Affaire Agnel: C’était sympa ce beau bordel, mais maintenant on fait quoi ?
NATATION•Le flou artistique autour de la sélection aux JO est loin d’être terminé…B.V.
Elles vont être sympas, ces soirées belote au village olympique. Après un imbroglio XXL sur le chronométrage de la finale du 200 mètres des championnats de France, la Fédé de natation s’est mis dans une bonne grosse galère. Résumons : Arrivé deuxième de la course à la vue de tous sauf du chronomètre, le champion olympique de la distance Yannick Agnel termine finalement troisième derrière Jordan Pothain, une place qui l’envoie aux Jeux pour le relais, mais qui l’élimine de la défense de son titre en individuel.
Enfin, théoriquement. Car si le Jury d’appel de la Fédération a confirmé les résultats, le bon sens et les caméras (qui ne font pas légalement foi pour une révision des temps) vont pousser le clan Agnel à porter l’affaire devant le Comité National Olympique, voire le Tribunal Arbitral du Sport. Et ce sera forcément un joyeux bordel. Joint jeudi en fin de matinée, le président de la Fédération Francis Luyce assurait que « les preuves sont suffisamment explicites pour donner toute garantie avec le chronométrage semi-automatique et manuel que les temps conservés sont ceux qui ont été réalisés ». Et que tous les appels d’Agnel « n’y changeraient rien ».
« On va tout analyser et mettre la meilleure équipe possible à Rio »
Quelques minutes plus tard en conférence de presse, son DTN Jacques Favre était lui beaucoup plus prudent : « Pour l’instant Yannick est 3e. Le résultat est validé. Il y a un chrono, mais il est censé ne pas être le bon. On va tout analyser et mettre la meilleure équipe possible à Rio ». Une phrase suffisamment vague pour tout imaginer, y compris y repêchage quasi-divin d’Agnel. Car les sélections pour les Jeux Olympiques ne se font pas à la place en course mais au chrono. Ceux de Stravius, vainqueur de la course, de Pothain et d’Agnel sont pour l’instant en deçà de ceux que réclame la fédération française pour passer le cut et aller à Rio en individuel. Mais la FFN se laisse le droit de repêcher éventuellement ceux qui s’en sont rapprochés, voire même « de majorer ou de minorer une sélection au regard du projet du nageur », précise-t-elle dans les principes généraux de ses sélections olympiques.
Qui va-t-elle choisir pour prendre les deux places qui lui sont octroyées ? Stravius et Pothain ? Stravius et Agnel ? Stravius seul ? Personne ? Aujourd’hui, tout est possible et c’est un vrai cas de conscience pour la Fédération, prise en étau entre sa boulette technique, les règlements et la notoriété de celui qui est toujours champion olympique en titre en 200 mètres. Reconnaissant « sans aucun mal » avoir été battu par Agnel, Pothain est prêt à céder sa deuxième place si la FFN lui demande. Mais la décision ne lui reviendra pas et c’est à la Fédé de trancher avant le 6 avril, date à laquelle la sélection pour Rio sera définitivement connue. A moins que l’affaire se joue en appel(s).