Au Château de Versailles,

Dans notre monde, Christian Kukuk vient de remporter haut la main la finale du concours individuel de saut d’obstacles des JO de Paris 2024 sur son cheval Checker. Mais il doit bien en exister un autre quelque part dans le multiverse où le cavalier allemand réalise son rêve d’ado – devenir footballeur – et soulève la Coupe du monde avec la Mannschaft.

Pas besoin de connaître son niveau balle au pied pour comprendre que son histoire avec le foot était mal barrée : il est né à Waredorf, une ville très cheval et son père Norbert était également cavalier au niveau national. Quand Christian n’avait pas foot, il prenait son ballon et accompagnait papa sur les compétitions pour l’aider à l’échauffement. Le « virus du cheval » finira par s’emparer du garçon à 13 ans, âge auquel il se mettra sérieusement à l’équitation.

Fan du Bayern et rencontre avec Thomas Müller

Hasard du destin, le chemin de Christian Kukuk finira par recroiser la route du football grâce au patron de l’écurie pour laquelle il travaille, Ludger Beerbaum, quadruple champion olympique et grand fan du Bayern Munich (comme Kukuk), dont il va souvent voir les matchs au stade. Kukuk reçoit dans un premier temps un message de félicitations de Thomas Müller lors des championnats d’Allemagne, en 2015, puis finira par rencontrer le champion du monde. « Il était en contact avec Ludger depuis longtemps, racontait le cavalier à la presse allemande. Il a dit qu’il avait besoin de quelque chose qu’il pourrait applaudir dans sa chambre d’hôtel le soir après les matchs. »

Le cheval et Müller, filiation évidente étant donné que madame, Lisa Müller, est également cavalière (en dressage) de haut niveau. Une passion partagée pour le meilleur et le pire : les deux époux ont été épinglés par l’association de protection des animaux, Peta, qui leur reproche de contraindre leurs chevaux à « des actes sexuels contre-nature » dans un objectif de revente de leur semence.

Thomas Müller a « une idée et une réflexion » sur l’équitation, d’après Kukuk

Christian Kukuk et Thomas Müller finissent par se rapprocher et se côtoyer occasionnellement, Thomas offre à Christian des places pour un Bayern-Dortmund quand ce dernier dispute un concours dans la région, Lisa l’autorise à monter un de leurs chevaux… Bref, des amis. Aujourd’hui, le footballeur et le cavalier s’écrivent régulièrement. « Il a vraiment une idée et une réflexion sur ce sport, déclarait Kukuk en 2021 au média Spring-Reiter. Il sait de quoi il parle. Et c’est un athlète professionnel, il sait ce que c’est et sait aussi que les choses peuvent mal tourner. Il est doué pour évaluer et comprendre tous les hauts et les bas. »

Il y a une bonne raison à cela. Checker, le cheval qui l’a porté vers la victoire au château de Versailles ce mardi, appartient en partie à Thomas Müller. Entre Kukuk et le cheval, l’amour a d’abord été à sens unique, (« je crois que je l’agaçais un peu avec mes exigences »), et le cavalier a dû attendre avant de l’apprivoiser et le chevaucher en compétition.

L’apparition de Checker coïncide avec un changement de dimension du cavalier allemand, jusqu’à l’or olympique. On force à peine en disant que la victoire à Paris est un peu celle de Thomas Müller.