OM-Atalanta Bergame : « J'ai cru qu'on allait le perdre », la revanche de Balerdi et de ceux qui ont toujours cru en lui
FOOTBALL•Le défenseur Leo Balerdi, sera l’élément central de la défense de l’Olympique de Marseille pour la demi-finale contre l’Atalanta ce jeudi soir (21 heures)Adrien Max
L'essentiel
- L’Olympique de Marseille accueille l’Atalanta Bergame ce jeudi soir (21 heures) au stade Vélodrome en demi-finale aller de Ligue Europa.
- Leo Balerdi sera l’élément central de la défense de l’OM, lui qui s’est imposé cette saison après des mois de doutes depuis son arrivée à Marseille.
- Pourtant certains ont toujours cru en lui, même lorsqu’il enchaînait les boulettes et les cartons.
Désolé, il est trop tard pour monter. Le train « Leo Balerdi » est désormais complet à quelques heures de la demi-finale aller de Ligue Europa entre l’Olympique de Marseille et l’Atalanta Bergame ce jeudi soir (21 heures). « Il n’y a plus de place, les derniers arrivés sont montés juste avant les tirs au but contre Benfica », prévient Constant Wicherek. Cet ancien journaliste de Foot Mercato a pris les commandes de la locomotive depuis le prêt à l’OM du défenseur argentin en provenance du Borussia Dortmund à l’été 2020.
Quatre années à conduire un train dépeuplé, entre fautes grossières, cartons rouges, sorties prématurées sous les sifflets et buts encaissés. Mais cette saison de Leo Balerdi lui donne enfin raison, au point de voir les voyageurs composter leur billet à la hâte ces dernières semaines. « Ses prestations sont enfin au niveau de ce qu’on attend de lui. Il s’est affirmé parce qu’il a grandi, qu’il joue dans une charnière centrale stable, qu’il a pris en assurance et en maturité. Il y a six mois tout le monde voulait le voir partir, et aujourd’hui tout le monde serait triste s’il venait à quitter l’OM », résume le journaliste, depuis reconverti dans la communication.
« Il va devenir un grand défenseur »
Titularisé à 36 reprises sur 47 matchs disputés par l’Olympique de Marseille, Leo Balerdi devance ses deux autres compères de défense, Chancel Mbemba (2.984 minutes) et Samuel Gigot (2.595) en termes de temps passé sur le terrain, avec 3.211 minutes. Pour le plus grand plaisir de Diego Mazzilli, le recruteur qui l’avait fait venir à Boca Junior, son club formateur.
« Le fait d’enchaîner les minutes avec le soutien de son entraîneur, et de ses coéquipiers, lui fait du bien. Il est bien entouré et ressent aussi la ferveur des supporteurs. Etre un élément de base de l’équipe le rend plus grand et lui donne confiance. C’est un footballeur très intelligent, il a cru en lui et s’est amélioré de jour en jour face à l’adversité pour devenir très fort. Il a fait preuve de beaucoup de courage. » »
Une régularité enfin trouvée, dans une saison qui n’est pourtant pas de tout repos, avec trois entraîneurs différents. Qui à chaque fois lui ont fait confiance, à l’image de Jean-Louis Gasset : « Balerdi a tout ce qu’il faut. Il doit encore progresser sur des petits détails, on travaille sur des millimètres avec lui. Mais dans l’état d’esprit, le don de soi… Il a tout ce qu’il faut et il va devenir un grand défenseur », expliquait le technicien marseillais avant la double confrontation contre le Benfica Lisbonne.
Presque facile de lui prédire un grand avenir en voyant la saison qu’il réalise avec l’Olympique de Marseille et l’importance qu’il prend dans la défense. Mais un autre technicien avait fait le même pari, beaucoup plus tôt : André Villas-Boas, qui l’avait fait venir en prêt du Borussia Dortmund à l’été 2020, lorsqu’il ne jouait quasiment pas en Rhénanie du Nord Westphalie : « Je pense que Balerdi deviendra un des meilleurs défenseurs centraux d’Europe dans les années à venir, parce qu’il a toutes les qualités, et petit à petit il va s’affirmer avec nous », pariait le désormais président du FC Porto, en octobre 2020.
Une prédiction partagée avec Loulou, abonné du virage sud depuis plusieurs saisons. « Ça fait des années qu’on me prend pour un pitre, et qu’on se moque, quand je dis que Balerdi sera un grand défenseur dans un top club dans quelques années », explique-t-il, un peu revanchard.
