FOOTBALLAl-Khelaïfi, l'homme du PSG qui n'avait pas peur du fair-play financier

Neymar, Mbappé, fair-play financier... Même pas peur pour Nasser Al-Khelaïfi qui conseille d'aller «boire un café»

FOOTBALLTout le monde a peur pour Paris au niveau du fair-play financier, tout le monde sauf le PSG…
Aymeric Le Gall

Aymeric Le Gall

Quand Nasser Al-Khelaïfi a déboulé en conférence de presse pour présenter au monde son nouveau joujou à 500 plaques, le président du PSG affichait un large sourire. Le sourire de celui qui sait qu’il vient de frapper fort, très fort sur le marché des transferts. Pensant calmer l’animal en évoquant le risque de possibles sanctions de l’UEFA dans le cadre du fair-play financier, les journalistes se sont mis le doigt dans l’œil.

Au lieu de ça, Al-Khelaïfi a encore élargi son smile et sortie sa plus belle punchline : « Ceux qui pensent à ça [au fair-play financier], s’il vous plaît, allez prendre un café, ne vous en faites pas pour nous, on est entre de bonnes mains. » Serein, le Nasser.

Pourtant, si tout semble aller dans le meilleur des mondes, la question du fair-play financier et de son respect par le PSG doit se poser. Encore plus quand on entend dire qu’après Neymar, le club négocie aussi l’arrivée de Kylian Mbappé. Et, si on n’ira pas jusqu’à dire qu’on se fait du mouron pour tonton Nasser, on se demande quand même comment Paris pourrait-il bien lâcher autant de ronds en un seul été sans être rappelé à l’ordre par le gendarme financier du foot européen.

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Avant même d’entrer dans les détails, rappelons très simplement le principe de base du FPF instauré par l’UEFA en 2010 : un club ne peut pas dépenser plus d’argent qu’il n’en gagne (avec une légère marge de manœuvre puisqu’il peut désormais afficher un déficit de 30 millions d’euros étalé sur 3 ans).

Heureusement y a l’étalement !

Mais en gros, en se payant Neymar, et peut-être Mbappé, le PSG va devoir aussi songer à faire rentrer du blé, et pas qu’un peu. Mais entendons-nous tout de suite, en recrutant le Brésilien pour 222 millions d’euros (+60 millions de salaires annuels), le club ne va pas être obligé d’engranger autant en une seule saison. Maître Thierry Granturco, avocat spécialiste en droit du sport détricote:

« Quand vous faites une opération de ce type-là dans le cadre du fair-play financier, vous amortissez l’opération. Si on se base sur une opération Neymar à 300 millions d’euros, avec un contrat de cinq ans, vous allouez en réalité une somme de 60 millions d’euros par an. Donc, penser qu’il faut intégrer 300 millions d’euros dans le cadre du FPF, c’est une erreur. Partant de là, on comprend mieux pourquoi l’opération peut avoir lieu. » »

« Entre le coût du transfert et le salaire en brut, j’avais fait le calcul et on était plus proche des 100 millions par an que des 60 », corrige Christophe Lepetit, économiste du sport au CDES, tout en concédant que « l’étalement des sommes peut effectivement jouer en faveur du PSG. » L’arrivée de Mbappé répondrait donc à la même logique.

Il n’empêche, le PSG va quand même devoir activer tous les leviers possibles pour faire entrer de la fraîche dans ses caisses. Et les moyens pour y arriver ne sont pas légion. Il y a le dégraissage de l’effectif, on le sait, le club y travaille depuis le début de l’été. Et si la liste des va-faire-un-tour-ailleurs-s’il-te-plaît est longue (Aurier, Matuidi, Krychowiak, Ben Arfa, Jesé, Lucas/Di Maria), pour le moment personne n’a quitté le navire à part Jean-Kevin Augustin. Mais normalement, s’il se démerde bien, le PSG devrait finir par lourder une bonne partie de ce surplus encombrant.

Jackpot sur les sponsonring ?

