Hors TerrainPourquoi le squash investit-il tant de « spots iconiques » comme à Paris ?

Pourquoi le squash investit-il autant de « spots iconiques », des pyramides d’Egypte à Paris ?

Hors TerrainPour la première fois depuis près de 40 ans, Paris va accueillir du 27 août au 2 septembre un tournoi majeur de squash. Et ce sur l’esplanade du Palais de Tokyo. Un choix dans la lignée des pyramides d’Egypte ou de Grand Central Terminal à New York
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • Un jeudi sur deux, dans sa rubrique « Hors terrain », 20 Minutes explore de nouveaux espaces d’expression du sport, inattendus, insolites, astucieux ou en plein essor.
  • Cette semaine, nous nous consacrons à une grande nouveauté pour le squash français : les Internationaux de France, qui vont se dérouler du 27 août au 2 septembre à Paris, sur l’esplanade du Palais de Tokyo, avec vue sur la Tour Eiffel.
  • Ce spot prestigieux pour le court vitré parisien n’est pas anodin : c’est même devenu une tradition des tournois Platinium du PSA World Tour, après les pyramides d’Egypte, la gare de Grand Central Terminal à New York et tant d’autres.

Les pyramides d’Egypte, la baie de Hong Kong, la gare de Grand Central Terminal à New York, l’opéra de Birmingham… et désormais l’esplanade du Palais de Tokyo à Paris ! Le squash excelle depuis de longues années dans la mise en avant de ses principaux tournois, via des spots fascinants dans le monde entier. Pour la première fois depuis près de quarante ans, Paris s’engouffre dans la brèche en organisant les Internationaux de France, du 27 août au 2 septembre, avec les 96 meilleurs joueurs et joueuses mondiaux réunis sur un court vitré, avec une vue pour le moins sympa sur la Tour Eiffel. Il s’agira du neuvième tournoi Platinium du circuit professionnel de squash (PSA World Tour), soit l’équivalent du Grand Chelem en tennis. Si des matchs des premier et deuxième tours se disputeront également, dimanche et lundi, au Jeu de paume, au Squash club Montmartre et au Stade Français (entrée gratuite), l’immense curiosité de ce Paris Squash 2023 viendra donc de ce cadre exquis sur l’esplanade du Palais de Tokyo.

« On a vraiment mis un point d’honneur à trouver où installer ce court vitré pour que ça en jette, sourit Camille Serme, l’ambassadrice de ce tournoi. On voulait avoir la Tour Eiffel derrière pour que ça soit incroyable. » Ancienne numéro 2 mondiale et victorieuse de quatre tournois Platinium durant sa carrière, elle poursuit : « Ce projet est venu d’une frustration : je trouvais ça tellement dommage qu’on n’ait pas de tournoi prestigieux à Paris. Ce sport nous amène dans des lieux incroyables. J’ai par exemple pu jouer sur le Bund de Shanghai ou devant des dauphins aux îles Caïmans, donc je voulais un spot aussi iconique que ceux-là à Paris. »

Un improbable court vitré de squash a été installé pour la première fois en 1997 au plus près des pyramides d'Eypte.
Un improbable court vitré de squash a été installé pour la première fois en 1997 au plus près des pyramides d'Eypte. - AL AHRAM/SIPA

« Il y avait un essor incroyable du squash dans les années 1980 »

Il n’y a plus qu’à convaincre les joueurs pendant les six jours de la compétition et à installer dans le temps ce rendez-vous majeur. A défaut de dauphins dans la Seine, le cadre, les 175.000 dollars de prize money (pour le tableau masculin comme pour le féminin), le budget d’1,4 million d’euros pour cette première édition, de même que le remplissage express (les 750 places en gradins ont toutes trouvé preneurs depuis deux mois pour les quarts, demies et finales), sont de bons signaux dans ce sens.

« Le squash est en perte de vitesse en France et on s’est dit qu’il manquait un tournoi de ce genre afin de marquer les esprits, explique Philippe Signoret, ancien entraîneur de Camille Serme et directeur du tournoi. On pensait plus au Trocadero au départ pour pouvoir doubler le nombre de spectateurs mais ça n’a pas été possible cette année. A l’époque des Internationaux de France Guy Laroche, Jacques Chirac venait chaque année remettre le trophée en tant que maire de Paris, ça voulait dire quelque chose. Il y avait un essor incroyable du squash dans les années 1980, comparable au padel aujourd’hui, et perdre l’organisation d’un tournoi majeur nous avait fait mal. »

Près de deux ans après une idée lancée par Eric Nizard, un passionné de la discipline et désormais président de l’association Paris Squash Project, ce manque est donc officiellement comblé cet été. L’événement sera même retransmis sur Sport en France, puis gratuitement sur L’Equipe live (site et appli de L’Equipe), pour les quarts, demies et finales. S’il y a environ 200.000 pratiquants en France aujourd’hui, l’actuelle numéro 1 française (numéro 20 mondiale) Mélissa Alves est consciente qu’un tel rendez-vous, au niveau des autres Platiniums, peut sérieusement booster la discipline.

