Mondiaux de Budapest: Mehdy Metella, la performance au gramme près (ou presque)
NATATION•Le nageur français doit faire très attention à sa ligne pour être au top dans les bassins...Aymeric Le Gall
La première pensée qui nous vient à l’esprit lorsque l’on regardeMehdy Metella, c’est « Wahou, quel beau bébé ! ». En effet, le nageur français ne passe pas inaperçu au bord des bassins. 1,91m pour 94kg, ça vous pose un bonhomme.
Une petite pique gentillette à propos du poids Mehdy Metella
Pourtant, si le Français semble affûté comme jamais au moment de se présenter aux Mondiaux de natation de Budapest, son entraîneur, Julien Jacquier, n’a pas hésité mercredi à lui glisser une petite pique gentillette à propos de son poids, comme un précieux conseil qu’on enrobe dans une mousse de rigolade pour mieux faire passer le bonbon.
« Je suis assez regardant pour qu’il n’y ait pas de dérives, sans trop lui prendre la tête (…) Il a facilement moyen de perdre du poids en réduisant les bêtises qu’il mange. »
Si la question est abordée en profondeur, c’est que le cas de Mehdy Metella est particulier. « Mehdy c’est quelqu’un qui a un poids qui est changeant, et donc chez lui plus que chez d’autres nageurs, la diététique est au centre de toutes les attentions, nous confirme Frédéric Audon, le directeur sportif du Cercle des Nageurs de Marseille où évolue le Guyanais depuis 2013. Il a tendance à prendre du poids assez facilement, non pas qu’il mange beaucoup mais parce qu’il est physiologiquement constitué ainsi. Il faut donc faire un peu attention à ce qu’il mange. »
A Marseille, Mehdy passe sous les 100kg
En déboulant à Marseille, déjà, son poids était au centre de toutes les attentions. Arrivé du club toulousain des Dauphins du Toec, Mehdy pesait près de 105 kilos et il a fallu réaliser un gros travail physique et diététique afin de le ramener à son poids de forme, autour de 94kg.
« Il a perdu environ dix kilos, nous dit Frédéric Audon. L’objectif, quand il est arrivé chez nous ça a été de le faire sécher. Il fallait conserver sa masse musculaire, parce qu’il en a besoin pour produire ses efforts sur le 100 mètres libre ou le 100 mètres papillon, mais il fallait éviter tout ce qui est graisse afin qu’il ait le maximum de puissance lors des compétitions. »
En Guadeloupe aujourd’hui, Alain Iacono, qui a entraîné la sœur de Mehdy, Malia Metella, championne française de natation, se souvient d’un garçon qui « aimait bien manger », mais qui était « plutôt mince, un peu comme Malia. » « Ce n’est qu’en grandissant qu’il a pris beaucoup de masse et que c’est devenu un véritable athlète, poursuit ce proche de la famille Metella. Je pense que ça vient des gènes du côté de la famille de sa maman car son oncle est lui aussi un très beau bébé. La dernière fois que Mehdy m’a pris dans ses bras, c’était moi le petit bébé (rires). »
Flemme de cuisiner = danger
Mais si Julien Jacquier évoque dans L’Equipe « les bêtises » qu’il mange, ce n’est pas anodin. Audon détricote : « Mehdy habite seul donc on n’est pas là pour le surveiller tous les jours, c’est lui qui décide de ses repas. Si un soir dans la semaine il a envie de manger six pizzas au lieu de faire un repas équilibré, c’est à lui de décider. Après il faut dire que ce n’est pas facile quand on est un athlète de s’entraîner dur toute la journée et de trouver la motivation quand on rentre le soir de se préparer un plat à base de protéines. C’est plus simple de se faire livrer une pizza, c’est sûr. »
Il semblerait pourtant que ces petits écarts soient de l’histoire ancienne. Pourquoi ? Parce que le nageur a appris de ses erreurs passées. « Mehdy ne reste jamais sur ses échecs. Il est passé par des compétitions où il se présentait avec des kilos en trop et il a ressenti immédiatement que c’était plus difficile pour lui de performer, détaille son directeur sportif. De même qu’il a nagé avec des kilos en moins et les sensations n’étaient pas bonnes non plus. Aujourd’hui, avec son expérience, il est capable de savoir à quel poids il doit se présenter à une compétition. »
« La natation, comme le cyclisme, est un sport de sensations »
En fait, en natation, ce n’est pas tant une question de kilos en trop ou en moins (même s’il est évident que ce précepte a des limites, on ne devient pas un nageur de haut niveau en adoptant le régime alimentaire du mec de Super Size Me) mais une question de sensation.
« La natation, comme le cyclisme, est un sport de sensations. Le fait de se sentir bien dans son corps le jour de la compétition, ça a un effet psychologique indéniable. La question du poids est donc avant tout une question de sensations, plus que de réel impact sur le chrono. »
« Il dégage de la sérénité et une aisance dans l’eau »
A voir l’aisance avec laquelle Metella s’est qualifié mercredi pour la finale du 100 mètres nage libre, on peut penser que les sensations sont bonnes. Un avis partagé par Frédéric Audon, que nous avons contacté deux heures avant le départ de la demi-finale : « En ce moment il nage très bien et ça se voit quand on le regarde dans le bassin. Il dégage de la sérénité et une aisance dans l’eau, et c’est ce qui lui a permis de réaliser ce bon chrono. Pourvu que ça dure. »
Entre-temps, le natif de Cayenne a remporté la demi-finale, en battant au passage son record personnel (47’’65), et se présentera jeudi pour tenter d’arracher le titre de champion du monde. Une perf' qu’aucun français n’a encore réalisée à ce jour.