Là où Paris devrait tirer son épingle du jeu, c’est au niveau des contrats de sponsoring. Avec Neymar dans ses rangs, le club va à coup sûr négocier de nouveaux contrats juteux et, possiblement, renégocier ceux déjà en cours.

Granturco : « Avec Neymar (et peut-être Mbappé), le PSG va exploser le box-office des droits sponsoring, marketing et au niveau du merchandising, c’est certain. Et Nike n’est pas loin derrière dans cette affaire pour les soutenir. Les revenus vont évidemment considérablement augmenter. Au même titre qu’Adidas avait soutenu Manchester United dans le cadre de l’arrivée de Pogba, Nike soutient le PSG dans l’arrivée de ces joueurs. Ça va être tout bénef pour Nike, et si c’est tout bénef pour Nike ça le sera aussi pour le PSG. »

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Sur ce point, Christophe Lepetit approuve : « Avoir Neymar c’est un gros plus, mais là si en plus tu rajoutes le meilleur espoir français, tu te donnes clairement des atouts pour renégocier les contrats. Mais dans quelles proportions, toute la question est là. »

Pour finir, en plus des recettes de billetteries (qui elles ne sont pas extensibles à l’infini) les dirigeants parisiens espèrent raisonnablement augmenter leurs revenus merchandising. Et avec Neymar et Mbappé en tête d’affiche, tu peux quand même espérer vendre un petit nombre de maillots et de gadgets en tous genres.

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S’ils le tentent, après tout…

En fait, puisqu’on n’est pas dans le secret des dieux, il est très difficile aujourd’hui d’affirmer que le PSG ne prend pas un énorme risque en essayant de signer deux joueurs de ce standing. La seule chose sur laquelle on s’appuie pour dire que ça devrait passer, c’est peut-être con et/ou simpliste, mais c’est tout simplement parce que le club tente le coup. Après s’être déjà fait sanctionner par l’UEFA, on imagine mal les dirigeants parisiens tenter un coup de poker sans avoir les garanties qu’il est jouable.

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Là-dessus, nos deux spécialistes ne sont pas tout à fait du même avis.

  • Philippe Granturco, le confiant

« Pour moi, ils sont sûrs d’être blindés, je ne me fais aucun souci pour eux au regard du FPF parce que je pense que les règles permettent une flexibilité dans laquelle ils vont s’engouffrer (ou dans laquelle ils se sont déjà engouffrés), ils sont très bien conseillés, et par conséquent je suis sûr que ça fonctionne.

Le PSG a déjà pris des contacts officieux auprès d’un certain nombre de membres de l’ICFC (Institut de contrôle des finances des clubs, sorte de DNCG du foot européen) pour s’assurer qu’il ne se mettrait pas hors-la-loi s’il réalisait de telles opérations. Et donc, pour ce qui est du dossier Mbappé, je pense qu’ils savent exactement comment avancer et dans quelles limites le faire. »

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  • Christophe Lepetit, le sceptique

« Faire 222 millions sur Neymar, plus 150-200 sur Mbappé, ça paraît difficile à envisager avec les implications qu’il y a derrière en termes de prime à la signature et de salaires, sans enfreindre le déficit toléré par l’UEFA dans le cadre du FPF. Ou alors ils vont vraiment faire exploser leurs recettes, mais il y a des limites. A part le sponsoring, je ne vois pas comment ils peuvent augmenter leurs recettes à très court terme. Je trouve ça étrange, je ne sais pas si ce n’est pas une rumeur qui est sortie pour embêter Monaco ou s’ils pensent vraiment recruter Mbappé, mais ça me semble complexe à faire passer. »

De leur côté, les dirigeants parisiens semblent tellement sereins sur ce dossier qu’on a du mal à imaginer qu’ils ne savent pas ce qu’ils bricolent. De toute façon il sera suffisamment temps de s’inquiéter quand Mbappé aura signé, ce qui n'est pas encore le cas pour le moment. En attendant, on va écouter les conseils de Nasser Al-Khelaïfi et on va se détendre un peu. De toute façon, c’est l’heure de la pause-café.