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« On ne peut pas faire plus que ça pour mettre en valeur la discipline »

« Maintenant que tous ces tournois sont retransmis sur Squash TV, c’est forcément une motivation supplémentaire pour tous les jeunes de jouer un jour dans des endroits aussi mythiques que la baie de San Fransisco ou près des pyramides, confie-t-elle. En tant que squasheuse française, je ne peux pas rêver mieux que de jouer enfin un tel tournoi à la maison. On ne peut pas faire plus que ça pour mettre en valeur la discipline en France, et ne plus être vu comme un sport loisir qu’on pratique vite fait comme ça. »

Même son de cloche du côté de son compatriote Victor Crouin (24 ans), actuellement numéro 8 mondial, et qui arrivera donc avec de grandes ambitions dimanche, après avoir atteint cette saison la finale d’un Platinium au Qatar : « Camille Serme, Thierry Lincou et Grégory Gaultier ont eu un sacré impact sur notre génération, ils nous ont fait rêver. Là, ce Paris Squash 2023 peut mettre des étoiles dans les yeux des jeunes Français. Je suis très excité de jouer là, avec vue sur la Tour Eiffel. C’est le tournoi où je vais vouloir briller, comme c’est le cas pour les tennismen français à Roland-Garros. » Les succès en plus ? Pour l’accès en deuxième semaine, ça devrait en tout cas le faire, avec cette entame de tournoi programmée dimanche.

Camille Serme (au premier plan), ici lors de l'édition 2020 du Tournoi des champions de New York.
Camille Serme (au premier plan), ici lors de l'édition 2020 du Tournoi des champions de New York.  - Anthony Behar/Sipa USA/SIPA

Sur un rooftop de palace à Shanghai

Mais à quel point tous ces spots dantesques dans le monde entier, surtout sur les circuits Gold et Platinium, émerveillent-ils les squasheurs professionnels, au point de les transcender ? Mélissa Alves (29 ans) a de sacrés souvenirs de courts vitrés : « Il y a vraiment des endroits barrés : à Shanghai, il m’est arrivé de jouer sur un rooftop, dans la suite d’un palace, c’était complètement fou ! L’avantage, c’est qu’on peut installer partout ou presque un court vitré en vingt-quatre heures, donc les possibilités sont illimitées ».

Victor Crouin, qui est détenteur d’une licence d’économie à Harvard, embraye : « C’est pourquoi certains tournois ont lieu dans des centres commerciaux. C’est une bonne idée afin de faire découvrir notre sport à des non-connaisseurs. Nantes a aussi eu la chouette idée de changer de lieu pour son tournoi Bronze à chaque édition en alliant sport et culture. Là, Paris a tellement de lieux magiques où le court pourrait être installé qu’on a hâte de voir comme ce tournoi va s’y pérenniser ».

La « décision politique » de ne pas retenir le squash aux JO de Paris

Et ce afin de combler un énorme regret pour tous les squasheurs tricolores, celui de ne pas être programmés aux JO de Paris en 2024. « Nous sommes les champions olympiques de la short-list », ironise Philippe Signoret. Le squash reste en effet systématiquement à quai depuis le dépôt de sa candidature en vue des Jeux olympiques de Pékin en 2008. « Après notre présentation pour les JO de Paris, on y croyait donc ça a été une claque assez dure », se souvient Camille Serme, qui portait la candidature de son sport de toujours devant le Comité d’organisation des Jeux olympiques 2024. Mélissa Alves est toujours aussi perplexe face à ce choix remontant à février 2019.

« Tout est à présent réuni : on peut trouver des spots incroyables, c’est devenu bien plus télégénique qu’il y a dix ans, et c’est un show garanti. Je ne comprends pas ce qui a pu nous manquer par rapport au breakdance pour les JO de Paris. Notre meilleure chance, c’est désormais Los Angeles 2028 car les Etats-Unis investissent énormément dans le squash. »

NOTRE DOSSIER HORS TERRAIN

Victor Crouin faisait partie de la délégation aux côtés de Camille Serme : « On remplissait tous les critères, mais au final, il s’agit d’une décision politique ». Avant de relativiser, quatre ans et demi après cette désillusion : « Quelque part, on vit bien du squash et notre sport se porte peut-être mieux que certaines disciplines qui sont olympiques depuis longtemps, et dans lesquelles on ne peut briller qu’une fois tous les quatre ans ». Ce regret sera particulièrement atténué à partir de dimanche, lorsqu’il entrera pour la première fois sur ce court vitré de l’esplanade du Palais de Tokyo.