JO 2024 – Handball : « J’étais comme une enfant »… Les Bleues subjuguées par la magie du chaudron de Pierre-Mauroy
Faites du bruit !•Devant 27.000 personnes en transe, les championnes olympiques ont battu l’Allemagne ce mardi (26-23) pour atteindre les demi-finalesNicolas Stival
L'essentiel
- Tenante du titre, la France disputera une nouvelle demi-finale olympique, grâce à sa victoire sur l’Allemagne ce mardi (26-23).
- Pourtant habituées des grands rendez-vous, les Bleues ont été épatées, et portées, par les 27.000 fans présents au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d’Ascq.
- Même le très expérimenté sélectionneur Olivier Krumbholz n’en est pas revenu, et en redemande.
Depuis la machine à décibels de Villeneuve-d’Ascq,
Franchement, on a hésité à écrire cet article. Des papiers ou des reportages télé et radio sur l’ambiance de ces Jeux olympiques, il y en a déjà eu presque autant que de cheveux sur la tête de Marc Cucurella. Et après tout, on avait déjà vécu la première semaine de basket au stade Pierre-Mauroy, avec quelques moments légendaires écrits par les fans des Bleu(e) s mais aussi (surtout ?) des Belges.
Pourtant, les réactions des Françaises du handball et de leur sélectionneur ce mardi, après leur victoire en quart de finale contre l’Allemagne (26-23), ne nous ont pas laissé le choix. Les 27.000 acharnés, moins une poignée de fans venus de Berlin ou de Francfort, ont non seulement fait trembler l’enceinte du Losc, mais aussi fait chavirer le cœur des championnes olympiques. Entendre Olivier Krumbholz, 66 ans et à peu près 125 compétitions internationales derrière lui, s’extasier comme un Swiftie de retour d’un concert de son idole, ça remue quand même pas mal.
« Lors des finales qu’on a faites aux JO ou aux Mondiaux, je crois qu’on a joué une fois devant 15.000 personnes, c’est quand même la moitié d’aujourd’hui, a lâché le mentor des Françaises. L’immense satisfaction, c’est qu’une salle aussi grande soit pleine à craquer. Je m’attendais à ce qu’il y ait du monde, mais je pensais voir des trous à droite et à gauche. Il n’y avait pas un trou, c’était fabuleux. »
Un échauffement salvateur
Cette « ambiance fantastique, de feu et de folie comme on ne pouvait pas en rêver il y a quelques années » (toujours Krumbholz) a bien aidé l’équipe dans les moments de creux. Entre deux « Allez les Bleues » ou « Qui ne saute pas n’est pas Français », un bruit sourd et surpuissant a jailli des poitrines lorsque Tamara Horacek a remis sa formation devant au score, tout juste 10 secondes après l’unique égalisation allemande du match (16-15, 40e).
« Ce n’est pas le nombre mais la sonorisation qui m’a impressionnée », explique l’arrière tricolore, aussi décisive par ses buts (7 sur 9 tirs) que Laura Glauser par ses arrêts (13). Comme ses coéquipières, Horacek est soulagée d’avoir pu s’échauffer sur le terrain principal de l’enceinte nordiste, ce qui n’avait pas été le cas avant la première rencontre de poule contre la Hongrie (31-28) dans le beaucoup plus petit mais tout aussi bouillant Hall 6 de l’Arena Paris-Sud (5.765 spectateurs).
« Si on nous avait juste mis là pour la présentation des équipes, on aurait pris peur », rigole la maître à jouer de l’équipe de France.
Comme on veut vous faire partager le bonheur des Bleues d’avoir évolué devant la plus belle assistance de leur carrière, on vous livre quelques déclas comme ça, sans les enrober de mots inutiles.
- Laura Flippes : « C’est… waouh… C’est vraiment impressionnant et ça fait vraiment plaisir qu’il y ait autant de monde pour du hand féminin. On se bat pour ça depuis des années et franchement, ça fait chaud au cœur. »
- Laura Glauser : « C’était cool, je ne sais pas comment le décrire. Incroyable, c’était incroyable. J’aime bien quand il y a du monde, mais quand je suis arrivée, j’étais comme une enfant. J’ai fait « waouh ». Je ne m’attendais pas à ça. 27.000 personnes… On n’a jamais joué dans une salle comme ça. Et quand tout le monde a chanté la Marseillaise… Je suis très émotive en ce moment mais c’était incroyable. Ça nous pousse à nous transcender, si on arrive à le prendre dans le bon sens. On peut vraiment s’amuser avec le public car il répond, c’est incroyable. »
- Xenia Smits (oui, on a aussi interrogé une adversaire, il n’y a pas de raison) : « C’est une super publicité pour le hand féminin. Remplir une salle comme ça, c’est extraordinaire. L’organisation peut vraiment être fière. Il n’y a pas beaucoup de joueuses qui ont joué dans une telle salle. »
Et comme elles ont bien travaillé face à des Allemandes bien plus coriaces que leur premier tour (un succès, quatre défaites) et leur inexpérience (premiers JO depuis Pékin 2008) ne le laissaient présager, les Françaises ont gagné le ponpon : le droit de disputer deux matchs supplémentaires dans le formidable outil de la banlieue lilloise.
Au tour des garçons de se laisser porter
« J’aurais été très déçu de ne pas encore rejouer ce week-end dans une telle ambiance », souffle d’ailleurs Krumbholz. Quel que soit le résultat jeudi face à la Suède ou la Hongrie, son équipe disputera une finale samedi, plutôt pour l’or que pour le bronze, si possible.
Rendez-vous est déjà pris. « Le public fait l’événement, il n’y a pas que les sportifs, reprend le sélectionneur, décidément intarissable sur le sujet. Il vient, il fait la fête, il veut profiter au maximum, d’autant que les places ne sont pas données. C’est une immense consécration pour le handball français. Cela montre que le hand a une place de choix aux Jeux olympiques et dans le cœur des Français. »
Au tour des hommes de Guillaume Gille, si fébriles en phase de groupes, de se laisser emporter par la foule mercredi, toujours contre l’Allemagne.
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