néanmoins pas être pote avec tout le monde et fait le choix de passer le plus clair de son temps avec David Goffin et Jo-Wilfried Tsonga (« par affinités et par le biais de nos copines »).
Pas de bol pour la Pouille, le Manceau est forfait pour Roland-Garros cette année. Tant pis. La présence d’un autre homme, moins connu, suffit à redonner la banane au Nordiste : celle de Grégoire Barrere (196e à l’ATP, également 24 ans), détenteur d’une wild-card pour sa deuxième apparition dans le tableau final sur la terre battue parisienne. Expérience qui avait pris fin contre… David Goffin, justement. C’était en 2016. « Un match intense en trois manches accrochées, c’était du bon tennis », se souvient Pouille, dont la grande amitié avec l’invité au bal remonte à une dizaine d’années et le partage d’une chambre à l’INSEP.
Quand Pouille va voir Barrere sur le circuit parallèle
Celle-ci n’a jamais cessé, si bien qu’aujourd’hui encore, le 19e joueur mondial trouve toujours un ou deux moments dans l’année pour aller encourager son poto sur des tournois peu cotés.
« « Quand il était en finale du tournoi Future de Bressuire [au mois de janvier], moi j’étais en Bretagne et je rentrais à Paris le dimanche. Au lieu de partir le soir j’étais parti le matin pour faire un tour par Bressuire. Le week-end dernier, je suis allé le voir à Bordeaux [où Barrere a appris qu’il bénéficierait d’une wild-card à Roland]. » »
Magnanime, Lucas ? Sans doute. Mais c’est aussi et surtout pour lui le seul moyen de croiser Grégoire Barrere pendant la saison de tennis. Ce dernier écume le circuit parallèle en enquillant les présences sur les tournois challenger et future comme des perles. Il est donc possible de le croiser un peu partout en France mais aussi en Grande-Bretagne et au Portugal tout au long de l’année. Une stratégie payante sur le plan comptable si l’on se fie aux bonnes performances du Francilien en 2018 :
- Trois titres en Future
- Un titre en Challenger (à Lille, après avoir notamment battu l’immense Stéphane Robert en 16es au terme d’un duel épique)
- Une finale en Challenger (à Bordeaux)
Une bonne forme dont se satisfait l’intéressé, contacté jeudi matin par téléphone. « Je me sens plutôt bien, là j’ai pris une journée de repos car j’ai beaucoup enchaîné. Je suis content de cette wild-card même si je savais que j’étais l’un des meilleurs parmi ceux qui y postulaient avec pas mal de victoires dont une en challenger. »
698e mondial, la déprime et les hôtels pourris
Le cas Barrere est bien la preuve que les choses bougent très vite dans le monde de la balle jaune. Il y a un an, notre chanceux éprouvait les plus grandes peines à remporter deux matchs consécutifs sur ce même circuit parallèle et tombait plus bas que bas, au 698e rang ATP. La grosse déprime, les idées noires et l’éventualité de raccrocher se présentent à lui.
« « J’ai eu une perte totale de confiance, je me suis posé des tas de questions. J’étais retombé très loin au classement, je gagnais peu de matchs, et puis il y a eu le retour sur le circuit future… » »
Sans compter les déplacements un peu chiants en Estonie dans des conditions se rapprochant plus de l’étudiant parisien en coloc’que du joueur de tennis professionnel. « Le rythme de vie est le même que sur le circuit principal avec une trentaine de tournois à l’année, mais les conditions sont différentes. Sur les Future à l’étranger, on va dans des hôtels un peu pourris parce qu’on essaye de limiter les dépenses. Même comme ça on perd de l’argent en allant sur ces tournois », raconte le Français.
Après une pause de quasiment un mois fin 2017 et la sensation que le tennis lui manquait, Grégoire Barrere a fini par revenir. Le voilà de retour au premier tour de Roland-Garros, avec un tirage abordable en la personne du Moldave Radu Albot (96e) et des ambitions. « J’aimerais gagner quelques matchs. Si je passe un ou deux tours, ça me permettrait de monter encore au classement. » Lucas Pouille croise les doigts pour que le souhait de son ami se réalise : « ça nous permettrait de jouer les mêmes tournois tout au long de l’année ».
Barrere calme le jeu et estime qu’un bon Roland ne révolutionnerait pas son monde. « J’essayerai peut-être de venir sur un ou deux tournois du circuit [ATP] dès que je pourrai, je resterai ambitieux. Mais même si je passe les premiers tours ici, je ne ferais pas non plus un immense bond au classement, donc tout ne changera pas du jour au lendemain. » La Pouille devra donc encore attendre.