Au Parc OL,

Ce n’est pas chaque semaine qu’un club français s’offre un champion d’Europe en titre. OK, on ne parle ici « que » du vainqueur de la Ligue Europa Conférence, mais notre football ne peut prendre personne de haut, au vu de son triste palmarès (deux Coupes d’Europe) remontant aux années 1990.

Donc oui, voir l’Olympique Lyonnais l’emporter de manière incontestable l’Olympiakos (2-0) est une performance, surtout lorsqu’il s’agit de son premier match européen depuis deux ans et demi, dans un Parc OL sanctionné d’un huis clos partiel, quatre jours après un Olympico à l’issue désastreuse pour les joueurs de Pierre Sage (2-3).

« C'était une grosse désillusion dimanche et on était vraiment remontés pour gagner ce match-là », a résumé sur Canal + Rayan Cherki, qui enchaîne buts et interviews tranchantes auprès des diffuseurs depuis sa prolongation de contrat la semaine passée. Une fois de plus largué après cinq journées de Ligue 1 (14e avec 4 points sur 15), l’OL a su rebondir, et pas uniquement grâce à une bascule tactique du 3-5-2 au 4-2-3-1, à un pressing d’emblée cohérent, et à une efficacité enfin clinique en six minutes (de la 65e à la 71e).

L’effectif pléthorique, une chance ou un casse-tête ?

« On avait encore la défaite contre Marseille en travers de la gorge, insiste le polyvalent défenseur Clinton Mata. En tant que footballeurs professionnels et en tant qu’hommes, on doit avoir cette fierté-là pour être revanchards. C’est ce qu’on a montré aujourd’hui : on n’a pas laissé beaucoup d’espoirs à l’adversaire. C’est un match plein qui nous redonne de la confiance. » Ça tombe bien, le calendrier du club lyonnais en octobre peut lui permettre d’envisager lancer une remontada avec plusieurs mois d’avance par rapport au miracle de la saison 2023-2024.

Toulouse, Glasgow Rangers, Nantes, Le Havre, Besiktas et Auxerre ne sont en effet pas des ténors de L1 et de C3. C’est pourquoi l’OL se doit de vite enchaîner les succès, aidé par une profondeur d’effectif colossale sur le plan offensif. Les valeurs sûres attendues, Alexandre Lacazette et Georges Mikautadze, sont à zéro but depuis cet été ?

Aucun souci, ou presque : Rayan Cherki en est donc à deux buts en deux apparitions, tandis que Saïd Benrahma a conforté le succès lyonnais contre l’Olympiakos (2-0, 71e) après trois matchs sans entrer en jeu. Quant à Wilfried Zaha, il s’est offert jeudi une passe décisive pour son premier match sous le maillot lyonnais. Comme quoi compter dans ses rangs huit talents offensifs ne peut pas être résumé qu’à un énorme casse-tête pour Pierre Sage, n’est-ce pas coach ?

« Une saison est très longue. Chacun d’entre eux va avoir un rôle à jouer à un moment donné, et peut-être manger son pain noir durant une période. Pour Saïd, c’est la meilleure des réponses et j’espère que ça lui apportera des perspectives. C’est important qu’ils gardent en tête le travail, l’espoir et la volonté de jouer. Pour être compétitifs dans nos trois compétitions, on a besoin de pouvoir aligner des joueurs frais. C’est très important pour nous d’avoir un effectif large. »

« On aurait pu replonger dans le schéma de Marseille »

Avec à présent 100 matchs européens au compteur, Nemanja Matic valide la théorie du déclic : « C’était bien entendu un moment difficile après Marseille mais on a montré en Ligue Europa qu’on a su relever la tête ». Qualifié de « bon remède » par Pierre Sage, ce succès initial en Ligue Europa avec de la marge, une rareté voire une anomalie pour cet OL, s’est subitement fragilisé en fin de match jeudi. Sur un centre a priori anodin, Duje Caleta-Car a trouvé le moyen de placer sa tête en pleine lucarne… de Lucas Perri (88e) !

Sauf que le VAR a sauvé l’OL en signalant un très léger hors-jeu du centreur Willian au départ. Pierre Sage constate : « Sur une situation où il n’y a rien, où on protège un ballon alors qu’il y a deux joueurs hors-jeu, on aurait pu replonger dans le schéma de la fin du match contre Marseille ». Et ça, comme le hurlait la saison passée l’ambianceur du vestiaire lyonnais Saël Kumbedi, « ils sont pas prêts, ils sont pas prêts ».