Jeux paralympiquesLa difficile intégration des personnes en situation de handicap en clubs

JO de Paris 2024 : La difficile intégration des personnes en situation de handicap dans les clubs sportifs

Jeux paralympiquesAvec son programme Club inclusif, le Comité paralympique et sportif français souhaite sensibiliser et former les clubs pour les aider à intégrer les personnes en situation de handicap
La journée paralympique organisée à Paris en 2022.
La journée paralympique organisée à Paris en 2022. - AFP
Antoine Huot de Saint Albin

Antoine Huot de Saint Albin

L'essentiel

  • Alors que se déroule dimanche la Journée paralympique à Paris, le problème de l’accessibilité des clubs pour les personnes en situation de handicap se pose.
  • 1,4 % de clubs sportifs se disent en capacité d’accueillir des personnes en situation de handicap.
  • Pour sensibiliser et former les structures sportives, le Comité paralympique et sportif français a lancé le programme Club inclusif.

Le temps passe passe passe, et pas beaucoup de choses ont changé, qui aurait pu s’imaginer que le temps se serait si vite écoulé. A un peu moins d’un an du début des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris, c’est la course à peu près partout : pour terminer la cinquantaine de chantiers encore en cours, pour élever le niveau des athlètes en vue de se rapprocher des 80 médailles souhaitées par Emmanuel Macron et pour, aussi, inciter Français et Françaises à la pratique sportive.

Trente minutes de sport par jour dans toutes les écoles, Pass’Sport pour aider financièrement les jeunes à prendre une licence de sport… Le gouvernement multiplie les mesures. Mais comment faire du sport quand on n’a pas de club pouvant nous accueillir à proximité ? En France, seulement 1,4 % de clubs sportifs se disent en capacité d’accueillir des personnes en situation de handicap. Et il faut à ces personnes parcourir en moyenne 50 km pour pratiquer un sport qui leur convient.

« On a accueilli une jeune fille car elle ne trouvait pas de clubs, toutes les portes lui étaient fermées, illustre ainsi David Catrycke, président du club des Volants de Cergy (Val-d’Oise). Pourtant, elle a fait les championnats de France. On n’est pas nombreux dans la section parabadminton, car tous les handicaps ne sont pas adaptés (comme les non voyants), mais on a des catégories précises. »

Objectif 8 % de clubs para-accueillants à la fin de l’année 2025

« Le maillage territorial n’existe pas sur les clubs para-accueillants, reconnaît Bouchra Fenzar-Rizki, vice-présidente chargée des sports en Seine-et-Marne. L’objectif est clair : dans un rayon de 10 km, toute personne doit pouvoir trouver un club. » L’élue était présente mi-septembre à la conférence de presse organisée par le Comité paralympique et sportif français (CPSF) pour promouvoir son programme Club inclusif, qui a pour objectif de former et sensibiliser 3.000 nouveaux clubs (on passerait de 1,4 % à 8 %) dans l’accueil de personnes en situation de handicap d’ici à la fin de l’année 2025.

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Le programme, lancé fin 2022, soutenu par l’Etat et en collaboration avec les Fédérations françaises handisport et sport adapté, peine pour le moment à décoller. A la fin de l’année 2023, le CPSF prévoit que 700 clubs aient été sensibilisés. « Des territoires s’en emparent, mais ça mérite encore de communiquer, nous explique un membre du programme. “Club inclusif”, ça ne parle pas forcément aux clubs et aux collectivités. Le gouvernement a décidé de changer le nom, car il apporte un gros soutien, avec les ministères du Sport et du Handicap. »

« Mieux appréhender le handicap »

« On est encore dans une phase de démarchage des collectivités pour faire connaître le dispositif, mais ça commence à prendre », indique Antoine Laudrin, référent paralympique de Bretagne. Le but : que les collectivités territoriales ou les communautés de communes financent les sessions de formation (facturées 6.000 euros) pour que les clubs n’aient rien à dépenser. Mais, concrètement, que propose Club Inclusif (qui n’est pas une formation certifiante) durant ces sessions de six mois ? Sensibilisation, mise en place d’un créneau régulier dans les clubs pour accueillir des personnes en situation de handicap - soit en inclusion, soit entre pairs –, recherches de pratiquants, recherche de financements, mutualisation de moyens.

« Dans notre parcours, on a été un peu sensibilisés sur le handicap, mais cette formation nous permet de vraiment mieux l’appréhender, sachant qu’il y en a de multiples, pour qu’on puisse mieux inclure les personnes avec les personnes sans handicap ou pour mieux les entourer quand elles veulent rester entre elles, estime Hichem Marsa, président du club de Judo Passion 35, à Rennes. On a eu de la théorie, et on est ensuite dans des cas pratiques, avec des personnes en situation de handicap et des réflexions sur notre travail à nous." »

Si le responsable du club de judo a rapidement accepté de faire cette formation, ce n’est pas le cas de tous. « Il y a une difficulté d’engager les clubs, même si nous finançons les sessions, répond Bouchra Fenzar-Rizki. Il y a beaucoup de peur, de méconnaissance. Notre objectif est d’essayer de lever cette peur. On a énormément de solutions, on s’est rendu compte que tout était surmontable. »

Trop de focus fait sur les restrictions matérielles

Tout, ou presque. Certains clubs contactés se plaignent du peu de moyens qu’ils ont pour accueillir certains publics. « La démarche est très longue pour avoir des aides pour un fauteuil d’entraînement ou de compétition, déplore David Catrycke. Là où on a de l’aide, c’est par les antennes régionales handisport qui nous ont prêté des fauteuils roulants multisports. Mais ça reste un prêt, pas un fauteuil de compétition, qui reste assez cher. »

« Certains clubs nous disent qu’ils avaient tendance à trop se cantonner sur la restriction matérielle, mais on se rend compte qu’on peut en sortir, répond Tristan Palmier, chargé de projet Club inclusif au CPSF. Aujourd’hui, on est sur une majorité de handicaps invisibles qui ne nécessite pas d’adaptation de matériel et humain en tant que tel. Les personnes en fauteuil roulant, c’est 600.000 personnes sur les 12 millions de personnes reconnues comme handicapées en France. »

Après la sensibilisation et la formation, « qui ne cessera pas, même après avoir atteint les 8 % », viendra le temps de faire un travail pour aller chercher les potentiels futurs athlètes. Car, « à partir du moment où on parle inclusion, c’est qu’il y a eu exclusion à un moment donné », regrette Bouchra Fenzar Rizki. A travers le site Handiguide, les personnes en situation de handicap peuvent trouver les structures adaptées qui pourront les accueillir. Dans les prochains mois, grâce à Club Inclusif, celui-ci va voir son catalogue drastiquement augmenté. Les JO 2028 à Los Angeles se préparent maintenant.