JO 2024 – Escrime : Et là, c’est le drame, 15-14, la touche de la mort pour Enzo Lefort et Maxime Pauty
Cruauté•Les deux fleurettistes français Enzo Lefort et Maxime Pauty ont été éliminés en quart de finale des Jeux olympiquesAntoine Huot de Saint Albin
Au Grand Palais des espoirs perdus,
Les moins jeunes d’entre vous s’en souviennent sans doute. Ayala, Gamara, Arce (prononcez-le à voix haute avec la voix de Thierry Roland) et tous les Paraguayens à terre, au stade Bollaert, après le but en or de Laurent Blanc, en huitième de finale de la Coupe du monde 1998. Les Sud-Américains avaient été foudroyés par la reprise de volée du défenseur français et tous leurs espoirs d’épopée mondiale s’étaient arrêtés brusquement en cette fatidique 114e.
Et bien, la France (enfin sauf celles et ceux qui étaient branchés sur France Télévisions, qui a diffusé en différé) était un peu paraguayenne, ce lundi, juste avant de partir faire le goûter. Groggye, abattue après que Kazuki Imura et Ka Long Cheung, Laurent Blanc d’un jour, ont foudroyé respectivement Enzo Lefort et Maxime Pauty, sur la touche décisive ultime, celle qui départage deux escrimeurs coincés à 14-14.
« La dernière, il n’y a rien à dire »
Les deux Français ont vécu deux matchs complètement différents, mais, à l’arrivée, le bilan est le même : élimination en quart de finale du fleuret, pas de médaille et de la déception. Après avoir éliminé Tommaso Marini, le n°1 mondial au tour précédent, après une folle remontée, Maxime Pauty était parti pour nous faire une Remontada 2, retour à l’envoyeur face au Japonais, après avoir été mené 14-10. Mais le destin lui a, cette fois, été contraire.
« Il a fait la bonne action, a commenté, déçu, Maxime Pauty, en zone mixte. Là où moi j’avais pris un parti pris, lui a fait un parti pris qui contrait le mien. La dernière [touche], il n’y a rien à dire. Bravo à Imura. » Pendant que Pauty s’épanchait sur sa défaite, Enzo Lefort, lui, ferraillait face au Hongkongais et avait même en sa possession trois « touches de matchs » à 14-12. Vous connaissez la suite…
« Je savais ce que j’allais faire avant, a commenté le fleurettiste tricolore. La 15e, j’ai fait un parti pris et lui ai fait quelque chose qu’il n’avait jamais fait. C’est la première fois qu’il se bloquait en milieu de piste. Il a cassé la distance pour faire sa contre-attaque. Il a été plus malin sur cette dernière touche. Bravo à lui. » »
« Je ne suis pas d’accord avec l’arbitre »
Fair-play, nos deux gaillards. Et s’il y avait de la déception sur cette ultime touche perdue de justesse, il y avait quelques regrets sur des touches précédentes, qui auraient pu provoquer un épilogue différent.
- « Mon grand regret, c’est la 14e que je prends, parce que j’ai fait ce qu’il fallait, j’avais réussi à le pousser en bout de piste, à fixer une cible pour qu’il aille vers la cible qui était ouverte, expliquait Lefort. Je pense qu’il y avait 498 g sur la cuirasse, alors qu’il en faut 500 [pour que la touche soit accordée]. »
- « Il y a deux touches avant où je ne suis vraiment pas d’accord avec l’arbitre, quand je demande la vidéo. C’est impossible de dire "on la remet, on ne sait pas". Une décision doit être prise et, moi, je suis sûr qu’elle est pour moi. Après, je n’avais qu’à être plus fort. Si j’avais gagné 15-10, l'erreur n’aurait rien changé. Là, j’ai perdu 15-14... »
Et c’est bien là le drame. Ne reste plus à Sara Balzer et Manon Apithy-Brunet, encore en lice ce lundi soir, en demi-finale du sabre, de venir conjurer le sort. Sinon, le Grand Palais sera maudit à tout jamais.