Pourquoi la méthode Michele Kang a-t-elle si vite séduit l’OL féminin ?

OL-FC Barcelone : « Une nouvelle vision du sport féminin »… L’Américaine Michele Kang a vite été adoptée à Lyon

FOOTBALLLa nouvelle propriétaire de la section féminine de l’Olympique Lyonnais ne manque pas d’ambition pour son club, qui va tenter de conquérir ce samedi (18 heures) sa neuvième Ligue des champions contre le Barça
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • L’Olympique Lyonnais défie ce samedi (18 heures à Bilbao) le FC Barcelone, en rêvant de soulever la 9e Ligue des champions féminine de son histoire.
  • Le départ de Jean-Michel Aulas de l’OL il y a un an a entraîné une nouvelle ère du côté de la section féminine, avec la femme d’affaires américaine Michele Kang à sa tête.
  • Egalement propriétaire de la franchise US du Washington Spirit, la nouvelle boss de l’OL féminin a su vite convaincre les joueuses, notamment en étoffant leur staff.

En six semaines d’un printemps 2023 compliqué, l’OL féminin avait à la fois connu une (rare) sortie de route dès les quarts de finale de la Ligue des champions, avant de voir son bâtisseur historique Jean-Michel Aulas être évincé par John Textor. Un double coup d’arrêt brutal à même de mettre un terme à la dynastie lyonnaise, marquée par huit Coupes d’Europe remportées depuis 2011 ? Un an plus tard, le retour de l’OL en finale de cette C1, ce samedi (18 heures) à Bilbao contre le FC Barcelone, a de fait levé tous les doutes.

Championne de France pour la 17e fois la semaine passée (2-1 face au PSG) malgré un format de play-offs ne faisant pas ses affaires, la bande à Wendie Renard est plus que jamais ambitieuse. A quel point cette énième période dorée de l’OL féminin est-elle liée à sa nouvelle boss Michele Kang ? Officiellement propriétaire de la section féminine du club depuis le 8 février, la femme d’affaires américaine de 64 ans était dans les faits déjà à la tête du projet lyonnais depuis le 16 mai 2023, lorsque l’OL Groupe de John Textor avait officialisé le changement de pavillon.

Un staff étoffé de 18 à 26 personnes en un an

Egalement propriétaire depuis 2022 de la franchise US du Washington Spirit et désormais des London City Lionesses (D2 anglaise), elle vise « une structure multiclubs » (tiens, tiens), et elle a su vite rassurer les joueuses lyonnaises quant à l’évolution de leur club. « Elle est arrivée dans la continuité du président Aulas, avec de très grandes ambitions, confie ainsi l’internationale tricolore Amel Majri. Elle met la barre très haut pour le développement du football féminin. » Concrètement, Michele Kang a tenu à « élargir le staff » autour de l’équipe féminine. L’OL est ainsi passé de 18 personnes en fin de saison dernière à 26 à temps plein aujourd’hui, avec comme directeur général Vincent Ponsot, ex-bras droit de JMA.

Le tout avec plusieurs profils étrangers installés comme l’Anglais Jack Sharkey, nommé directeur de la performance et de l’innovation, nouveau pôle clé à l’OL avec 13 personnes. Parmi les nouveautés, les joueuses de Sonia Bompastor comptent à présent une nutritionniste-diététicienne à plein temps, alors que la précédente travaillait à la fois pour les sections masculine et féminine du club. Un responsable des préparateurs athlétiques est également arrivé, et rien n’est laissé au hasard auprès des joueuses, y compris hors des terrains.

