Passer au contenu principalPasser à l'en-têtePasser au pied de page
Comment l’échec de Tokyo a permis au triathlon français de gagner à Paris ?

JO de Paris 2024 : Deux médailles individuelles au triathlon, la plus belle des revanches sur Tokyo

Jeux olympiquesLa revanche est un plat qui se mange froid, et les médaillés français au triathlon ont rongé leur frein pendant trois ans. Mais au vu de la joie sur la ligne d’arrivée, ça valait le coup d’attendre, et d’apprendre les leçons du passé
Jean-Loup Delmas

Jean-Loup Delmas

L'essentiel

  • La France a remporté les deux premières individuelles olympiques de son histoire en une seule matinée ce mercredi.
  • Une journée historique, et une magnifique revanche sur Tokyo, où, en individuel, les Français étaient passés à côté.
  • Un échec qui ne fut pas vain, car Cassandre Beaugrand et Léo Bergère en avaient conscience, les erreurs du passé ont clairement servi aujourd’hui.

De notre envoyé spécial dans le Comte de Monte-Cristo,

Si la Seine était dans toutes les discussions des spectateurs ce matin, chez les triathlètes français, c’est plutôt Tokyo qui trottait pas mal de pensées. Les JO 2021 ont occupé un building dans la tête des médaillés du jour, tant l’échec fut terrible il y a trois ans pour nos deux vainqueurs. Un nuage noir sûrement enfin dissipé, grâce aux premières médailles en individuel du triathlon français.

Léo Bergère, médaillé de bronze ce mercredi, avait fini à une bien anonyme 21e place dans la capitale japonaise. Le Français, clairement à côté de ses pompes, avait même été sorti du groupe pour l’épreuve par équipe, loupant la première médaille (de bronze là aussi) des Bleus dans la discipline. Conséquence terrible : il était le seul triathlète français de Tokyo à repartir sans breloque, lui qui faisait partie des grosses chances de titre en 2021.

Un mental endurci à force d’être critiquée

Pas franchement mieux pour Cassandre Beaugrand, contrainte à l’abandon alors qu’elle faisait partie des immenses favorites avant la course. Un échec supplémentaire pour celle qui a toujours eu le statut de prodige du circuit. Au point que la presse se soit permis de s’interroger sur son mental, peut-être trop en mousse pour viser la gagne.

« J’espère qu’on ne me parlera plus de mon mental désormais », jubilait-elle à l’arrivée. Mais tout trollage mise à part, elle-même le sait, si elle a gagné aujourd’hui, c’est grâce aux leçons du passé.

« « Je ne voulais pas faire les mêmes erreurs qu’à Tokyo, à me mettre trop de pression, ce qui m’avait fait perdre. Je suis content que mon mental, qui a longtemps été ma faiblesse, ait été ma force aujourd’hui. » »

Preuve de ce cerveau endurcie, elle n’a jamais paniqué. Ni quand Flora Duffy, l’ancienne championne olympique, sortait de l’eau largement en tête. Ni quand la surprise Suisse imprimait un rythme de zinzin en course à pied. Ni sur la partie vélo, particulièrement glissante après les pluies de la nuit : « À Tokyo je me serais laissée décrocher un bon nombre de fois, parce que j’étais paniquée par les routes mouillées. J’ai bien travaillé, j’ai été capable de recoller à chaque fois. Je n’ai pas paniqué, j’étais confiante. Il y a trois ans, j’aurais perdu cette course. »

La revanche d’un bronze

Benjamin Maze, le DTN, ne cachait pas son « immense joie » et la fierté de voir que les leçons japonaises avaient été comprises : « Elle a été présente sur l’ensemble de la course. On a beaucoup travaillé sur cette consistance depuis les Jeux de Tokyo. »

Léo Bergère a lui, récolté les fruits d’une stratégie basée sur le tout pour tout et l’attaque. Pourtant largement larguée après la natation – 17e avec vingt-sept secondes de retard, il s’était promis « une course offensive et de tout faire pour gagner une médaille » avant l’épreuve, afin d’exorciser les démons de Tokyo. C’est chose faite. Une revanche si belle qu’elle lui a coupé le souffle : « Pour l’instant, je n’ai même pas de mots à mettre sur cette médaille, tellement j’ai des émotions incroyables. »

Si on peut se permettre, on la trouvait un peu trop attentiste sur le vélo alors qu’il aurait peut-être pu virer en tête. L’occasion d’encore apprendre, pour la plus belle des revanches en 2028 ?