Les Bleus ont activé « le plan B » et veulent croire que ça va sourire

JO 2024 – Handball : Les Bleus ont activé « le plan B » et veulent croire que ça va sourire

survieAprès un début de compétition à l’envers, les handballeurs français ont remporté leur première victoire face à l’Argentine, ce vendredi
Nicolas Camus

Nicolas Camus

L'essentiel

  • L’équipe de France de hand a enfin remporté son premier match dans ces JO de Paris, en battant assez facilement l’Argentine vendredi (28-21).
  • Elle va désormais jouer sa qualification pour les quarts de finale dimanche, face à la Hongrie.
  • « Tout va bien, le plan B est en marche », en sourit Nikola Karabatic, conscient que ce début de compétition n’est pas celui espéré mais aussi que ça n’a rien d’une fatalité.

A Porte de Versailles,

La petite flamme sauvée par miracle du déluge à la dernière seconde face à l’Egypte n’est pas éteinte. Elle a même repris un peu de vigueur, ce vendredi midi, pour l’équipe de France de hand. Les Bleus ont enfin décroché leur première victoire dans ces Jeux olympiques face à l’Argentine (28-21), et s’il y a encore bien des choses à revoir, l’essentiel est conservé. Ils ont leur destin en main et joueront leur qualification pour les quarts de finale lors d’un match couperet face à la Hongrie, dimanche, où un match nul pourrait même suffire.

« On a lancé la machine et j’espère qu’elle ne s’arrêtera plus »

Mais il ne sera pas question de calcul. « Non non, on ne va pas commencer à se poser ce genre de question, prévient déjà Luka Karabatic. On veut juste tout donner et aller chercher la victoire. » Le capitaine était soulagé à la fin de la rencontre. Il a senti contre les Argentins une vibration qui lui rappelle de bons souvenirs. « Ce qui fait notre force, l’état d’esprit, la combativité, étaient là, décrit-il. On a lancé la machine et j’espère qu’elle ne s’arrêtera plus. »

Il n’est pas le seul. C’est un tout un pays qui était groggy par ce début de tournoi à l’envers, tellement éloigné de ce qu’on a l’habitude de voir de la part des champions olympiques en titre. Le sélectionneur Guillaume Gille concède « de la tension et de l’incrédulité » au sein du groupe, ces derniers jours, avec ce contexte particulier des JO à la maison et « des attentes très fortes qui ont pesé certainement sur notre début de compétition ».

Les missiles longue distance envoyés par Elohim Prandi ont fait du bien en seconde période.
Les missiles longue distance envoyés par Elohim Prandi ont fait du bien en seconde période.  - Aris Messinis

Alors face aux Argentins, les Bleus avaient bien l’intention de lâcher les chevaux, de faire un match plein pour se libérer définitivement. Ça s’est particulièrement ressenti dans un début de rencontre qui a tourné à la démonstration, avec Vincent Gérard en mode muraille dans le but (sept arrêts d’affilée) et des contre-attaques efficaces assassines conclues par Descat ou Fabregas.

Les Bleus du hand dos au mur = miam miam (en général)

A 7-0 à la 10e minute, tout le monde respirait déjà mieux et la suite du match a été bien maîtrisée, même si on aurait aimé voir un peu plus de progrès dans l’expression offensive, secteur où les Français ont été méconnaissables sur leurs premières sorties. Il y a encore eu pas mal de déchet en seconde période, et notamment ces huit longues minutes sans réussir à marquer. « Il y a des petits malentendus, un manque de précision, et parfois on pêche au shoot aussi, relève Descat. Mais le plus important est qu’on a réussi à repartir, et qu’on monte en puissance. »

« Toute l’équipe a été mieux aujourd’hui, embraye Nicolas Tournat. Dans la mobilité, la solidarité, on a monté les curseurs. Maintenant y’a plus qu’à, il faut monter, monter, monter. De toute façon il n’y a plus le choix. » C’est sûr, tous les jokers ont été brûlés. La compétition à la vie à la mort démarre un peu plus tôt que ce que les Bleus avaient prévu, mais maintenant qu’ils en sont là, ça ne sert plus à rien de regarder en arrière. « On sait que bien on joue notre vie à chaque match, mais dans l’histoire de l’équipe de France de hand, c’est une situation qui a plutôt convenu, rappelle Rémi Desbonnet, sourire en coin. A nous de faire perdurer cette belle histoire. »

Nikola Karabatic pourrait écrire un bouquin là-dessus. Une encyclopédie, même. La légende toujours galopante a eu un rôle important à jouer ces derniers jours pour éviter que ça parte dans tous les sens au sein du groupe. L’attitude de ses petits camarades en retour lui a plu. « Après un début de tournoi si compliqué, ça peut imploser, commencer à se chercher des excuses, sait-il. Mais on ne l’a pas fait. Et même encore aujourd’hui, quand ça n’allait pas trop dans notre sens on s’est battu, on a continué. Je suis très fier de ça. »

Pour ses sixièmes et derniers JO, le tout frais quadra reste convaincu que l’aventure peut être une nouvelle fois merveilleuse. « Je l’ai dit aux gars, une équipe dans la merde jusqu’au cou mais qui garde le sourire, elle est dangereuse », poursuit-il. Il se rappelle de compétitions où ça avait démarré à l’envers avant de totalement tourner.

NOTRE DOSSIER JO PARIS 2024

Il y a peut-être une part d’auto-persuasion dans tout ça, mais pour l’instant, on n’a pas d’autre choix que d’acheter. Rendez-vous est pris dimanche, et on saura alors si les Bleus peuvent prendre leur billet pour Lille ou pour les vacances. Dans des Jeux à la maison extraordinaires pour la délégation française, voir cette équipe au palmarès si prodigieux (triple championne olympique, sextuple championne du monde, quadruple championne d’Europe) ne pas participer à la fête serait un crève-cœur. Avant de s’éclipser, Niko Karabatic nous rassure comme il peut. « Tout va bien, le plan B est en marche », dit le colosse en souriant. Pourvu qu’il fonctionne, parce que le C n’existe pas.