Après Annecy, « je me suis dit qu’on allait le perdre »
Mais de son propre aveu, même lui s’est mis à douter de son petit protégé. C’était un soir de mars 2023 et la terrible désillusion de l’élimination en Coupe de France par Annecy, après le dernier tir au but manqué par Balerdi : « Je me suis vraiment dit que c’était celle de trop. Ce n’est pas la plus grosse erreur qu’il a commise, il était tout tremblant et pas très bon. Mais qu’est-ce qu’il se prend sur la gueule à ce moment-là ! Là je me suis dit qu’on allait le perdre. »
Un tir au but raté, ça arrive. Mais Balerdi n’est jamais épargné depuis ses (trop) nombreuses erreurs de jeunesse. Comme lorsque André Villas Boas l’a sorti du groupe après son carton rouge et un penalty offert au FC Porto (défaite 3-0), lors de la phase de groupe de Ligue des champions en 2020/2021. Ou quand il s’est fait sortir dès la 28e minute du match contre Lille par Igor Tudor lors de la saison 2022/2023. Et quinze jours après la déception d’Annecy, Leo Balerdi était expulsé sous les sifflets du Vélodrome après moins d’une demi-heure jouée contre Strasbourg.
Au point de voir un pseudo-supporteur entamer une grève de la faim devant la commanderie pour réclamer son départ. « Je suis habitué aux sifflets. Quand ils viennent des fans adverses, cela fait partie de ton travail. Mais ils te touchent vraiment quand ils viennent de tes propres supporteurs. Ce sont de sales instants, je travaille pour que cela n’arrive plus. Mais je suis content d’être passé par ces moments, je pense que ça m’a beaucoup aidé sur et en dehors du terrain », confiait Balerdi à La Provence en début de saison.
Le mental
Malgré ces moments difficiles et de doutes, l’Argentin désormais âgé de 25 ans, ne s’est jamais caché dans un contexte pourtant aussi brûlant que celui de Marseille. Que ce soit sur le collectif, sans jamais sécher la zone mixte quand beaucoup de joueurs ont préféré l’esquiver dans cette difficile saison. Ou sur ses erreurs individuelles, dans des interviews. Un trait de caractère qu’il a depuis toujours, ou presque, comme le rappelle celui qui l’a repéré à l’âge de 13 ans au milieu de 500 autres gamins du côté de Villa Mercedes, sa ville natale en Argentine. « Je n’ai pas compris les critiques, même si cela arrive dans le football mondial. De nombreuses idoles ont été critiquées à un moment donné. Mais Leo est un garçon très fort mentalement qui, dans l’adversité, fait ressortir ce petit plus dont il a besoin ».
Libero plus que stoppeur
Surtout, Leo Balerdi ne ressemble à aucun autre défenseur récent de l’Olympique de Marseille comme Nkoulou, Rami, Caleta Carr ou Mbemba, qui sont davantage des stoppeurs, quand Balerdi se range dans la catégorie du libero. Un peu dans le style de Laurent Blanc. Des qualités qu’il a héritées de son rôle de milieu de terrain, avant d’être reculé d’un cran. Là aussi sans que ce ne soit évident.
« Il est arrivé à Boca dans la catégorie des 1999 qui était très forte. Chaque jour il a montré un niveau plus élevé et une croissance constante. Puis est venu le changement de poste, et il ne voulait rien savoir du passage de milieu de terrain à défenseur central. Mais il était intelligent et m’a écouté. Il a surmonté ce déni qu’il avait, et une fois qu’il a intégré ce changement, il est devenu l’un des meilleurs footballeurs que j’ai vu dans les divisions de jeunes du club, jouant déjà dans la réserve. A partir de ce moment, les gens sont venus le voir, puis ses débuts en équipe première ont eu lieu immédiatement », relate Diego Mazzalli, qui est toujours en contact avec son petit protégé.
Balerdi a désormais le choix
Si son départ d’Argentine a été un peu précipité, « une décision difficile », alors qu’il n’avait disputé que cinq matchs avec l’équipe première de Boca Junior avant de débarquer à Dortmund, et son intégration en Allemagne, compliquée, Leo Balerdi s’impose enfin en Europe, à Marseille. « Maintenant je réalise qu’à Marseille, ils l’aiment beaucoup. Cela me rend très heureux, c’est bien mérité de ne jamais abandonner », savoure celui qui l’a lancé.
Mérité, comme le fait d’avoir désormais le choix. Celui de s’inscrire dans la durée avec l’OM alors que Longoria lui a proposé une augmentation salariale pour en faire le cœur du projet marseillais, selon l’Equipe. Ou de filer vers un gros club européen, l’Atlético de Madrid par exemple, qui a tenté de le recruter lors du dernier mercato hivernal. Recruté définitivement autour des 10 millions à l’été 2021, Leo Balerdi pourrait quitter le club cet été, lui qui a une valeur marchande évaluée autour des 30 millions d’euros. « Moi j’aimerais qu’il reste encore un an. Il a toujours fermé sa gueule, a toujours été dans un très bon état d’esprit donc j’espère que le stade lui fera un beau cadeau avant son départ », espère Loulou. Et lui, leur offrir une finale de Ligue Europa.