PSG-Manchester City: Jouer le premier match à la maison, ce piège à con
LIGUE DES CHAMPIONS•Ce mercredi soir, Paris joue ENCORE son quart de finale aller de Ligue des champions au Parc des Princes…Julien Laloye
«Je ne sais pas si c’est un avantage de recevoir le premier match ou un inconvénient. Des tas de statistiques sont disponibles là-dessus, mais sincèrement je n’en sais rien, et de toute façon c’est que le tirage au sort nous a proposé ». Te caille pas le lait mon Laurent, nous, on sait. Pour la quatrième saison de rang,le PSG se retrouve à jouer son quart de finale aller de Ligue des champions au Parc des Princes, et ce n’est pas pour rien qu’il n’a jamais vu la couleur du tour suivant jusqu’à présent. 20 Minutes vous explique pourquoi ce premier match à la maison, c’est l’enfer sur terre.
Attaquer ou ne pas attaquer ? Foutue règle du but à l’extérieur
On ne connaît pas le génie qui a pensé à cette règle du but à l’extérieur qui compte double en 1965. Ce n’était pas si couillon à une époque ou il fallait aller jouer avec des patins à Kiev au milieu de l’hiver. Aujourd’hui, l’esprit est un peu dévoyé. « Le poids de ce but dans l’approche tactique du match est trop grand, pestait Wenger en 2009. Il a été inventé quand les équipes ne faisaient que défendre à l’extérieur parce que c’était beaucoup plus effrayant de voyager. Maintenant, les équipes font des 0-0 à domicile et elles sont contentes ». Nous revient en mémoire cette déclaration de Coupet, après Lyon-Milan, en 2006, là aussi en quarts. « Si on nous avait dit 0 à 0 avant le coup d’envoi, on aurait signé immédiatement. On va désormais aller à San Siro pour pratiquer du jeu et marquer ».
Pour résumer, disons que commencer à la maison ne pousse pas à organiser l’abordage de la surface adverse alors qu’un contre d’Aguero ou une glissade de Marquinhos sur corner sont si vite arrivés. Paris s’est toujours trouvé dans cette situation où il faut faire le jeu sans trop s’exposer non plus, de peur de dire adieu à la qualification dès le match aller. Patrick Colleter, latéral des grandes années parisiennes (celles qui ne disent rien à Ibra) se rappelle que son PSG n’aimait pas recevoir en premier « L’approche n’est pas la même dans les têtes. Tu sais que si t’en prends un, ce qui arrive souvent, il faut en marquer trois pour être à peu près tranquille, ça change tout. D’ailleurs, la seule fois où on a fait un mauvais résultat à l’aller chez nous contre un gros ( 1-1 contre Arsenal, ndlr), on n’est pas passés au retour ».
On ne peut pas se lâcher en tribunes non plus
Pour cette puce, on comptait sur votre aide, inestimables lecteurs, mais comme personne n’a daigné nous répondre, il faudra se contenter de notre émotion de supporter.Cela remonte à la grande époque lyonnaise, avant Eindhoven, peut-être. Une citation de Clémenceau qui nous avait fait de l’effet. « Le meilleur moment de l’amour, c’est quand on monte les escaliers ». Vous voyez l’idée ? Le meilleur moment de la Ligue des champions, c’est quand on monte les escaliers du Parc ou d’ailleurs. L’estomac est tout contracté, les pensées vont et viennent, la vie ne peut pas être plus belle. Le grand soir, cette qualification héroïque dont on se souviendra toute notre vie, est peut-être pour aujourd’hui.
Avouez que l’excitation retombe un peu quand on a acheté sa place pour l’aller. Il va falloir chanter, applaudir, encourager, siffler, et rentrer chez soi sans savoir comment l’histoire va se terminer. Le match aller à la maison, c’est comme La Vérité si je mens 1 sans La vérité si je mens 2, une soirée karaoké sans Les Lacs du Connemara, ou une sextape de Jessica Alba sans l’image. Il manque clairement un truc pour vibrer. Et quand on se laisse aller, comme après le but de Pastore il y a deux ans, ça finit par une élimination crève-cœur.
La remontada à la maison au retour, il n’y a que ça de vrai
Revenons au PSG qatari. Qu’est-ce qui le sépare, pour le moment, du PSG de l’ère Canal +, dans la mémoire collective des Français en Coupe d’Europe ? Un match retour fou à la maison, une qualification mal embarquée après l’aller en terre hostile, et un adversaire retourné dans une ambiance folle au Parc des Princes. Une tête rageuse de Kombouaré, une frappe poreuse de Guérin, un triplé de maçon de capitaine Raï, un truc dans cette veine. « Le match retour à la maison pour tout footeux c’est magique, surtout quand il y a un score à remonter », confirme Colleter, qui sait de quoi il parle. Il a vécu le 4-1 contre le Real en 93, et encore le 2-1 contre le Barça en 95 dans un Parc des Princes incandescent.
« Tu le sens dans l’état d’esprit du groupe, dans l’atmosphère de la semaine qui précède le match. Et puis le public est beaucoup plus chaud, on le sent à l’entrée de la pelouse, ça n’a rien à voir, il est à fond derrière dès le début. Il manque à cette équipe un exploit comme le nôtre face au Real ou au Barça, un truc hors-norme ; le tirage leur a jamais souri, mais c’est peut-être pour les demi-finales. » Imaginez un instant le scénario de Chelsea l’an passé avec un PSG à dix qui se qualifie au Parc chez lui en prolongations ? Monstrueux. Et puis ça fait combien de temps qu’un club français n’a pas fait péter la banque chez lui au retour ? On ne demande pas un Bordeaux-Milan AC tous les ans, mais ça nous manque un peu.
On a moins de chances de se qualifier, tout simplement
Enfin, et c’est peut-être la raison la plus objective, se retrouver à recevoir au match aller en Ligue des champions, cela veut dire qu’on a moins de chance de se qualifier que son adversaire. On a fait le calcul dans les matchs à élimination directe depuis l’an 2000 en C1. 200 matchs tout rond. Le pourcentage de qualification quand on reçoit à l’aller ? 36,5 %. On entend d’ici les critiqueurs critiquer. « Oui mais avec les deuxièmes de poule qui reçoivent automatiquement en premier lors des huitièmes de finale, ça fausse les statistiques ». Oh que non. Ramené aux quarts de finale seuls, le pourcentage reste presque le même (37,5 %).
Laurent Blanc ne s’y trompe pas, même si le PSG a éliminé deux fois Chelsea en recevant lors du premier match. « Il faudrait qu’on arrive une fois au moins à ne pas encaisser un but dans les matchs éliminations directe à domicile. On doit proposer du jeu, chercher à avoir le ballon, mais il va falloir très bien défendre. C’est le paradoxe de ces premiers matchs à la maison. Il faut absolument marquer pour traduire le fait qu’on joue chez nous et qu’il faut prendre un avantage avant le retour, mais il faut aussi bien défendre. Espérons que nous en soyons capables. »