JO 2024 : Mais comment va-t-on faire pour survivre à cette déprime post-Jeux ?
snif•Après quinze jours d’épreuves sportives à gogo et d’ambiance populaire assez dingue, Paris se réveille avec une petite gueule de bois, ce lundi matin
Nicolas Camus
L'essentiel
- Les Jeux olympiques de Paris se sont achevés dimanche avec la cérémonie de clôture au Stade de France.
- Pendant deux semaines, la capitale française et des millions de personnes ont vibré au rythme des exploits des sportifs.
- Pour beaucoup d’entre nous, en France, il va être compliqué de ne pas ressentir un petit spleen ce lundi matin au réveil, quand on prendra conscience que la parenthèse olympique est terminée.
Et là, truc incroyable : Cédric Beaudou vous manque. Vous ne saviez pas qui c’était il y a quinze jours, mais après avoir bouffé des Jeux olympiques matin, midi et soir, il était quasiment devenu un membre de la famille, comme ses collègues de France Télévisions. Il y a de quoi paniquer face à ce sentiment déroutant, on sait, mais tentez de garder votre calme. Vous êtes simplement en pleine descente. Cela paraît inconcevable là tout de suite, mais ça va passer avec le temps. Enfin, normalement.
« Ça va laisser un grand vide »
Et oui, on est lundi matin et les JO de Paris, c’est fini. Dur de cacher le petit spleen qui va avec, tant ces deux dernières semaines n’ont été qu’un flot ininterrompu d’émotions fortes. Plus de Léon Marchand, plus de Teddy Riner, plus de sports co, de « Que je t’aime » ni de « Free from desire » à n’importe quelle heure de la journée.
« Ça va être dur de ne plus avoir notre petite routine, se projetait dimanche Nicolas, croisé au Club France. On se levait, on mettait les Jeux, c’était cool. Ça va laisser un grand vide. » Le Strasbourgeois est venu spécialement pour cette dernière journée, avec son pote Franck. Ils ont eu des places pour le marathon féminin en dernière minute, et en ont profité pour se balader dans Paris et faire un crochet par le lieu de rendez-vous incontournable des supporters tricolores, à la Villette.
Fin de JO + reprise du boulot = la double peine
« L’ambiance générale dans Paris est incroyable, les gens sont tous sympas, les rues sont belles, c’est vraiment chouette de voir ça autrement qu’à la télé, apprécie Franck. On est contents d’avoir eu cette dernière journée pour mesurer tout ça. » Le retour se fera tard dans la soirée. Nicolas va devoir faire face ce lundi au combo ultime de la déprime : « Plus de Jeux, et je reprends le boulot. Ça va piquer ! C’est un peu la double peine ». Il préfère en sourire. C’était bien quand même.
C’est également ce que pense Isabelle. Drapeau tricolore dans les mains, cette mère de famille passionnée des JO ne veut pas se laisser gagner par la morosité. « C’est un moment de tristesse, et d’émotions aussi, observe-t-elle. C’était spécial, parce que c’était chez nous, donc tout était plus fort, mais on est super contents de la quinzaine, c’était vraiment hyper bien organisé. On savoure ces moments et après on repart sur autre chose, c’est la vie. »
Partage
Son fils Pierre, 19 ans, suit l’entrain maternel. « Il faut le voir du bon côté, on en aura vraiment bien profité, dit ce fan d’athlétisme, qu’il pratique en club. Le fait que ce soit aussi court et intense ça permet d’être à fond dedans, de profiter au max, et d’attendre la prochaine fois avec impatience. » A côté d’eux passent des supporters par vague. Ils étaient des milliers, encore, à s’est rassemblés dimanche après-midi pour un dernier frisson collectif devant la finale de basket. La foule a poussé fort derrière ces Bleues en train de malmener la grande Team USA.
