PSG-Bayern Munich: Ce 3-0, un «message pour l’Europe» ou un trompe-l’œil?
FOOTBALL•Les Parisiens l'ont emporté largement mais tout n'a pas si simple que le tableau d'affichage ne le montre...Au Parc des Princes, Nicolas Camus
C’est sûr, comme ça, à lire le résultat brut, il y a de quoi fanfaronner. Mettre 3-0 au Bayern Munich sous l’œil curieux et pas forcément bienveillant de l’Europe entière, comme l’a fait le PSG mercredi soir pour le premier gros match de sa dream team à un milliard de dollars (environ), ça claque. « On était attendu, c’est normal après le mercato qui s’est passé. On avait à cœur de faire un grand match contre une grande équipe, et c’est chose faite », résume Kylian Mbappé, aussi précis derrière le micro que sur le terrain.
Forcément, dans les couloirs du Parc après la rencontre, il a été question de « test réussi », un peu, et de « message envoyé à l’Europe », surtout. En tout cas dans les questions des journalistes. Si Alphonse Areola s’est fait avoir à l’usure - « on envoie un gros message », a fini par lâcher le gardien parisien à la troisième relance -, les autres ont résisté. « On ne veut envoyer de message à personne, dit le président Al-Khelaïfi. On a fait un grand match, on est heureux et fiers, mais on pense juste à nous, à progresser, à gagner chaque match. »
Sur le sujet, mention spéciale à Marco Verratti. « C’est un signal pour nous-même avant tout, note le petit milieu italien. Quand on joue ensemble comme ça, c’est difficile pour nos adversaires. On nous respecte plus en Europe maintenant, quand on achète Neymar, Mbappé, ce sont des joueurs qui peuvent faire d’énormes différences. C’est une victoire dans la souffrance, on a montré que quand on se bat tous ensemble, c’est bon pour nous. C’est un signal pour nous dire de continuer à travailler pour réaliser encore de grandes choses. »
Il y a tout dans ces paroles de Verratti, la crainte nouvelle inspirée par Paris mais aussi les difficultés qu’ont connues les joueurs, invisibles au tableau d’affichage. Parce que le PSG, brillant en contre et porté par l’ouverture du score dès la 2e minute de jeu, a aussi subi. Et cela aurait pu tourner autrement. Aréola a sorti quatre arrêts décisifs, Lewandowski n’était pas dans son meilleur soir et le Bayern loin d’être au complet, avec un gardien à la ramasse et une charnière d’une lenteur gênante à ce niveau. Ce n’est pas la faute des Parisiens si Neuer et Boateng étaient blessés et si Ancelotti a décidé de laisser Hummels, Ribéry et Robben sur le banc, mais c’est une donnée à prendre en compte.
La possession (40-60) et le nombre de tirs (11-16) ont été en faveur du Bayern, et cela n’était pas forcément prévu. « Jouer en contre-attaque, non, c’était pas un choix, reconnaît Verratti. Mais quand tu prends l’avantage après deux minutes, c’est normal d’aller moins vers l’avant ensuite. On savait aussi que le Bayern attaquait à beaucoup, et que quand on récupérait le ballon on pouvait aller très vite avec nos trois attaquants et faire mal. »
Point positif, donc, les Parisiens ont su faire en fonction des événements. « On avait prévu d’avoir plus le ballon, mais quand vous jouez contre des équipes comme Bayern, il faut savoir s’adapter vite et on l’a fait », relève Mbappé. En même temps, laisser venir et piquer froidement en contre peut correspondre aux qualités de cette équipe… et cela a fait ses preuves dans la compétition. Marco Verratti, encore:
« En Ligue des champions, on ne doit jamais penser qu’on est les meilleurs. Il y a beaucoup d’équipes fortes, comme le Bayern qui est venu jouer ici avec de la personnalité. Je pense que cette manière de jouer, en défendant bien, sans prendre de but, le Real Madrid joue très bien comme ça depuis deux ans et ça leur a réussi. C’est aussi une bonne façon de jouer. »
De manière générale, les Parisiens étaient unanimes (enfin les trois ou quatre à qui on a pu parler) pour rappeler qu’ils n’avaient encore rien gagné. « On a montré qu’on était là, mais on veut rester les pieds sur terre », assure Nasser. « L’objectif est d’être premier dans ce groupe, on a du temps pour penser au reste du chemin », ajoute Emery. Il n’y a pas d’autre message à dénicher dans cette belle soirée de mercredi. En tout cas sur le terrain.