Monaco-PSG : « Il faut protéger les joueurs »… L’affaire Donnarumma-Singo pointe « le manque de cohérence » de l’arbitre
POLEMIQUE ARBITRALE•La décision de François Letexier de ne pas exclure Wilfried Singo, auteur d’une semelle très dangereuse sur le visage de Gianluigi Donnarumma lors du choc de Ligue 1 ASM-PSG (2-4), surprend le football français, surtout après sa gestion de OM-PSGJérémy Laugier
L'essentiel
- Le gardien du Paris Saint-Germain Gianluigi Donnarumma a subi une grave blessure au visage lors du match de Ligue 1 mercredi à Monaco (2-4), après avoir reçu un coup de pied de Wilfried Singo dès la 17e minute de jeu.
- Si le défenseur ivoirien de l’ASM s’est vite excusé sur Instagram, regrettant un geste « évidemment pas volontaire », sa non-expulsion reste mystérieuse, alors que le gardien italien, victime d’un « traumatisme facial avec de multiples plaies », a dû céder sa place dans la foulée.
- La décision de François Letexier de ne pas exclure Wilfried Singo suscite encore la controverse ce jeudi matin, d’autant qu’il avait pris la décision inverse il y a moins de deux mois à l’encontre du Marseillais Amine Harit, dans une situation relativement comparable lors du Classique OM-PSG (0-3).
La spectaculaire blessure de Gianluigi Donnarumma, victime mercredi à Monaco d’un « traumatisme facial avec de multiples plaies », qui lui a valu de se faire poser dix agrafes au niveau de la joue droite, n’a pas fini de faire réagir tout le football français. Après avoir reçu le pied droit de Wilfried Singo en plein visage (17e), le gardien de but italien a dû quitter ses partenaires dès la 22e minute de ce choc de Ligue 1 remporté par le PSG (2-4).
Le défenseur ivoirien de l’AS Monaco est allé s'excuser auprès de sa victime du soir à Louis-II, avant de vite publier une story Instagram après la rencontre pour revenir sur cette situation controversée : « Je tiens à présenter mes excuses à Gianluigi Donnarumma. Mon geste n’était évidemment pas volontaire, mais j’ai pu constater par la suite qu’il avait une blessure importante au visage. Je te souhaite un bon rétablissement ».
« L’image fait peur »
Un mystère a immédiatement entouré ce fait de jeu : pourquoi Wilfried Singo, déjà sanctionné d’un carton jaune (13e), n’a-t-il pas été expulsé par François Letexier, via un deuxième avertissement ou même un rouge direct ? Si Luis Enrique s’est montré très mesuré sur la polémique arbitrale du soir, ses joueurs avaient un avis bien plus tranché.
« Je ne sais pas si l’arbitre était mal placé, mais il fallait qu’il soit appelé par le VAR, a ainsi regretté le capitaine parisien Marquinhos. il faut protéger les joueurs. L’image fait peur, et dans une situation comme celle-ci, ne pas mettre rouge, c’est fort. »
« Ce soir, Donnarumma n’a pas été protégé »
Même son de cloche chez Gonçalo Ramos : « Je pense que tout le monde a vu son visage. Je ne sais pas comment ce n’est pas un carton rouge. Les arbitres sont venus nous voir en début de saison pour nous dire qu’ils allaient nous protéger, et ce soir, Donnarumma n’a pas été protégé ». Une décision d’autant plus étonnante de la part de François Letexier qu’il avait agi de manière totalement inversée, dans une situation comparable, lors du Classique OM-PSG (0-3) du 27 octobre.
Une semelle non maîtrisée d’Amine Harit sur le torse de Marquinhos avait valu au meneur de jeu marseillais une expulsion directe, dès la 20e minute de jeu, et malgré des conséquences physiques bien moins graves pour le Brésilien du PSG, qui avait pu disputer l’intégralité de la rencontre.
A l’époque, l’arbitre s’était justifié ainsi : « Dès le départ, j’ai le sentiment que ce geste-là met en danger l’intégrité physique de son adversaire. Ensuite, je prends le temps de la réflexion, et très rapidement Marquinhos enlève son tee-shirt et je vois la trace des crampons au niveau de son sternum. Ces deux éléments-là me décident à exclure monsieur Harit ».
Quid des arbitres chargés du VAR ?
Quitte à risquer de ruiner le suspense d’un tel choc donc, ce qui lui a longtemps été reproché dès le soir même, contrairement à sa décision mercredi à Monaco. Wilfried Singo avait pourtant déjà un carton jaune et le visage en sang de Donnarumma était bien plus impressionnant que la trace de crampons sur le torse de Marquinhos à Marseille. « Si les considérations techniques doivent m’amener à prendre une décision forte et courageuse à la 20e minute d’un match, je me dois de le faire », ajoutait à Marseille François Letexier, qui n’a cette fois pas souhaité s’exprimer auprès du diffuseur après ASM-PSG.
Ces deux situations comparables aux conséquences opposées, de la part du même arbitre et à moins de deux mois d’intervalle, laissent circonspect l’ancien arbitre international Saïd Ennjimi. Pour L’Equipe, celui-ci regrette « un manque de cohérence » : « Pour moi, ça vaut rouge direct. Singo, comme Harit, ne voulait sans doute pas faire mal mais son pied s’est trouvé là où il ne devait pas se trouver. Pourquoi les arbitres du VAR, qui étaient intervenus contre Harit, ne viennent-ils pas aider M. Letexier là ? »
Notre dossier sur la Ligue 1Même le gardien lillois Lucas Chevalier a tenu à réagir sur ses réseaux sociaux en s’interrogeant face à l’image du choc Singo-Donnarumma : « Pas de rouge ? » Ce jeudi matin, alors que l’international italien « passera des examens médicaux » dans la journée et qu’il « devra rester inactif pendant plusieurs jours », la question reste entière.