Ça a crié « défense défense » dès que les Américaines avaient le ballon dans le dernier quart-temps, ça a poussé des « ouf » de soulagement quand les Françaises mettaient leurs lancers francs, ça a soupiré quand elles perdaient des ballons un peu bêtement. Et puis surtout, ça a hurlé, de joie puis tout de suite de désespoir, quand ils se sont aperçus que le tir de Gabby Williams ne valait que deux points. A l’unisson. C’est ce partage, cette sensation d’être toutes et tous tournés vers un même événement, festif, qu’il faudra chérir.
« Ça ne peut pas disparaître d’un coup ! »
« Ça s’annonce un peu triste lundi, mais on peut toujours espérer que l’ambiance de ces 15 jours reste un peu, veut croire Firas après le dénouement de cette ultime compétition. Paris était incroyable. On se faisait la réflexion, ceux qui sont restés sont ceux qui voulaient profiter des JO, et c’est aussi pour ça que ça s’est bien passé. Ça ne peut pas disparaître d’un coup ! »
Pour lui, pas d’inquiétude en tout cas sur la vie après ces Jeux, il sera bien occupé avec sa femme Lucie. C’est leur fils Lucas, 9 ans et de la peinture bleu-blanc-rouge sur les joues, qui raconte. « J’ai une petite sœur de 1 an, avec elle je peux vous dire qu’on ne s’ennuie jamais, lâche-t-il. Et je vais avoir un autre petit frère bientôt. » Sa maman sourit. Après avoir connu le skate park à la Concorde, le judo à l’Arena-Champs-de-Mars et l’athlé au Stade de France, de nouvelles aventures d’un autre genre attendent la petite famille.
Julien et Julie, tout l’attirail du parfait supporter sur le dos, espèrent également que cette atmosphère si spéciale ressentie pendant les Jeux va perdurer. Ou en tout cas qu’il va en reste quelque chose. Le couple habite Pau, mais vient régulièrement en visite dans la capitale. « Paris, là, on est fans, s’enthousiasme Julie. On a redécouvert complètement cette ville, c’était génial. Le naturel va peut-être revenir au galop, mais si on peut garder des bribes de ce qui s’est passé, des petites choses par-ci par-là, ça ferait du bien. »
Prolonger le moment
Après avoir « laissé la télé allumée toute la journée à la maison » pendant 10 jours, puis avoir assisté depuis les tribunes à la médaille d’argent des Bleus du foot vendredi au Parc et à celle de Cyréna Samba-Mayela sur 100m haies samedi au Stade de France, il va être l’heure pour eux de reprendre une activité normale. Une perspective qui n’enchante pas vraiment Roman, lui aussi tranquillement posé sous la grande halle de la Villette. « Va falloir travailler un peu, on n’aura plus d’excuses », dit-il en rigolant. Il n’était pas officiellement en vacances ces deux dernières semaines, mais la technique éprouvée du double écran fonctionnait à plein.
Quand on lui demande de quoi seront faits les prochains jours selon lui, il ne se fait pas trop d’illusions. « Il va bien falloir qu’on ait un nouveau gouvernement un jour, fait-il remarquer. J’ai bien peur que ça réenclenche très vite sur la politique. Il y a eu une sorte de trêve, là ça va repartir, l’opposition qui va se réveiller, tout ça. » Assis à côté, son pote Valentin compte quant à lui sur « les reportages sur les coulisses, sur les sportifs, sur les grands moments » qui vont inévitablement fleurir à la télé pour adoucir un peu la descente. « J’aime bien le volley parce que j’en fais, et je n’ai pas pu voir la finale d’hier [samedi], je vais me regarder ça déjà », annonce-t-il.
NOTRE DOSSIER JO PARIS 2024Prolonger un peu le moment. On en est tous là, en ce lundi matin, après avoir vécu notre meilleure vie pendant deux semaines. Il va falloir s’en remettre, quand même. Le petit Lucas, décidément à fond, vient à notre secours. « On peut pas être triste maintenant, assure-t-il de sa petite voix. C’est pas totalement fini, il y aura les Jeux paralympiques. » Toujours écouter les enfants.