Michele Kang a reçu le trophée de championne de France, le 17 mai, de la part de Jean-Michel Aulas, emblématique bâtisseur de la section féminine de l'OL et désormais président de la nouvelle Ligue féminine de football professionnelle.
Michele Kang a reçu le trophée de championne de France, le 17 mai, de la part de Jean-Michel Aulas, emblématique bâtisseur de la section féminine de l'OL et désormais président de la nouvelle Ligue féminine de football professionnelle. - ALLILI MOURAD/SIPA

« On a voulu copier les garçons »

« On a une bague connectée pour mesurer notre sommeil, indique Selma Bacha. Il y a des aménagements possibles désormais : Jack Sharkey décide si on est trop fatiguée ou pas, et on voit qu’il n’y a pas eu trop de blessures musculaires cette saison. » Sonia Bompastor assurait même le mois dernier dans Le Progrès : « Je suis persuadée que l’on aurait eu un taux de blessures beaucoup plus important sans cette organisation ». La méthode Michele Kang plaît à Lyon, notamment car elle bouscule les standards du football féminin en France, comme le remarque l'attaquante de l'OL et des Bleues Eugénie Le Sommer.

« Au-delà de nouvelles compétences dans le staff, elle a amené une nouvelle vision du sport féminin. Elle tient beaucoup à entraîner les filles avec leurs spécificités. Ce n’est que le début et tout n’est pas encore perceptible, mais elle met en place des recherches de ce côté-là. Elle m’a fait m’interroger et m’ouvrir sur un point, et elle a raison : on s’entraîne comme si on était des garçons et personne ne s’est jamais posé la question de savoir si c’était une bonne chose. On a voulu copier les garçons alors qu’il y a des choses qui sont spécifiques aux femmes. »

Eugénie Le Sommer

Présente en moyenne une semaine par mois à Lyon, et de tous les déplacements en Ligue des champions, la fondatrice de la société de technologie médicale Cognosante s’attaque parallèlement à un double dossier costaud. Elle souhaite qu’un centre d’entraînement soit dédié à son équipe, ce que ne permet pas le Groupama OL Training Center de Décines partagé avec les hommes.

Michele Kang veut également un nouveau stade. Car l’OL féminin n’a pas de possibilité intermédiaire entre la faible capacité du terrain du centre d’entraînement (1.500 places et une seule tribune) et l’immense Parc OL et ses 59.000 places. Des discussions sont menées dans ce sens avec la Ville de Lyon, la Métropole ainsi que des propriétaires de terrains. La principale perspective se trouve être le Matmut Stadium de Gerland, où évolue depuis sept ans le LOU Rugby.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

« La faim de la gagne se transmet sans parler »

« J’aimerais bien voir ce que ça va donner dans les prochaines années, explique Amel Majri. Michele Kang veut un stade avec 20.000 ou 30.000 spectateurs, et c’est ce qui nous manque dans le foot féminin. Elle tape du poing quand elle veut quelque chose, c’est la cheffe et on est contentes et sereines de marcher derrière elle. Elle fait tout pour permettre au foot féminin de prendre de l’ampleur, d’exploser en France, avec des idées à l’échelle de l’Angleterre ou de l’Espagne. Et on voit que des joueuses veulent venir à Lyon. »

De même, Ada Hegerberg a prolongé il y a un mois son contrat avec l’OL jusqu’en 2027. « Michele Kang n’est pas là au quotidien mais elle est au courant de tout ce qui se passe au club, résume Eugénie Le Sommer. Elle se soucie beaucoup des joueuses, elle essaie de tout mettre en place pour qu’on soit dans les meilleures conditions, au-delà même du terrain, pour être les plus performantes possibles. »

NOTRE DOSSIER SUR L'OL FEMININ

L’ultime validation de cette année une de l’ère Michele Kang pourrait avoir lieu ce samedi à San Mamés. Avec en atout phare, pour défier un Barça tenant du titre, cette culture de la gagne qui ne date pas d’hier. « Quand tu signes à l’OL, tu viens pour prendre tous les trophées que tu peux, c’est juste la faim de la gagne, martèle Selma Bacha. On se transmet ça sans avoir besoin d’en parler, rien que dans la qualité de nos entraînements. » Un ADN qui n’est pas pour déplaire à la nouvelle propriétaire du club.