La « Léon Marchand mania » existe-t-elle en dehors de Paris ?

JO 2024 : La « Léon Marchand mania » existe-t-elle en dehors de Paris ?

Où sont les fans ?Avec ses tonnes de médailles d’or pendues au cou, le « roi Léon » est LA star française de ces JO de Paris 2024. Adulé dans les médias, sur les réseaux, le tsunami Marchand a-t-il pour autant englouti la province autant que la capitale ?
Mikaël Libert et Caroline Girardon

Mikaël Libert et Caroline Girardon

L'essentiel

  • Vendredi soir, Léon Marchand, le Poséidon français, a chopé une quatrième médaille d’or au JO de Paris 2024, coulant ses adversaires lors de la finale du 200 m 4 nages.
  • Les performances du français laissent pantois les autres nageurs et admiratifs les Français et le monde en général.
  • 20 Minutes est allé vérifier si la ferveur parisienne et numérique autour du « roi Léon » était arrivée jusqu’à Lyon et Lille.

Le nageur français Léon Marchand rend fous les médias, les réseaux et jusqu’aux anciennes gloires de sa discipline, notamment Michael Phelps, depuis qu’il a mis un orteil dans le bassin olympique de Paris La Défense Arena, à Nanterre. Dans les gradins, les supporteurs français s’époumonent dès qu’il entre dans l’arène et ses victoires font entonner des Marseillaise dans tous les stades au point d’interrompre les épreuves en cours.

Pour autant, le phénomène « roi Léon » a-t-il dépassé les frontières du périphérique et du petit écran ? Alors on est allés assister, vendredi soir, à la finale du 200 m 4 nages, où il a décroché sa quatrième médaille d’or pour le « Poséidon » français, avec les publics lillois et lyonnais.

On a cherché (et trouvé) la ferveur lilloise

A Lille, c’est un peu la galère si on cherche un lieu pour mater les épreuves des JO en dehors de chez soi. Hormis un « village olympique » dans le centre-ville dépourvu d’écran et qui ferme à 18 heures, il n’existe aucune « fan-zone » officielle. Alors bien sûr, un paquet de bars et de restos ont investi dans des télés pour diffuser les Jeux, mais ce n’est pas l’ambiance que l’on attend autour d’un tel événement. Nous, ce qu’on veut, c’est être assis par terre dans une proximité suffocante, boire des pintes dans des gobelets au risque d’en balancer la moitié sur son voisin en cas de médaille française. Et frémir, tous ensemble.

Pour ne pas rester sur un acte manqué, on a remis ça, ce vendredi soir, dans la « fan-zone » privée du Garage, un autre lieu lillois, sorte de giga bar-coworking. Là, on a du bel écran, une belle terrasse et… du monde. C’est bariolé en tricolore, ça se mélange, c’est bien. Nous, on squatte une table avec des Merlus, un père et un fils. « C’est fou de voir à quel point c’est galère pour trouver un lieu sympa pour voir les JO », nous lâchent-ils. On mate un peu la petite finale de la France à l’escrime et ça ne soulève pas les foules. A 20h30, ça gueule dans tous les sens pour que le MC TV zappe sur la natation. Pile quand Florent Manaudou entre dans Paris La Défense Arena. Ovation et clapping au rythme imposé par le nageur. Et ça hurle encore plus quand l’animal gratte le bronze. Bonne ambiance.

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Alors que dire quand Poséidon se pointe ! C’est de la folie avant même qu’il ne touche l’eau. Dans les derniers mètres, alors que le roi Léon caracole en tête, tout le monde est debout. Quatrième médaille pour le Français, les clients du Garage sont bons pour consulter un ORL. Bilan des courses, les Parisiens n’ont pas le monopole de la fièvre Léonique, elle s’est aussi bien répandue à Lille.

Lyon fan de Léon, « le Teddy Riner de la natation »

L’idée de départ était d’aller squatter un camping, le long du lac d’Aiguebellette ou au cœur des vignes du Beaujolais ou encore près des cascades de Trévoux, afin de vivre le sacre du « roi Léon » aux côtés des vacanciers massés devant un écran géant. Histoire d’entonner La Marseillaise tous en chœur, sauter de joie, vibrer autant que les Parisiens tout en étant bien loin de la capitale. Seulement voilà, la réalité nous a bien vite rattrapés.

Les coups de téléphone passés aux quatre coins de la région Rhône-Alpes pour caler le reportage se sont tous révélés improductifs. Peu d’établissements avaient prévu de retransmettre les JO en raison de « frais de diffusion » jugés trop élevés. « On l’a fait pour l’Euro mais pas pour les Jeux », indique la plupart d’entre eux. Les autres, ceux qui ont un écran géant, nous ont prévenus : « En journée, les gens profitent de leurs vacances. En fin d’après-midi ou en soirée, ils passent une tête. » Mais sans plus. Il ne faut donc pas s’attendre à un vent de folie. « Ce n’est clairement pas le même engouement que la Coupe du monde de rugby par exemple, glisse le gérant d’un camping situé près de Lyon. En novembre dernier, nous avions des Irlandais et des Anglais. Il y avait une très grosse ambiance chaque soir. Mais là, c’est très calme même si quelques personnes regardent le soir. »

L’espoir est donc venu de la Cité des Halles, à Lyon, qui avait retransmis en plein air la cérémonie d’ouverture des JO dans une ambiance digne d’un stade de foot. « Impossible de passer à côté de la finale de Léon Marchand », répond le gérant, précisant que plusieurs écrans géants retransmettront la finale. Go, on a donc enfourché notre vélo pour suivre l’événement. Et on n’a pas été déçu.

Le bronze déroché par Flo Manaudou soulève déjà la foule alors que le personnel ajoute des bancs pour les visiteurs venus d’un coup se masser au pied du grand écran. Et voilà que le King Marchand apparaît sous la clameur des Lyonnais. « Allez Léon », hurle le public. Les « Oh oh oh » s’élèvent de plus en plus haut, chaque fois que le nageur sort la tête de l’eau sur le 50 mètres brasse, donnant le tempo de la course. « Il est énorme », souffle un groupe d’amis, ne perdant pas une miette du show. A l’écran, Léon Marchand achève sa course (et ses concurrents) sous les cris et les applaudissements. « Il est tout simplement extraordinaire. Il est inspirant pour la vie au quotidien », lâche avec enthousiasme Florian.

Juste derrière, Barbara, Pauline et Margot, « venues pour voir le foot », restent bouche bée. « A chaque fois qu’il nage, il nous régale. Ça a l’air tellement facile alors que ce n’est pas le cas », analyse la première. « C’est un Teddy Riner. Tu sais déjà comment ça va finir : par une victoire », abonde la seconde, alors que la dernière voyait pour la « première fois, une épreuve de natation en public ». « Je ne m’attendais pas à une telle ambiance », reconnaît-elle, tout sourire.

Encore sonnés, Juliette et son cousin Lucas, venu de Rennes, savourent le spectacle. « C’est totalement ouf. Il est impressionnant », commente la jeune femme. « Franchement, ce mec est trop fort », abonde son cousin qui le compare à « Corentin Moutet pour l’engouement suscité dans les allées de Roland-Garros ». « Moutet ? Non, le reprend Juliette. Léon Marchand, c’est le Teddy Riner de la natation ». Et de poursuivre : « Comme lui, il a l’air sympathique, accessible. Il représente la France quoi ! »