JO Paris 1924 : La cérémonie d’ouverture de Jeux olympiques la plus « émouvante par sa simplicité »
Plus loin, plus haut, plus fort•Lors des derniers Jeux olympiques de Paris en 1924, la cérémonie d’ouverture a rassemblé les délégations des 43 nations participantes à ColombesQuentin Meunier
L'essentiel
- En 1924, la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris se tient le 5 juillet. Des disciplines ont pourtant débuté leurs épreuves dès le mois de mai, et du 25 janvier au 5 février, Chamonix a accueilli les JO d’hiver.
- « On peut s’étonner qu’on "ouvre" les Jeux alors qu’ils fonctionnent depuis près de six mois », souligne Le Petit Journal la veille de la cérémonie. Celle-ci se tient dans des proportions plus humbles qu’aujourd’hui avec 700 « exécutants ». On retrouve le défilé et le serment olympique mais pas encore la flamme olympique.
- Les Jeux de 1924 ont tout de même innové en instaurant officiellement la devise olympique « Citius, Altius, Fortius » (« plus vite, plus haut, plus fort ») ainsi qu’une levée des drapeaux lors de la cérémonie de clôture, le 27 juillet.
A un an des Jeux olympiques de Paris 2024, 20 Minutes et Retronews, le site de presse de la BNF, vous replongent cent ans en arrière avec les Jeux de 1924. Aujourd’hui, la cérémonie d’ouverture des JO, à l’époque on était loin du faste des 90.000 participants de Pékin 2008, du clin d’œil d’Elizabeth II à Londres 2012 ou de la parade sur la Seine en 2024.
Tous les quatre ans, le monde allume son poste de télévision pour assister au même événement à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Un spectacle inaugural instauré dès les premiers jeux modernes en 1896. Mais, loin du défilé sur la Seine prévu pour le 26 juillet 2024, la cérémonie de Jeux de Paris de 1924, s’est faite dans une relative simplicité, le 5 juillet.
Il faut dire qu’entre les JO d’hiver à Chamonix et des épreuves qui ont commencé dès le mois de mai 1924, les Français sont déjà bien au courant que les Jeux sont en cours. « On peut s’étonner qu’on "ouvre" les Jeux alors qu’ils fonctionnent depuis près de six mois et qu’ils "fermeront" le 27 juillet », souligne Le Petit Journal à la veille de la cérémonie. La publication avance une raison pour ce timing : « Jadis, seules les épreuves athlétiques faisaient partie des Jeux. C’est à la longue que d’autres sports se sont ajoutés à chaque olympiade. Le protocole officiel exige que les Jeux soient terminés en trois semaines. » Pourtant, les Jeux de Paris sont loin du compte, « conséquence du succès ».
Messe olympique
Comme à Londres en 1908 ou Anvers en 1920, la journée de célébration commence par une cérémonie spéciale qui n’existe plus aujourd’hui : une messe, donnée à la cathédrale Notre-Dame de Paris, à 10 heures. « Sous la lumière douce des vitraux, la foule des olympiques se pressait en tenue de ville, décrit L’Echo d’Alger. On voyait réunis dans le sanctuaire des protestants, des bouddhistes, des Sémites, des chrétiens orthodoxes » réunis pour écouter l’orgue et les mots du cardinal Dubois.
Ces jeux sont aussi l’occasion d’invités pléthores d’invités : Les présidents de la République, du Sénat, de la Chambre, les ministres, le président du conseil général de la Seine et celui du conseil municipal de Paris, des maréchaux, des membres des comités olympiques et des fédérations sportives, énumère Le Petit Journal. Mais aussi des officiels étrangers, comme le prince de Galles, le prince Henry d’Angleterre, le prince régent de Roumanie ou encore le shah de Perse.
« Pour l’honneur de nos pays et la gloire du sport »
A partir de 13 heures, les spectateurs étaient cette fois attendus à 11 km de là, au stade de Colombes, « qui semble plutôt être un terrain vague qu’un terrain de sport », rapporte L’Œuvre. A 15 heures, après un premier défilé, Gaston Doumergue, élu président de la République quelques jours plus tôt, « proclame l’ouverture des Jeux olympiques de Paris, célébrant la VIIIe Olympiade de l’ère moderne ». S’ensuit le défilé des délégations, au nombre de 43 cette année-là. Chacune réalise un tour de piste, sous les applaudissements du public. Enfin, au pied de la tribune, l’athlète Géo André, drapeau français à la main, prononce le serment olympique :
« Nous jurons que nous nous présentons aux Jeux olympiques en concurrents loyaux, respectueux des règlements qui les régissent, et désireux d’y participer dans un esprit chevaleresque, pour l’honneur de nos pays et la gloire du sport. » »
Comparée au gigantisme des cérémonies d’ouverture moderne, comme celle de Pékin en 2008 et ses 90.000 participants, celle-ci paraît bien humble. « La cérémonie a été fort émouvante en sa simplicité », résume sobrement le journal Le Radical. Pas de concert de rock comme à Londres en 2012, mais plutôt Le Chœur de Saint-Sébastien de Claude Debussy, la chorale « Les Crick-Siks » de Tourcoing ou les fanfares des régiments d’infanterie. Avant l’arrivée des personnalités officielles, les chœurs chantent aussi Le Triomphe de l’athlète, d’Alexandre Georges. En tout, 700 « exécutants » ont participé à l’animation de cette cérémonie.
Les Jeux olympiques de 1924 étaient le premier à voir des épreuves couvertes par la radio. Mais impossible d’écouter des enregistrements de la cérémonie d’ouverture. L’INA assure que ses archives de la radio ne remontent que jusqu’en 1930. Toutefois, sur YouTube, un utilisateur a mis en ligne des extraits vidéos enregistrés à l’époque et conservés dans les collections Pathé. Même sans le son, on peut y voir le défilé des athlètes ou la prestation de serment dont il est fait mention dans la presse.
Un stade toujours aussi olympique
Pour marquer l’histoire des traditions olympiques, les deuxièmes Jeux de Paris – après ceux de 1900 – sont coincés entre ceux d’Anvers, qui ont codifié beaucoup d’éléments de la cérémonie, et ceux d’Amsterdam. On doit à ces derniers l’une des traditions les plus emblématiques des jeux modernes : la flamme olympique. Les olympiades de 1924 ont tout de même innové en instaurant officiellement la devise olympique « Citius, Altius, Fortius » (« plus vite, plus haut, plus fort ») ainsi qu’une levée des drapeaux lors de la cérémonie de clôture, le 27 juillet.
Quelques jours plus tard, le stade de Colombes accueillera des matchs du tournoi de football ainsi que de rugby à XV. Aujourd’hui, le décor a bien changé. Les immeubles d’habitation ont poussé. Rebaptisée depuis 1928 stade Yves-du-Manoir, l’enceinte sportive n’a pourtant pas tout perdu de son caractère olympique, malgré d’importants travaux. Et en 2024, le drapeau olympique flottera de nouveau sur le stade lors des épreuves de hockey sur gazon.
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